L’art du temps

EXPOSITION. Les horloges de Karine Pellerin sont tout sauf banales.

Jusqu’au 25 novembre, elle expose ses créations à EMA | Expérience Métiers d’Art, sur la rue des Ursulines. «C’est ma plus grosse exposition solo, confie Karine Pellerin. Ça présente bien un grand éventail de mon travail. J’apprécie de pouvoir exposer chez EMA. C’est une belle place et un beau regroupement. En fait, c’est un beau lieu pour les yeux.»

Au rythme des tic-tac et des carillons, cette artiste horlogère diplômée de l’École nationale d’Horlogerie de Trois-Rivières, propose des créations qui sortent des sentiers battus, qu’il s’agisse d’horloges en bois ou en céramique, ou encore de sabliers.

Ses créations se distinguent par ses courbes prononcées. Avec ces ondulations, les horloges semblent prendre vie dans un mouvement fluide.

Son déclic, c’est en Suisse, qu’elle l’a eu.

«J’ai toujours aimé la mécanique. Quand j’ai fait mon cours d’horlogerie à Trois-Rivières, j’ai fait un stage en Suisse. J’ai eu l’occasion de visiter des musées et j’y ai vu de belles horloges européennes. C’est là que j’ai eu mon déclic. Moi aussi je voulais faire des horloges plus artistiques», raconte-t-elle.

«En général, les gens qui voient mes créations ont deux types de réactions. Ça rappelle des souvenirs aux personnes plus âgées qui ont connu l’époque où tout le monde avait une horloge chez soi. Autrement, les gens sont surpris. Plusieurs ont un coup de cœur. Mes créations les touchent», ajoute Karine Pellerin.

À la fin de son parcours à l’école secondaire, elle hésitait entre l’horlogerie et le Design de présentation, un programme offert à Québec. Elle a finalement choisi cette deuxième option. C’est là qu’elle a appris des notions de dessin technique, entre autres.

Elle a travaillé dans ce domaine pendant plusieurs années, réalisant notamment des vitrines de magasin.

«L’horlogerie me trottait toujours dans la tête. Un jour, j’ai tout lâché et j’ai déménagé dans un petit 2½ à Trois-Rivières et j’ai fait mon à l’École nationale d’horlogerie. Je voulais une horloge moins classique, plus moderne. Je crois être la seule, ou l’une des seules, à créer ce type d’horloges au Québec», avance l’horlogerie.

Lorsqu’elle a créé sa première horloge, elle voulait avoir un beau cadran en porcelaine, solide et qui perdurerait. Elle a pris contact avec une artiste céramiste et lui a remis son plan. Elle a tellement aimé le résultat qu’elle est allée chercher une aide financière auprès du Centre local de développement pour suivre une formation avec l’artiste céramiste en question.

Quant aux sabliers, elle fait affaire avec un artisan américain pour le calibrage du sable et le soufflage du verre servant à faire le sablier, un art qui la fascine.

Un métier atypique

C’est à Trois-Rivières que l’on retrouve la seule école d’horlogerie au Canada. L’école a été menacée de fermeture pendant plusieurs années.

«J’essaie d’encourager la relève, affirme Karine Pellerin. C’est un métier atypique, mais avec le courant steampunk, on voit des jeunes retrouver un intérêt pour le métier. On sent un petit regain, mais ce ne pas facile de les attirer vers la profession. Je ne sais pas de quelle façon cela se traduira dans l’avenir.»

En ce qui la concerne, Karine Pellerin effectue principalement des restaurations de vieilles horloges. «Il n’y a pas 100 ans, toutes les familles ou presque avaient une horloge mécanique. On assiste à une vague de réparation, car ce ne sont pas des objets que l’on veut jeter sur le bord du chemin. Au niveau patrimonial, il y a encore de belles horloges, notamment dans les presbytères», conclut-elle.

Moi, horlogère | Expérience Métiers d’Art | Jusqu’au 25 novembre