Danser la langue des signes

DANSE. La chorégraphe de la troupe de danse Cas Public s’est longtemps intéressée à la langue des signes. C’est lorsque le danseur Cai Glover a été sélectionné pour rejoindre la troupe que l’occasion d’utiliser la langue signée en danse s’est présentée: Cai Glover est malentendant.

Le danseur a perdu l’ouïe à l’âge de huit ans, des suites d’une méningite. Un implant cochléaire lui a permis de retrouver l’audition un an plus tard.

«En dansant, c’est difficile parce que l’implant s’enlève souvent et il s’éteint parfois en raison de la sueur. C’est déjà arrivé en spectacle qu’il n’entendait tout simplement plus et qu’il enlevait son appareil. Quand ça arrive, il devient super à l’écoute du groupe. Il finit par avoir un rythme musculaire, une musique à lui. Quand ça se produit, on s’écoute et on dialogue avec nos corps. On n’a pas besoin de mots», explique Roxanne Duchênes-Roy, collaboratrice au sein de la troupe Cas Public.

«Je pense qu’Hélène [Blackburn] a trouvé ça intéressant d’utiliser ce handicap comme point de départ pour la production 9, ajoute-t-elle. Ce handicap amène plein d’autres choses. On entre dans la notion des sens. Tous les autres sens se décuplent. Ça devient intéressant au niveau de la danse. Il sent la vibration, entend certaines fréquences. Il devient très sensible à tout ce qui l’entoure.»

La chorégraphe de Cas Public a d’ailleurs traduit la 9e Symphonie de Beethoven en langue des signes québécoise. Ce morceau n’a pas été choisi au hasard: Beethoven avait déjà perdu l’ouïe lorsqu’il l’a composé.

Sur cette symphonie retravaillée par Martin Tétrault pour lui apporter de nouvelles textures et un côté plus urbain, les danseurs s’élancent dans une chorégraphie entremêlant langage des signes,  jeux de jambes et déplacements.

«Les danseurs ont appris la vraie langue des signes avant de monter le tout dans sa forme actuelle. Hélène Blackburn a joué avec le matériel pour l’adapter en danse. Tout le corps est investi dans la chorégraphie, mais on remarque clairement le langage signé.»

9 incarne ce défi d’embrasser  toute la démesure et le grandiose de la 9e Symphonie de Beethoven à travers un audacieux voyage de sensation. En coproduction avec le Kopergietery, l’œuvre se découvre toutes générations confondues, repoussant les frontières du silence pour que la différence se taise et que le corps devienne langage.

L’Académie de danse MOUV en lever de rideau

La première partie du spectacle a été confiée aux élèves de concentration Danse de l’Académie les Estacades, sous la gouverne de l’Académie de danse MOUV.

Découvrez les détails de ce lever de rideau –> Un premier lever de rideau pour les élèves-athlètes

Cas Public & Kopergietery: 9 | Maison de la culture| 2 novembre, 20h | Billets: enspectacle.ca ou 819 380-9797