Danse Encore: le parcours inspirant de Claire Mayer
Fonder un festival de danse en région est un tout défi. Malgré les embuches, la directrice générale et artistique du Festival international de Danse Encore a réussi la tâche avec brio. À la tête de l’événement depuis 25 ans, Claire Mayer lègue à la relève un festival reconnu autant sur la scène locale qu’internationale, tout en attirant plus de 50 000 visiteurs par année.
Le Festival international de Danse Encore n’a plus besoin de faire ses preuves, car sa réputation est maintenant reconnue dans le milieu. Cependant, plusieurs années ont été nécessaires afin que le festival soit considéré comme un événement culturel à part entière.
« Ce qui a été le plus difficile, ça a été de se faire connaitre du grand public et de recevoir des subventions pour grandir », précise-t-elle.
Autrefois, les spectacles et les compétitions se déroulaient principalement à l’intérieur. Dès que Mme Mayer prit la décision d’organiser des activités à même les rues du centre-ville, l’événement a connu une ampleur considérable. « À partir de ce moment, les gens ont commencé à prendre conscience qu’on était là. Ça a beaucoup grandi », explique la directrice générale et artistique.
« Pendant longtemps, le plus grand défi pour nous c’était de se faire reconnaitre ici. Les gens nous connaissaient plus à New York et à Los Angeles qu’à Trois-Rivières », complète Mme Mayer.
Face à l’expansion, le festival avait besoin d’un financement adéquat. Pour se faire, Mme Mayer devait convaincre le Conseil des arts de Montréal de lui octroyer des subventions.
Elle estime que cette tâche fut particulièrement difficile : « Dans ce temps-là, c’était la danse contemporaine qui était à la mode. Il n’y avait pas So You Think You Can Dance ou des spectacles pluridisciplinaires comme on le fait. Ça n’existait pas. C’était encore bizarre pour le Conseil des arts de nous reconnaitre. »
La fondatrice de l’événement s’était donnée pour mission de présenter des styles de danse diversifiés. Or, le Conseil des arts avait de la difficulté à accepter la pluridisciplinarité de l’événement.
Le déclic a eu lieu quand les artistes qui participaient au festival ont commencé à être jury au Conseil. Piqué par la curiosité, ces agents montréalais ont donc descendu à Trois-Rivières afin de constater l’ampleur des festivités.
« On avait des invités de plus en plus importants. On avait des connexions à Toronto, en Italie, un peu partout », souligne avec fierté Mme Mayer. Année après année, ils ont appris à mieux connaitre le festival, pour finalement s’y joindre financièrement.
D’ailleurs, le Festival international de Danse Encore a su bâtir une crédibilité artistique sans précédent.
Pour Mme Mayer, l’un des moments forts de l’événement est sans contredit le 15e anniversaire du festival : « On a fait la 9e symphonie [de Beethoven] avec l’Orchestre symphonique, 100 choristes, 50 danseurs et quatre chorégraphes. (…) Il y avait environ 1 800 spectateurs. Les plus importantes compagnies de la danse contemporaine et du ballet au Canada étaient présentes. » À partir de cet événement, la popularité du festival a monté en flèche.
L’humain en avant-plan
Après 25 ans, il est maintenant temps pour Claire Mayer de passer le flambeau à la relève. La directrice générale et artistique souhaite que le côté humain qu’elle a apporté à l’événement perdure à travers les éditions à venir. « Au festival, il y a un côté très humain et convivial lié à un respect des artistes. Les artistes qui viennent connectent tout de suite avec nous. Je ne voudrais pas que ça se perdre », confie-t-elle.
Elle désire que cette fraternité reste ancrée dans l’ADN du festival. Selon elle, cette proximité constitue la beauté du festival : « Par exemple, au premier gala, les artistes sont chacun dans leur coin. Ils ont un contact pendant 24 heures. Pendant le deuxième gala, les artistes sont dans les coulisses et ils s’encouragent. Déjà, il y a un lien qui est créé. »
Aussi, la personnalité de Mme Mayer restera gravée dans l’héritage du festival. Ses connaissances dans le milieu de la danse ont été bénéfiques dès son arrivée à la direction.
« Souvent, à la tête d’un événement on retrouve des bons managers ou des gens d’affaires, mais on n’a pas de connaisseurs. Moi, j’étais les deux pendant 25 ans », poursuit-elle. Elle savait comment négocier avec les artistes puisqu’elle avait endossé ce rôle dans le passé.
Conclure sur une bonne note
Le 25e anniversaire du festival fut mémorable, au-delà des attentes des organisateurs. Les activités se sont déroulées sous un soleil radieux, au bonheur de tous. « On a eu un bon succès cette année. Je suis très fière », s’exclame la directrice générale.
« Les moments qui ont demandé beaucoup de préparation c’est le souper spectacle au Memphis et ce fut une réussite. Ça a très bien fonctionné. C’était sold-out », soutient Mme Mayer.
Quant au Gala, l’organisation de la soirée fut ardue puisque quinze compagnies différentes performaient sur la scène. « Normalement, on présentait cinq compagnies. Tout était triplé dans la complexité et dans les ententes de services. L’ensemble de l’œuvre était quelque chose de grand », raconte-t-elle.
La saison touristique de la Mauricie a été lancée par la parade en lumière, le samedi soir. Au total, 25 événements et attraits touristiques de la Mauricie défilaient sous les yeux des festivaliers. « On a vraiment été touché par la réponse des événements et des attractions touristiques, exprime-t-elle. À leurs yeux, on a une crédibilité parce que sans ça ils n’auraient pas embarqué avec nous. »
Ainsi, le bilan s’avère être positif pour l’événement de cette année. Pour les prochaines éditions, Mme Mayer agira plutôt en tant que conseillère, le temps de la transition. « J’ai appris énormément à travers cette expérience et j’espère que les gens vont encore se servir de ma tête et de mon expertise », conclut-elle en riant.