«Voyager avec 40 clowns, c’est surréel!» (Patch Adams inclus)

«Ouf!»

Difficile pour Guillaume Vermette, alias Yahou le clown, de résumer brièvement son récent voyage humanitaire en Russie.

«C’est le voyage de ma vie. Je n’ai jamais autant pleuré et ri à la fois, raconte Guillaume. J’ai vu des choses horribles. Ça m’a troublé et pourtant, ce n’était pas mon premier voyage humanitaire, mais c’était dur. Par contre, j’étais entouré de 40 clowns provenant de partout sur la planète et qui ont chacun leur histoire. Ils sont inspirants et donnent de l’espoir.»

«Je me suis plus senti dans un univers parallèle qu’en Russie. Voyager avec 40 clowns, c’est surréel!»

Le clown trifluvien a visité des orphelinats, des hôpitaux, des résidences pour personnes âgées et des instituts de santé à Moscou et Saint-Pétersbourg du 5 au 20 novembre dernier. Le voyage était organisé par Patch Adams et l’Institut Gesundheit.

Les conditions sont difficiles dans les orphelinats en Russie. D’après Russian Children’s Welfare Society, le nombre «officiel» d’orphelins y serait de quatre à cinq fois plus élevé qu’en Europe et aux États-Unis.

«Leur vie est un enfer. Les enfants sont numérotés… C’est pratiquement une prison. Ils attendent d’y mourir, surtout les orphelins russes sont très rarement adoptés. Là-bas, j’ai rencontré Maria, qui est à la tête de Maria’s Children, qui était notre principale collaboratrice. Sa vie, c’est de faire de son mieux pour améliorer la vie des orphelins et amasser de l’argent pour organiser des activités», précise Guillaume.

Orphelins drogués

À l’orphelinat 28, il y avait Sacha, âgé de 16 ou 17 ans. Géré par le ministère de la Santé, cet orphelinat accueillait les enfants souffrant de problèmes physiques et de santé mentale.

«Sacha n’avait pas de problème de santé physique ni mentale. Il était en forme, triste, mais correct. Il était Noir. C’est probablement le plus allumé et intelligent, ainsi qu’un des enfants les plus fins que j’ai rencontrés. Il faisait quelques acrobaties et on s’est rapidement bien entendus ensemble», se souvient Guillaume Vermette.

Tous les autres orphelins étaient drogués pour arriver à mieux les gérer, mais quelques élus comme Sacha étaient épargnés. Les responsables les faisaient travailler, raconte-t-il. Mais Sacha se faisait abuser.

«Chaque fois que je le voyais, j’avais l’impression que c’était le plus beau jour de sa vie. Il était extrêmement heureux. Je n’ai jamais eu l’impression de faire autant de bien avec mon art.»

Plus drôle en français

Au cours du voyage, Guillaume Vermette s’est vite rendu compte que Yahou était plus efficace lorsqu’il parlait en français!

«L’ironie, c’est que ma partenaire clownesque parlait…hollandais! Pourtant, on arrivait à se comprendre et on allait dans le même sens. C’était assez fou. On a travaillé en duo pendant tout le voyage.»

«Je me souviens qu’on était entré dans une chambre d’hôpital et qu’on a vu un petit garçon d’environ quatre ans, intubé et qui pleurait. Son père pleurait aussi à ses côtés. On ne savait pas trop quoi faire. Instinctivement, on s’est mis à lui parler dans notre langue d’origine et on lui disait "Pauvre toi", "J’espère que tu vas aller mieux"… Il aimait entendre parler français et néerlandais, car dès qu’on arrêtait, il se remettait à pleurer. On est resté là pendant 30 minutes, jusqu’à ce qu’il finisse par s’endormir doucement», raconte-t-il.

Patch

«Le film, ce n’est rien. C’est plutôt un "preview" du personnage», assure Guillaume Vermette.

«C’est un véritable docteur et, à mon avis, un clown accompli. C’est sa vie. C’est fou: il connaît 10 heures de poésie par cœur, il est constamment habillé en clown, il a son opinion pour chaque chose. Et de l’argent qu’il reçoit, il n’en garde que 5%. Le reste, il l’envoie à l’Institut Gesundheit. Il répond à chaque lettre et chaque téléphone qu’il reçoit. Il a beau mesurer plus de six pieds, il a l’air inoffensif. Je pense que la meilleure manière de le comprendre, c’est d’écouter la chanson "Imagine"», soutient-il.

«J’avais besoin de ce voyage. Il m’a ramené à ce pourquoi je suis un clown.»

Guillaume indique qu’un second film sur Patch Adams devrait sortir au cours des prochaines années.

Des projets plein la tête!

Guillaume est revenu au pays avec des projets plein la tête pour son alter ego Yahou.

Il a notamment été invité à prendre part au camp d’été de l’organisme Maria’s Children. Sa partenaire clownesque l’a aussi sollicité en vue de la période des Fêtes pour faire de l’animation auprès de sans-abris et d’enfants hollandais. Il aurait également l’occasion de participer à un festival aux États-Unis et de retourner en Russie lors du prochain voyage organisé par l’Institut Gesundheit.

«Il y a aussi des enfants malades à Trois-Rivières et je veux faire quelque chose dans le coin, mais je ne sais pas encore quoi exactement», souligne Guillaume.

Il est présentement à la recherche de commanditaires pour l’aider à financer ses prochains voyages humanitaires.