Elle redonne un visage à ces héroïnes oubliées

TROIS-RIVIÈRES. Dorimène Desjardins a contribué à la création de 163 caisses Desjardins. Alice Vibert Douglas a obtenu le premier doctorat en astrophysique décerné par une université québécoise. Madeleine Parent s’est longtemps battu pour revendiquer les droits des travailleurs. Mary Two-Axe Early a lutté à faire reconnaître les droits des femmes autochtones. Ces femmes et plus d’une trentaine d’autres sortent de l’ombre grâce au livre Nos héroïnes, écrit par Anaïs Barbeau-Lavalette et illustré par la Trifluvienne Mathilde Cinq-Mars.

Ce livre destiné aux enfants est inspiré du discours prononcé sur les Plaines d’Abraham par Anaïs Barbeau-Lavalette à l’occasion de la Fête nationale. Elle braquait les projecteurs sur les femmes oubliées de notre histoire.

Ce sont les éditrices des Éditions Marchand de feuilles qui ont pris la balle au bond et proposé d’en faire un livre qui met en lumière 40 femmes qui ont marqué l’histoire du Québec à leur façon. L’illustratrice trifluvienne a été approchée par l’une des éditrices qui suivait son travail depuis quelque temps par l’entremise des réseaux sociaux.

«Quand je lisais le dossier de recherche de chaque femme, je me demandais pourquoi on ne les connaissait pas, raconte Mathilde Cinq-Mars. Ça s’est fait cet été, dans un bouillonnement. Je crois qu’on avait toutes envie de le faire rapidement. Le sujet est aussi directement dans mes intérêts…et j’aime tout ce qu’Anaïs fait!»

Chacun des textes est accompagné par l’illustration de l’héroïne sur la page suivante. Pour ce projet, Mathilde Cinq-Mars, dont les dessins sont souvent empreints de poésie et d’imaginaire, a souhaité se coller à la réalité. De ce fait, elle s’est inspirée des photos d’archives dont elle disposait pour illustrer les femmes du livre.

L’exercice s’est toutefois corsé lorsqu’aucune photographie ou image d’archives n’existait en guide de référence. Ce fut entre autres le cas pour les Filles du Roy, Marie Rollet, Kateri Tekakwitha et Jeanne Mance à qui elle a dû inventer un visage.

«Je me suis laissé inspirer par leurs traits de caractère et je m’imaginais le regard que ces femmes pouvaient avoir. Je les ai interprétées du mieux que j’ai pu. En dessinant toutes ces femmes, je n’ai pas cherché à les faire plus belles. Elles sont toutes différentes et portent toutes quelque chose de différent en elles. Tout le monde a mis le travail de l’autre en valeur dans ce projet», lance Mathilde.

Elle craignait toutefois que son style d’illustration, plus réaliste, au crayon et à l’aquarelle, ne rejoigne pas les enfants. Mais sa fille âgée de cinq ans a su la rassurer.

«J’avais envie que ce soit ancré dans le réel. J’ai envie que tout le monde les connaisse. Quand je lui racontais ce qu’une femme avait fait et que je lui montrais le dessin, ma fille me disait: «Moi aussi, je peux faire ça». Le livre est touchant. Ce sont de grandes femmes qui ont accompli de grandes choses, mais elles étaient aussi des femmes du quotidien, avec leur famille, dans leur réalité», souligne-t-elle.

«On connaît plus Marie Curie et Frida Kahlo que nos héroïnes à nous. Ces femmes sont entrées dans ma vie à 29 ans, mais elles entrent dans celle de ma fille à cinq ans», conclut Mathilde Cinq-Mars.

Le livre Nos héroïnes est disponible en librairie.

Le coup de cœur de Mathilde et sa fille

«Le texte sur les Filles du Roy. Ce qu’on a appris, c’est qu’elles étaient des orphelines envoyées en Amérique. On l’oublie, mais elles ont défrichées des terres pour s’installer, survécu à toute une traversée. Elles ont fait preuve de tout un courage. C’est aussi l’un des textes préférés de ma fille. J’adore la façon dont Anaïs l’a écrit.»

À surveiller…

La carrière de Mathilde Cinq-Mars a connu tout un essor ces derniers temps. Elle travaille présentement sur trois autres projets de livres à venir dans la prochaine année, en plus de créer divers articles de papeterie. C’est à suivre…!