Le groove d’un conseiller municipal

Au quotidien, Dany Carpentier accomplit des tâches essentiellement cérébrales, que ce soit dans son rôle de conseiller municipal du district de La-Vérendrye ou dans ses multiples implications. Dans ses temps libres, il a donc besoin de compenser en laissant aller sa créativité. Résultat: il a lancé, la semaine dernière, son deuxième album en carrière, intitulé Groove, devoirs et leçons.

Le conseiller municipal avait déjà lancé un premier album en 2012 sous le nom de Naïd, mais cette fois-ci, il a surtout voulu se plaire à lui-même plutôt que d’opter pour le style d’un autre ou un style qui lui colle moins à la peau.

À l’image du premier extrait Frais et disco dévoilé il y a quelques semaines, l’album Groove, devoirs et leçons propose un rap empreint d’une musique énergisante, teintée de différentes influences et aux accents funk.

«Le rap cyclique est bon aussi, mais quand on commence à écouter du rap, on écoute beaucoup plus la musique avant d’écouter les paroles. C’est la manière d’entrer en contact. Après, les gens vont s’intéresser plus aux textes. Je voulais une musique plus riche, plus aérée, sans faire de concession sur la qualité de la plume», explique Dany Carpentier.

«Je voulais essayer d’atteindre un niveau que je n’ai jamais fait pour voir où ça allait me mener. Je voulais que les gens soient énergisés en écoutant l’album», poursuit-il.

II s’est aussi bien entouré pour créer ce deuxième opus. Igor Bartula a contribué à la composition musicale en y apportant sa touche d’éclectisme, tandis que Grégoire Brière a aidé à l’arrangement des chansons et a amené une certaine direction musicale à l’album.

«On a aussi fait appel à DJ Horg [du duo Seba et Horg] pour faire le scratch sur des pièces. Ça a donné un résultat impeccable qui s’inscrit bien avec la musique. Julie Hamelin a aussi collaboré à l’album avec tout son professionnalisme», ajoute Dany Carpentier.

En toute liberté

Pour concevoir l’album, Dany Carpentier est allé piger dans certains textes qu’il avait déjà écrits et qu’il conservait précieusement et a créé du nouveau matériel.

Les 12 pièces originales de l’album font d’ailleurs découvrir les différentes facettes de sa personnalité, qu’il s’agisse de cette attitude joviale qu’il aime bien conserver (Frais et disco), d’un regard sur la parentalité (Sorcière)  ou encore l’appel à une prise de conscience collective livré à la manière d’un discours à la nation (Capitaine).

Il s’offre également une chanson plus politique, Où va mon Québec? sur cette impression que les politiciens sont pris dans un moule et qu’ils ne veulent pas s’ouvrir aux citoyens, sur ce lien de proximité qui peut se perdre dans d’autres paliers de gouvernement. «J’avais écrit cette chanson avant d’être élu comme conseiller. Je me suis demandé si je l’assumais pleinement, confie l’artiste. Et au final, oui. Je suis à l’aise avec le propos.»

Un véritable sentiment de liberté se dégage de l’album. «Je ne me suis pas arrêté. Je n’ai rien exclu. Je vis de mieux en mieux avec mon double chapeau de conseiller et d’artiste, jumelé à ma vie personnelle et familiale. Dans la vie, j’ai le défaut de tasser des trucs personnels pour prioriser des projets professionnels. Avec cet album, je reprends en quelque sorte le pouvoir sur moi-même», indique-t-il.

«J’ai apprivoisé mon rôle de personnalité trifluvienne. J’ai aussi envie de surprendre à travers cet album, de montrer ce qu’un rappeur peut faire, que la musique d’un rappeur peut plaire à des gens de tous les âges», complète Dany Carpentier.

Et il espère qu’il pourra se promener un peu au Québec avec cet album pour faire quelques représentations. «Ce serait l’occasion de sortir en famille. J’ai toujours ce rêve de simplement débarquer à un endroit où il y a du monde, faire un peu de promotion et présenter un spectacle spontané le même soir, à la manière d’un artiste de rue», conclut-il.