Elle s’inspire d’une jeune fille de Trois-Rivières pour son nouveau livre
Morane aime beaucoup parler. Vraiment beaucoup! Les mots se promènent si vite qu’elle n’a pas le temps de les retenir. Ils sortent de sa bouche n’importe comment, n’importe où et n’importe quand…souvent quand ce n’est pas le temps!
Dans son plus récent livre jeunesse intitulé « Morane adoooore parler! », l’auteure Émilie Ouellette entraîne les lecteurs dans le flot d’idées et de mots de la jeune Morane, une fillette allumée, créative et à la parole vive comme un torrent.
Si les adultes de son entourage finissent généralement par se fâcher à force de se faire couper la parole, sa nouvelle enseignante, madame Dayani, lui propose au contraire de parler autant qu’elle veut…mais dans le cadre d’un spectacle.
C’est justement lors du Salon du livre de Trois-Rivières en 2022 que l’auteure Émilie Ouellette a eu l’idée du personnage de Morane. « C’était lors de la journée scolaire. J’ai vu une jeune fille noire se promener pour amasser des signets aux différents kiosques. J’ai été interpellée, car elle était la seule enfant de couleur. Quand elle est venue chercher des signets, elle a été attirée par la couverture de mon roman Fab qui montre une adolescente métissée aux cheveux bouclés. J’ai commencé à lui parler en racontant l’histoire de Fab et j’ai vu ses yeux s’illuminer », raconte l’auteure Émilie Ouellette, qui est particulièrement sensible à la représentation de la diversité dans la littérature.
« On a discuté des livres. Je lui ai parlé pendant dix minutes et je lui ai signé des signets, poursuit-elle. Quand elle est partie, il y a une petite étincelle qui est restée. Je savais qu’elle s’appelle Morane. On peut voir des centaines de jeunes dans une journée, mais je ne sais pas pourquoi, parfois, on accroche à l’un d’entre eux. Je pense que c’est l’étincelle dans ses yeux qui m’a ramenée à l’importance de la diversité dans les livres et les histoires. »
Lorsqu’elle a été approchée par Québec Amérique pour l’écriture d’un livre jeunesse, Émilie Ouellette a immédiatement pensé à Morane. « Je me suis inspirée de cette jeune Morane pour cette étincelle dans ses yeux et sa personnalité pétillante. »
Et pour la parole vive ? « Ça, c’est moi, lance-t-elle en riant. J’étais cet enfant qui parlait tout le temps. Les enseignants le disaient souvent à mes parents. J’avais toujours trop d’idées tout le temps et il fallait que je les dise immédiatement, sinon, ces idées allaient disparaître sans que personne ne les ait entendues. »
Cette urgence de Morane pour partager toutes ces pensées se répercute d’ailleurs à travers le rythme dans l’écriture. On ressent le chaos effervescent dans la tête de la jeune fille au fil des phrases qui semblent débouler les unes après les autres.
Et à l’image de Morane, Émilie Ouellette a pu compter sur des enseignants qui ont trouvé le moyen de canaliser ce trait de personnalité et qui lui ont suggéré de faire de la scène, ce qui lui a permis de découvrir l’improvisation.
L’amour de la littérature jeunesse
Émilie Ouellette a publié trois séries jeunesse, soit Fab, L’après… et Myrian, ainsi que le livre pour adulte Ma tribu, le portrait corrosif, bienveillant et sans clichés d’une famille comme la vôtre. Cependant, elle ressent particulièrement l’appel pour la littérature jeunesse.
« La littérature jeunesse, pour moi, c’est le meilleur. Quand j’écris pour les adultes, c’est plus humoristique et proche de moi, mais ce que j’aime dans la littérature jeunesse, c’est qu’il n’y a pas de filtre. On va à l’essentiel. Il y a un défi très important là-dedans. Les jeunes sont authentiques », souligne-t-elle.
« J’espère que les jeunes retiendront que c’est correct d’être qui l’on est. Tu peux être dans la lune, maladroit, gêné, introspectif… Morane, elle n’a pas changé. J’espère que les jeunes comprendront qu’elle n’a pas arrêté de parler tout le temps, mais plutôt que d’en retirer seulement de la culpabilité, on en sort du positif », conclut-elle.
L’auteure Émilie Ouellette sera présente au Salon du livre de Trois-Rivières, du 23 au 26 mars.