La Guerre des Tuques 3D: «Nous voulions que ça sente la laine mouillée»
CINÉMA. Trente ans plus tard, la bataille de boulesde neige qui a marqué toute une génération de Québécois est de retour sur grand écran. Si réinterpréter La Guerre des tuques semblait risqué pour les admirateurs de l’œuvre culte, ces petits bonshommes au nez rougi par le froid sauront de nouveaux faire rêver les enfants d’hier et d’aujourd’hui. Mais n’oubliez pas: «La guerre, la guerre, ce n’est pas une raison pour se faire mal».
Attablée à une table d’un restaurant à Trois-Rivières, l’équipe d’artisans derrière La Guerre des tuques 3D sourit de satisfaction. Après deux semaines de tournée et de premières médiatiques, ils ont vu le public quitter les salles les yeux rougis et un indescriptible sourire dessiner sur leur visage.
«La réaction des gens, partout où on se promène, est incroyable ! Trente ans plus tard, on sent que l’engouement pour La Guerre des tuques est toujours bien présent», s’est réjouie la productrice, Marie-Claude Beauchamp.
«On peut désormais crier victoire!», lance le réalisateur Jean-François Pouliot, dont la plus grande peur était de se faire «assassiner» par les admirateurs de la version de 1984.
«Nous avions un gros défi : réussir à bien raconter cette belle histoire sans donner la prétention qu’on venait écraser l’œuvre originale. Par l’entremise d’un nouveau médium, il fallait donc trouver un moyen de la renouveler tout en conservant l’essence-même et le souvenir que les premiers admirateurs gardaient de ce film culte», dévoile ce dernier.
L’équipe a donc pris quelques libertés dans le scénario de Roger Cantin et de Danyèle Patenaude afin de s’adapter au nouveau médium. Le public d’ici se reconnaissait à travers ces jeunes enfants québécois qui s’amusaient durant la période des fêtes. En animation, tout ce qui reste, ce sont les souvenirs. Il fallait donc revoir la motivation de certains personnages, a expliqué la productrice.
Autrefois l’antihéros arrogant, le personnage de Luc Chicoine est celui qui a subi la plus grande transformation. «Dans la version originale, je ne savais pas si j’aimais ou pas Luc. Il paraissait méchant, mais on n’a jamais su pourquoi. L’histoire de la mort de son père à la guerre permet d’exploiter cette faille et venir donner une fin plus complète à la mort de Cléo, le chien», admet Jean-François Pouliot.
Celui qui fait la voix de Luc, Nicholas Savard, mentionne justement que cela a permis de rendre son personnage riche en émotions.
«Je pense même que faire ce film en animation a été un avantage pour nous. Nous avons eu la chance de créer un univers, un style et un genre. L’hiver est même devenu un personnage. Nous voulions que ça sente la laine mouillée et que les flocons sortent littéralement de l’écran», révèle le coréalisateur, François Bisson.
L’importance de jouer dehors
Même s’il est impossible de passer sous silence le thème du deuil, il s’agit surtout d’une histoire sur le bonheur, a rappelé la productrice.
«On y parle de la responsabilité de ses gestes et de ses décisions, croit Marie-Claude Beauchamp. C’est pourquoi il n’y a pas d’adulte dans la version animée. La liberté des enfants est essentielle, car c’est ça le cœur de la vraie histoire».
Cette dernière espère que ce film qui a marqué la génération X donnera l’occasion aux parents de partager ce patrimoine culturel avec leurs enfants. «Jouer dehors et avoir le nez rouge, le foulard mouillé et les bottes pleines d’eau, c’est ça le bonheur», a-t-elle terminé.
Celle qui interprète la voix de Danielle Blanchette de Victoriaville, Esther Poulin, a très hâte de faire découvrir cette nouvelle version à ses enfants et de leur dire «venez-vous s’en, on va aller dehors faire une bataille de boules de neige nous aussi!».
Une suite dans les cartons
Le film est tout juste projeté sur les écrans que déjà, les artisans derrière La Guerre des tuques 3D se préparent à une éventuelle suite. L’équipe est actuellement en quête de financement pour réaliser ce deuxième opus. Si tout va bien, la productrice Marie-Claude Beauchamp croit que le tournage pourrait débuter dès 2016. Cette dernière croit qu’il y a encore beaucoup de potentiel pour faire revivre Luc et ses compagnons.