L’art sur miroir de Zabel
Lorsqu’elle crée, Zabel aime sortir de sa zone de confort. Elle continue d’explorer l’art abstrait, mais cette fois-ci, l’artiste de Champlain se réinvente sur un tout nouveau médium: le miroir.
« Je n’aime pas quand il n’y a pas de défis dans la vie. J’ai tout le temps ce besoin de sortir de ma zone de confort, mais aussi de sortir des attentes de la société, lance l’artiste de Champlain. J’ai longtemps essayé d’être dans un moule, mais j’avais besoin d’aller ailleurs avec ma carrière. Quand je commence à être trop confortable dans mes bottines, j’ai besoin de me réinventer. C’est ce que j’ai fait », souligne Zabel.
L’idée du miroir s’est imposée alors que l’artiste revenait de la Miami Art Week en décembre. « C’est une grosse foire internationale où il y a beaucoup d’audace et de talent. J’en arrive toujours rechargée. Une nuit, j’ai eu une vision où il y avait beaucoup de translucides. Quand j’ai eu l’idée du miroir, c’est devenu une évidence. Ça m’appelait très fort. »
Ces œuvres se veulent une exploration émotionnelle et un appel à briser les carcans pour oser être pleinement soi-même. Peindre devant son propre reflet n’est pas très naturel pour Zabel. L’expérience s’est avérée confrontante, quoique bénéfique.
« J’ai fait des tests et je suis vraiment tombée en amour avec le procédé, mais aussi avec la déstabilisation que ça engendrait, car ce ne sont pas les mêmes techniques, mentionne-t-elle. Ce n’est vraiment pas la même chose que de peindre sur une toile. Je sens qu’il y a vraiment une belle et grande histoire d’amour qui commence ici. »
Un besoin de douceur
Jusqu’au 16 février, la Galerie d’art Berthelet de Trois-Rivières expose cette série exclusive d’œuvres de Zabel dans le cadre de l’exposition solo « Miroir ».
« J’ai beaucoup appris en travaillant sur cette exposition parce qu’il y a différents styles d’art abstrait, en plus des miroirs. On reconnaît toujours ma touche, mon style, mais je suis allée travailler dans différentes variations et différents types d’énergie et d’émotions », détaille Zabel.
Au premier coup d’œil, on reconnaît rapidement les contrastes entre le blanc, le noir et la feuille d’or qui font partie de la signature de Zabel. Cette fois-ci, elle y greffe également des teintes beiges chaudes et douces qui viennent atténuer le tout.
« Tout ce processus m’a fait réaliser à quel point j’avais une envie de douceur, remarque-t-elle. J’avais l’impression de sortir, cet automne, d’une période de chaos, autant socialement qu’autour de moi. Je suis très sensible aux énergies et j’ai eu besoin de faire sortir la douceur. »
Travailler sur une surface lisse et fragile comme le miroir l’a obligée à ralentir et à amener plus de douceur à ses mouvements.
(Photo Marie-Eve Alarie)
« Je devais procéder un peu plus au ralenti. Il y avait une énergie de douceur, de fluidité, de prendre soin. Ça s’est transposé dans le mouvement de l’application de la peinture. Quand je peins sur un miroir, l’énergie est différente. Il y a aussi quelque chose que je contrôle moins. J’aime beaucoup cette absence de contrôle en art et dans la vie: c’est comme ça que tu saisis le plus de choses. »
« L’opportunité que j’ai d’exposer ici est incroyable, poursuit-elle. Quand Caroline [St-Pierre, copropriétaire de la Galerie d’art Berthelet] m’a appelée pour m’offrir une exposition solo dans mon patelin, ça m’a permis de ne pas seulement travailler de façon intuitive, mais de travailler plus pour une collection spéciale. Ça m’a permis cette introspection. […] Cette mentalité de laisser de la liberté à l’artiste m’a permis d’aller où je voulais et non de viser certaines attentes. À la Galerie Berthelet, il y a une mentalité de nous faire grandir, de nous laisser de la liberté comme artiste et de viser des collaborations sur le long terme. C’est une mentalité rare au Québec dans les galeries d’art »
Le début d’une prochaine étape
L’art abstrait prend de plus en plus de place dans la vie de Zabel, surtout parce que ça représente de l’émotion brute. « C’est quelque chose que tu ne contrôles pas et dans laquelle tu te surprends toi-même quand tu crées, explique-t-elle. Lorsque je commence une nouvelle œuvre, c’est viscéral et brut. Je ne sais jamais où ça me mène. C’est le tableau qui prend forme au fil du mouvement et selon l’énergie et mon état du moment. »
Elle sent d’ailleurs que la collection présentée dans l’exposition « Miroir » sera le début de quelque chose de nouveau.
« En me réinventant, en étant unique, je pense que j’ai réussi à rebâtir ma carrière. Je pense vraiment que ce que je présente aujourd’hui, c’est comme une prochaine étape de ma carrière qui commence. J’ai l’impression que c’est le bourgeon de quelque chose de plus grand. Mon instinct me dit que c’est un début. J’ai l’impression que c’est peut-être un nouveau chemin », conclut-elle.