Ego Trip: la nouvelle comédie québécoise de l’été

CINÉMA. Avec un solide trio d’acteurs composé de Patrick Huard, Antoine Bertrand et Guy Jodoin, Ego trip s’impose déjà comme la «comédie de l’été» avant même de prendre l’affiche dans tous les cinémas du Québec, le 8 juillet prochain. L’hebdo Journal a eu l’occasion d’en faire le constat lors du visionnement de presse à Trois-Rivières, lundi.

Dans Ego trip, Patrick Huard joue le rôle de Marc Morin, un animateur de talk-show imbu de lui-même et en quête d’une seconde renommée. Pour relancer sa carrière en chute libre et ainsi éviter l’annulation de son émission de télévision, son agent incarné par Antoine Bertrand l’envoie à Haïti pour redorer son image.

S’il monte dans l’avion à contrecœur, Marc Morin reviendra complètement transformé par son périple inimaginable dans cet univers aux mille misères ainsi qu’aux mille beautés.

«C’est une comédie avec un fond de culotte, décrit le réalisateur Benoit Pelletier qui signe ici son premier long-métrage. C’est très drôle, mais il y a des scènes qui viennent vous brasser et gratter les p’tits bobos. Patrick Huard a été excellent dans ces scènes-là, il m’a littéralement scié les jambes en deux!».

Il fait référence, entre autres, au passage où Marc Morin livre un message émouvant à sa femme et à ses enfants. Selon les dires du réalisateur, Patrick Huard n’a que brièvement feuilleté le scripte avant de se lancer. Une prise et c’était dans la boîte!

D’ailleurs, le choix de l’acteur pour interpréter le rôle de Marc Morin s’est rapidement imposé dans la tête du scénariste François Avard. «Patrick est drôle, cela ne fait aucun doute, mais il réussit à ajouter cette touche d’humanité qui fait toute la différence», explique-t-il.

S’ouvrir les yeux

L’histoire de Marc Morin dans Ego trip, le scénariste et auteur humoristique québécois, François Avard l’a en quelque sorte vécu lui-même, a-t-il avoué lors d’un entretien téléphonique avec le journal.

Après le séisme qui a fait trembler le pays le 12 janvier 2010, François Avard a monté un spectacle-bénéfice «Ha –Haïti» avec la complicité de Louis-José Houde. Les fonds amassés ont été versés dans un fonds «Tremblement de terre – Haïti» par l’entremise de l’organisme Oxfam-Québec.

«Huit mois plus tard, Oxfam-Québec a tenté d’organiser une tournée médiatique là-bas. L’organisme voulait nous montrer ce qui a été effectué sur le terrain avec l’argent récolté et faire connaître les besoins criants de la communauté. Je fus le seul disponible et encore, ça n’a pas été facile de faire de la place dans mon horaire. Tout comme Marc Morin, ça ne me tentait pas d’y aller», confit-il.

Après cinq jours dans les misères haïtiennes à découvrir un peuple courageux, il a su qu’il tenait une bonne histoire à raconter. Cependant, le but du scénariste québécois n’était pas seulement de faire découvrir ce pays via Ego trip, mais également d’inciter les spectateurs à revoir leurs priorités.

«Avec tous nos petits problèmes d’Occidentaux malheureux, on ne se rend pas compte qu’on a besoin de peu pour être heureux. Le peuple haïtien en est la preuve. Même au beau milieu du Tiers-Monde, leur résilience est extraordinaire. Ils sont si généreux et heureux!», affirme-t-il.

Et pour faire passer son message, rien de mieux que l’humour, ajoute François Avard. Ce style lui permet d’en dire plus, s’en tomber dans la «quétainerie».

Un premier baptême colossal

Ce fut un baptême colossal pour l’auteur et scénariste Benoit Pelletier qui enfilait la veste du réalisateur pour la toute première fois. En effet, il a dû boucler toutes ses scènes en 26 jours seulement. Il estime avoir cependant beaucoup appris de cette expérience qui ne sera surement par sa dernière.

La première fois qu’il a lu le scénario, il en a ri aux éclats. À la deuxième lecture, Benoit Pelletier admet avoir été très ému. Il n’a pas hésité à embarquer dans l’aventure même si rendre justice au texte et à l’univers de son bon ami, François Avard, représentait un gros défi.

«Je pense toutefois qu’il m’a fait confiance dès le départ, car je me suis beaucoup investi en Haïti avec l’École nationale de l’humour. François savait donc que j’allais réussir à retransmettre la force de ce peuple au grand écran. Son désir était justement d’aller au-delà du cliché. Les Haïtiens ne sont pas vulnérables, ils sont remplis d’amour», s’exclame-t-il.

Une grande partie du tournage a été filmé entre Montréal et la République dominicaine, au sein de la population haïtienne de Santo Domingo. Quelques images ont ensuite été tournées en Haïti qui vivait une situation instable à l’hiver dernier.

Benoit Pelletier a également recruté des comédiens haïtiens sur les lieux de tournage. Pour l’équipe derrière Ego-Trip et les Haïtiens, ce fut une belle occasion d’échanger entre eux.

Le film sera à l’affiche partout au Québec, dès le mercredi 8 juillet.