Conservatoire de musique de Trois-Rivières : une nouvelle directrice fait son entrée
À compter du 5 janvier, Eve Martin fera son entrée au Conservatoire de musique de Trois-Rivières à titre de directrice de l’institution. Elle succède ainsi à Jean-François Latour qui relève maintenant de nouveaux défis au Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec.
L’idée de travailler au sein d’un conservatoire proche de sa communauté et situé en région l’attirait. «J’ai grandi dans un fond de rang dans le comté de Portneuf. L’appel de sortir de Montréal résonnait de plus en plus fort chez moi et quand j’ai vu cette opportunité se présenter, j’ai décidé de me lancer, même si c’est peut-être arrivé plus tôt que prévu dans ma carrière», confie Eve Martin.
Elle souligne que la situation du Conservatoire de Trois-Rivières est particulièrement intéressante, notamment par sa position particulière entre Montréal et Québec, mais aussi par sa couleur locale.
«C’est un conservatoire avec un bel esprit familial et une belle équipe de professeurs. On ne m’en dit que du bien», assure-t-elle.
On y retrouve aussi quelques programmes d’enseignement que l’on ne voit pas dans les autres conservatoires de musique, comme l’écriture musicale. La nouvelle directrice avait aussi hâte de poursuivre la mission de l’incubateur de talents, mis en place par Jean-François Latour pour favoriser la professionnalisation. «C’est un merveilleux outil qui doit continuer d’exister! C’est un levier important pour préparer de jeunes carrières. C’est aussi notre rôle d’avoir les yeux tournés vers l’avenir», lance-t-elle.
Pour Mme Martin, la valorisation de la musique doit teinter les différentes interactions, et ce, autant avec les acteurs de la communauté régionale qu’avec le corps professoral.
«Je veux valoriser la discipline avec tous les acteurs qui y contribuent pour faire rayonner le conservatoire. La musique a été un peu malmenée ces dernières années. On a besoin de montrer des exemples positifs pour que les gens aient le goût d’étudier la musique», fait remarquer la nouvelle directrice du Conservatoire de musique de Trois-Rivières.
«C’est très actif sur le plan de la culture en Mauricie et au Centre-du-Québec, poursuit-elle. Il y a des regroupements économiques avec des tables de culture qui sont intéressants. C’est une super belle région pour travailler. Le territoire est grand, mais la musique est l’un de ces médiums qui peuvent aller loin dans ce territoire.»
Mme Martin souhaite ancrer encore davantage le Conservatoire de musique de Trois-Rivières dans la communauté, mais aussi de le faire rayonner encore plus sur le territoire dans la promotion de la musique.
Diplômée du Conservatoire de musique de Québec en chant classique, Eve Martin a également poursuivi une formation aux études supérieures en gestion d’organismes culturels de HEC Montréal. La musique, l’éducation et la jeunesse ont toujours guidé ses choix à travers son parcours professionnel.
«J’ai commencé à enseigner pendant mes années au conservatoire. J’ai vu comme c’est formateur. J’aime cette relation qu’on établit avec les élèves, raconte-t-elle. C’est par là que j’ai découvert que je ferais peut-être des contrats de musique, mais j’ai aussi vu que j’aimais l’enseignement. Mais je voulais aussi avoir des leviers pour agir en musique du côté de la gestion, d’où ma décision d’étudier au HEC. Je sentais que j’avais une certaine vision des choses, en partie en raison de ma formation de musicienne. Ma formation musicale m’a permis de développer beaucoup de compétences que j’ai transférées dans les postes de gestion que j’ai occupés.»
Elle se donne pour mission de montrer que le fait d’avoir une formation musicale ne peut être que bénéfique. «Ta formation musicale fait de toi quelqu’un de différent de ton collègue à côté, que ce soit dans ta façon de voir le monde ou de l’analyser. Je veux rassurer les jeunes dans leur envie d’aller en musique, rassurer les parents des bienfaits d’un tel choix», fait-elle valoir.
Elle ne croit pas que la pandémie compliquera le recrutement de futurs élèves du Conservatoire de musique de Trois-Rivières.
«Oui, ça peut être difficile de faire carrière comme musicien. La situation engendrée par la pandémie a fait prendre conscience aux gens de l’importance de faire ce qu’ils aiment, ce qui les nourrit au fond d’eux. Je vois des gens qui décident de revenir à la musique après avoir fait un choix plus cérébral. On a une approche qui peut avoir un sens pour certaines personnes», commente Mme Martin.
«Il faut inspirer nos élèves, montrer ce que peut être une carrière de musicien. Ça ne se passe pas seulement en orchestre. On peut lancer son propre ensemble si on a la fibre entrepreneuriale. On a de très beaux ensembles de musique de chambre québécois qui ont une réputation internationale. Il y a aussi de belles possibilités auprès du jeune public. Peut-être qu’on ne met pas assez de l’avant les différentes façons de vivre de la musique. C’est d’autant plus pertinent de le faire dans l’ère actuelle», conclut-elle.