Éblouissant hommage à Plamondon

SPECTACLE. Pour le troisième spectacle de sa série hommage, le Cirque du Soleil a transporté les quelque 3500 spectateurs de l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières dans un univers complètement éclaté le 19 juillet au soir. Les chansons de Plamondon ont littéralement eu droit à une nouvelle vie à travers Stone – Hommage à Luc Plamondon.  

«J’ai passé une soirée merveilleuse. J’ai été ému, j’ai été ébloui, c’est le mot», a laissé tomber Luc Plamondon à la sortie du spectacle, devant une équipe de production fébrile, qui retenait son souffle pour recueillir ses premiers commentaires.

«J’ai aimé le mariage entre la chanson, la danse et le cirque, tout était cohérent. On recevait quelque chose d’extraordinaire et de très puissant», a ajouté la figure emblématique de la chanson québécoise en soulignant le travail du metteur en scène Jean-Guy Legault.

Le parolier a également apprécié la modernisation de ses chansons par le directeur musical Jean-Phi Goncalves, qui a fait, faut-il le souligner, un travail particulièrement adroit. «On dirait qu’elles ont toutes été écrites cette année!», a renchéri Plamondon. Cette réécriture musicale permet d’ailleurs de porter davantage attention aux paroles pourtant bien connues du parolier.

Le jumelage des 16 interprètes féminines à chacune des chansons était d’ailleurs bien calculé. Intéressant d’entendre des voix d’auteures-compositrices-interprètes d’une nouvelle génération comme Klô Pelgag (Île aux mimosas), Safia Nolin (Le blues du businessman), Marie-Pierre Arthur (Ma mère chantait toujours) ou Milk & Bone (Monopolis) interpréter les paroles de Luc Plamondon. Les voix de Betty Bonifassi (Oxygène), La Bronze (Lili voulait aller danser) et Marie-Mai (Je danse dans ma tête) collaient aussi parfaitement bien aux chansons énergiques choisies pour elles.

Un opéra-punk-rock-baroque réussi

Le spectacle s’ouvre en force sur la chanson Parc Belmont, interprétée par Martha Wainwright. Le décor se dévoile enfin: un immense carrousel métallique trône au milieu de la scène ainsi qu’un lustre gigantesque. L’univers d’opéra-punk-rock-baroque promis par les créateurs est particulièrement bien réussi.

Parmi les numéros les plus impressionnants, on retrouve certainement celui sur S.O.S. d’un terrien en détresse, morceau repris par Ariane Moffatt. Si le tableau débute délicatement avec une acrobate en équilibre sur des cannes, il se termine de façon grandiose avec un numéro de feu où on enflamme littéralement une robe. La finale qui laisse place à des bungees aériens sur la chanson Le monde est fou, interprétée par Gabrielle Shonk, avait de quoi fasciner les spectateurs.

Le plus poétique des numéros est probablement le duo de sangles sur Le monde est stone, chanson cette fois reprise par Beyries. Les athlètes Iryna Galenchyk et Dmytro Turkeiev ont su faire applaudir la foule plus d’une fois au gré de leurs cascades entrelacées. Deux autres numéros sont particulièrement touchants, soit celui sur l’air de Ma mère chantait toujours, demande spéciale de Plamondon impeccablement interprétée par Marie-Pierre Arthur, où les spectateurs, invités à chanter en chœur, ont droit à l’envolée de Lolita l’automate. Puis, sur la voix profonde de Safia Nolin qui chante Le blues du businessman, le numéro de roue Cyr est carrément hypnotisant.

À voir… et revoir

Tout comme Charlebois l’an dernier, Luc Plamondon avoue qu’il avait beaucoup à absorber pour un premier visionnement. Il compte donc y retourner plusieurs fois au courant de l’été. À travers les différents tableaux, il est vrai qu’il faut demeurer attentif pour suivre le récit qu’on ficelle à travers un échantillon de l’œuvre de Plamondon, où un maestro excentrique et ludique s’attache à une muse automate aphone, Lolita, à qui il voudrait redonner la voix.

L’Amphithéâtre Cogeco était plein à craquer le 19 juillet au soir. Il régnait, comme chaque soir de première, un air de fête, accentué par une météo collaborative. Les spectateurs ne se sont pas gênés pour fredonner quelques passages ou applaudir chaleureusement les prouesses les plus impressionnantes.

Certains commentaires entendus à la sortie du spectacle laissent entendre que ce troisième opus de la série Hommage du Cirque du Soleil était le plus apprécié jusqu’ici. Le Cirque du Soleil semble en effet relever la barre d’une année à l’autre, surtout par l’univers unique qui est créé chaque été aux confluents du Saint-Laurent.

Le spectacle est présenté exclusivement à l’Amphithéâtre Cogeco Trois-Rivières jusqu’au 19 août, à 20h45, soit à la tombée du jour.  

Le spectacle en bref:

– 75 minutes de spectacle

– 29 artistes en tout

– 18 disciplines

– Provenance des artistes: Ukraine, Brésil, France, États-Unis, Canada, Belgique, Argentine, Mongolie, Nouvelle-Zélande, Espagne, Suède