Le corps dans tous ses états

La grande dame de la danse au Québec, Louise Lecavalier, signe sa première chorégraphie en carrière avec le spectacle «So Blue», chaudement accueilli par la critique. Les Trifluviens auront l’occasion d’assister au spectacle le 6 juin à la Maison de la culture, dans le cadre du Festival International Danse Encore.

Avec Louise Lecavalier, le corps devient un «art vivant», entre sculpture, performance et danse.

«Au fil des dernières créations, je j’impliquais dans la chorégraphie. Après avoir créé à deux, j’ai vu que j’étais capable de m’inventer des mouvements pour moi-même. En fait, c’est quasiment normal de se chorégraphier. Je me suis donné beaucoup de libertés. J’ai passé des mois en studio à improviser. J’ai vécu tout le processus avec plus de plaisir que d’angoisse», raconte Louise Lecavalier.

«Je pense que la force de la chorégraphie, c’est son authenticité. Ça ne ressemble à rien. C’est une proposition très pure. C’est une vision particulière, c’est clair. Ça va dans une direction. J’ai voulu laisser le corps exprimer tout ce qu’il veut dire, sans le censurer», précise-t-elle.

La chorégraphe et son partenaire, Frédéric Tavernini, se mettent en jeu dans une œuvre intense, brute et mystérieuse.

«So Blue», c’est à la fois le corps noble et racé, le corps animal, le corps excessif ; le corps, objet de jeu et de défi, d’abord seule puis à deux, objet de représentation, connu et inconnu ; le corps en transe et transcendé, bleu atomique ; le corps mutant vers le corps souffle, énergie, lumière ; le corps qu’on ne cherche plus à décoder. Ultimement, il dessine sa propre trajectoire, lutte, abandonne, rebondit et se fond dans l’espace, le tout sur une musique de Mercan Dede.

La danse à 50 ans

Maintenant le cap de la cinquantaine dépassé, Louise Lecavalier confie aborder la danse différemment, évidemment, de ses débuts.

«Je pense que vieillir, c’est positif. Je ne voudrais pas me retrouver où j’étais à mes 20 ans. J’ai plus de clarté face à la danse et tout s’est approfondi. Mais à 50 ans, l’urgence n’est pas partie pour autant. Dans la vingtaine, j’étais extrême et l’urgence était là. Je faisais beaucoup de sauts. Je n’ai pas envie de faire les choses de la même manière. Je ne fais d’ailleurs plus de sauts, mais pas parce que c’est trop exigeants. Je cherche toujours le même inconfort, l’intranquilité. ÇA, ça n’a pas changé, mais j’ai changé l’approche pour y parvenir», indique-t-elle.

«J’aime danser au Québec»

Louise Lecavalier voyage à travers le monde pour danser, mais elle confie adorer danser au Québec pour plusieurs raisons.

«J’ai développé des liens avec l’Europe, mais si je le pouvais, je ferais des tournées seulement au Québec. Je suis donc très contente de revenir à Danse Encore. C’est un peu chez moi. C’est plus simple. Mais c’est sûr que la danse, ça ne circule pas comme un film, mais la beauté de la danse, c’est que ce n’est jamais pareil comme l’est un film. Avec la danse, il se crée quelque chose sous nos yeux. L’impact est différent», note-t-elle.

«Je suis touchée d’avoir l’appui et la confiance de l’équipe de Danse Encore. Ils me disent qu’ils veulent voir mon nouveau spectacle. C’est le fun de sentir ça», conclut-elle.

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Louise Lecavalier | Maison de la culture | 6 juin, 19h30