L’analphabétisme au cœur d’un roman graphique

LIVRE. «Le jour où j’ai appris que mon grand-père ne savait ni lire ni écrire, c’était le jour de son quatre-vingt-deuxième anniversaire de naissance.»

C’est sur ces mots que s’ouvre «Le dernier mot», un roman graphique signé Caroline Roy-Element et illustré par Mathilde Cinq-Mars, deux Trifluviennes.

Cette révélation faite par le grand-père de la narratrice vient complètement chambouler le souper d’anniversaire. Chaque membre de la famille réagit différemment à cette annonce: incompréhension, colère, indignation, pitié, interrogation, embarras.

«J’ai beaucoup travaillé en alphabétisation et que je me questionne beaucoup sur ce qu’est la vie d’une personne qui ne sait pas lire. J’ai étudié en littérature, je lis et j’écris toujours. Je me demandais comment on pouvait appréhender la vie quand on n’a pas ce rapport-là avec les mots à la longue», raconte Caroline Roy-Element.

Caroline Roy-Element, auteure de «Le dernier mot»

C’est ainsi qu’est née l’histoire derrière «Le dernier mot», un récit entièrement imaginé, même s’il laisse croire qu’il pourrait être autobiographique. Quand Mathilde Cinq-Mars a lu l’histoire, elle a eu envie de mener un projet à long terme là-dessus.

«Mathilde est une artiste de grand talent. Tout ce qu’elle dessine a plusieurs couches. Je me sens tellement choyée qu’elle ait illustré mon texte. Je trouve qu’on a des styles complémentaires et que ses dessins complètent bien le propos», ajoute l’auteure.

Avec poésie et sensibilité, tant dans le propos que dans les dessins, Caroline Roy-Element et Mathilde Cinq-Mars entraînent le lecteur dans les pensées qui traversent l’esprit de la narratrice durant cette soirée remplie de malaises.

Les deux complices ont travaillé pendant près de trois ans sur ce projet. Elles ont pu compter sur le soutien de leur éditeur, les éditions Mécanique générale, dès le tout début.

«On attendait toujours ses commentaires à chaque nouvelle étape, précise Caroline. On voulait prendre le temps de bien le faire. J’ai pu retravailler le texte pendant trois ans. J’écris depuis toujours. C’est sûr que dans la vie, je souhaitais aller vers l’écriture. Le fait de l’avoir fait avec Mathilde a rendu l’expérience encore plus belle. Tout se faisait naturellement. L’union fait la force.»

Le roman graphique «Le dernier mot» est disponible en librairie.