Des décisions parfois crève-cœur à prendre

Avec l’annonce de l’interdiction des rassemblements de 250 personnes et plus, puis de l’interdiction de leur ouverture pour éviter toute propagation de la COVID-19 durant la pandémie, les salles de spectacle de la région ont été parmi les premiers lieux à être affectés par les mesures mises en place par le gouvernement du Québec. Déjà, trois semaines plus tard, des impacts économiques se font sentir.

L’équipe de Culture Trois-Rivières, qui gère la salle J.-Antonio-Thompson, la salle Anaïs-Allard-Rousseau, la salle Louis-Philippe-Poisson, le Théâtre du Cégep de Trois-Rivières et l’église St. James, fait face à un véritable branlebas de combat depuis le 12 mars. Pour éviter d’avoir à annuler des spectacles, tout le monde essaie de retrouver de nouvelles dates pour reporter les spectacles.

«On a une belle collaboration avec les producteurs pour tenter de trouver de nouvelles dates qui conviennent de part et d’autres. Le fait de gérer plusieurs salles de spectacles devient un avantage dans la mesure où cela nous offre une plus grande flexibilité. Par exemple, s’il est impossible de reporter le spectacle d’un artiste dans la même salle, on peut proposer une autre salle comparable», explique Mélanie Brisebois, directrice des arts de la scène chez Culture Trois-Rivières.

Mais au-delà du défi de retrouver une date de report qui convient à la fois à l’agent de l’artiste, au producteur et au diffuseur, la salle de spectacle doit également composer avec les autres spectacles qui sont toujours à l’horaire.

«Les programmations se préparent près d’une année à l’avance et en ce moment, on reporte beaucoup nos spectacles à l’automne prochain. Ce n’est pas simple. On aura des semaines très bien remplies cet automne. Toutefois, en le voyant venir, on travaille le tout à l’avance pour s’assurer que tout soit prêt et que les équipements soient pleinement fonctionnels également», indique Mme Brisebois.

Quelques spectacles devront cependant être annulés, notamment dans le cas de pièces de théâtre et de spectacles de danse en raison de la disponibilité des artistes pour ces projets, les artistes étant plus serrés dans le temps de tournée. C’est entre autres le cas de la représentation de la pièce Hurlevents qui était prévue à la salle Thompson le 7 avril.

Certaines décisions crève-cœur doivent aussi être prises. Mélanie Brisebois cite en exemple l’événement Les Petits Bonheurs, l’un de ses événements chouchous, qui devait débuter au début du mois de mai et qui doit être annulé.

En mode virtuel

Pendant la période de confinement, Culture Trois-Rivières propose différentes activités virtuelles pour occuper petits et grands. Le tout est disponible sur le web à cultur3r.com.

«Ce n’est que partie remise. Pour les spectacles québécois qui auraient dû y être présentés, on a une belle ouverture pour les présenter dans la saison régulière à la place. Cependant, on ne peut pas reporter le spectacle d’une troupe française qui était aussi au programme», précise-t-elle en laissant glisser que certaines des activités pourraient être transposées sur le web.

Au moment de l’entrevue, Culture Trois-Rivières n’avait pas fini d’évaluer les impacts financiers engendrés par la situation actuelle, mais plusieurs personnes ont dû être temporairement mises au chômage dans l’organisation, faute de spectacles à présenter. Simplement du côté de l’accueil, ça représente 12 employés à la billetterie et 35 employés affectés à l’accueil et à la technique des spectacles.

«Si on maintient les spectacles reportés, on devrait bien s’en sortir. Les quelques spectacles annulés entraîneront toutefois des pertes d’argent et avec ceux que l’on reporte à l’automne, ça coupe la possibilité de prévoir une supplémentaire», explique-t-elle.

Regagner la confiance des foules

Avant que la fermeture des salles et de la billetterie ne soient demandée, Culture Trois-Rivières avait équipé ses aires d’accueil en savon et désinfectant. «L’important pour nous était d’abord que le personnel et les clients soient en sécurité», précise Mme Brisebois.

Cependant, les salles de spectacle feront face à un autre défi lorsque la reprise des activités sera possible: regagner le sentiment de confiance du public.

«On remarque que les gens sont plus conscients de l’impact qu’ils ont sur la santé des autres, souligne-t-elle. Peut-être qu’ils garderont leurs distances s’ils ne sont pas en santé. Je pense que chaque lieu va changer sa façon de faire pour favoriser un accueil plus sécurisant et plus sécuritaire des spectateurs.»

«Je crois aussi que les gens auront hâte de se rassembler et d’apprécier un spectacle vivant. C’est magnifique de voir les artistes se prêter à des prestations en direct sur Facebook. Ça nous en fait découvrir de nouveaux ou nous fait redécouvrir des artistes qu’on aimait déjà, mais c’est nourrissant de voir un spectacle en vrai», note la directrice des arts de la scène.

La programmation complète et les dates des spectacles reportés sont disponibles à cultur3r.com.