La deuxième vie du Conservatoire
CONSERVATOIRE. Le 11 septembre 2014, la directrice du Conservatoire de musique de Trois-Rivières, Johanne Pothier, dévoilait la programmation du 50e anniversaire de l’institution sur un fond d’incertitude puisque la survie des conservatoires, principalement ceux dans les régions, était menacée. Suite à une mobilisation à travers le Québec, la ministre de la Culture a annoncé qu’elle n’accepterait pas que l’on ferme les Conservatoires. Toutefois, il fallait toujours éponger les dettes. Près de huit mois plus tard, où en sommes-nous? Entrevue avec la directrice du Conservatoire de Trois-Rivières.
«C’était difficile de commencer une nouvelle année avec la quasi-certitude que ce serait ma dernière année comme directrice du Conservatoire et qu’on serait obligé de fermer. Plus de 1000 élèves ont passé par ici au fil des années. On retrouve d’anciens élèves du Conservatoire de Trois-Rivières partout sur la planète. On en a en Malaisie, aux États-Unis, en Finlande… C’est ce que je voulais qu’on fête», se souvient Johanne Pothier.
Ultimement, cette période de chamboulements et d’incertitude aura permis de remettre les conservatoires à l’avant-plan et d’entraîner une véritable mobilisation aux quatre coins du Québec. Et en cette année de 50e anniversaire, cela a créé un certain buzz autour des activités.
Mme Pothier parle même d’une renaissance.
«C’est une deuxième vie qui nous est offerte. J’ai l’impression qu’on a vidé le sac et qu’on peut repartir sur de nouvelles bases. Ça fait longtemps qu’on entendait parler d’une fermeture potentielle. Je pense que le mot fermeture vient de mourir. Là, on est sur un mode créatif, en mode renaissance du Conservatoire. Je pense qu’on est là pour longtemps. C’est un bien essentiel.»
Se serrer la ceinture
La directrice générale par intérim du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec qui chapeaute le réseau des conservatoires, Danielle Dubé, a entrepris d’effectuer des coupures à travers le Québec, en collaboration avec les directions régionales, afin de redresser le budget des conservatoires.
Plusieurs postes ont été coupés dans la structure administrative. Suffisamment pour rembourser 1M$ sur la dette accumulée.
À Trois-Rivières, l’impact des coupures a été moindre qu’ailleurs. Le Conservatoire conserve le même budget de fonctionnement que l’an passé, soit 69 000$. Il s’agit du plus bas budget de fonctionnement du réseau. Ce budget inclut notamment la location des salles de concerts, le déplacement des professeurs et des élèves, la papeterie, ainsi que le coûteux transport des instruments.
Le poste de responsable de la bibliothèque a dû être coupé. Pour que ça n’affecte pas le service aux élèves, l’employée au registrariat s’occupe également de la bibliothèque.
«Il a fallu faire un casse-tête pour répartir les heures de tout le monde pour que les élèves ne subissent pas les contrecoups des coupures. (…) Ça a été une année de chamboulement pour tout le monde. Tous ont été appelés à réinventer le modèle. On est arrivé à un plan où c’est le plus loin qu’on peut aller sans toucher les services aux élèves», précise Mme Pothier.
«Ça faisait déjà quelques années qu’on avait coupé la durée de certains cours, qui ont passé à une heure plutôt qu’une heure et demie. Mon prédécesseur a toujours rationnalisé et fait attention aux dépenses, de sorte que la seule grande différence depuis trois ans, c’est la bibliothèque. Sinon, ça se maintient. On sent que la ministre apprécie les efforts qui ont été faits partout», ajoute-t-elle.
Une somme de 800 000$ a été réinjectée dans le budget global des conservatoires pour se rapprocher de l’équilibre budgétaire.
«Ça a été une année de changement de mentalité. Tout à coup, des liens se sont développés naturellement avec le bureau régional du ministère de la Culture, ainsi qu’avec la Ville et d’autres organisations culturelles du territoire. Tout à coup, les gens ont dit: «On veut vous garder». Nos liens se sont consolidés avec l’Orchestre symphonique. Ça a été le cadeau inattendu du 50e», conclut Johanne Pothier.