Vivre avec le VIH à 20 ans
Apprendre à l’adolescence que nous avons développé le VIH et que nous sommes venus au monde avec le sida dans le sang, c’est tout un choc pour le commun des mortels. Jean-Simon (nom fictif) l’a appris de la bouche de sa mère. Et il dit avoir bien encaissé la nouvelle.
C’est que Jean-Simon se doutait de quelque chose. Il prenait des médicaments depuis l’enfance, mais il ne savait pas pourquoi. Aujourd’hui encore, il prend cinq médicaments par jour.
«Je croyais que tous les enfants prenaient ces médicaments à chaque jour. Ma mère me les donnait et je les prenais sans me poser de questions», dit-il.
Un jour, il a commencé à poser des questions.
« J’étais à la fin de mon secondaire. Je me doutais que j’avais le VIH mais je n’étais pas certain. Un jour, j’ai demandé à ma mère si j’avais le VIH et elle m’a répondu oui. Je ne me suis pas fâché. Qu’est-ce que je pouvais faire? Il aurait été inutile de me morfondre et de pleurer toute la journée.»
Secret lourd à porter
Jean-Simon décide de n’en parler à personne. Il est conscient des préjugés et de la désinformation face au VIH. Il croit que le risque n’en vaut pas la peine.
« Ici à Trois-Rivières, c’est un peu comme un petit village. Si tu dis quelque chose de cette ampleur, ça va se répandre très vite. J’ai très peur des préjugés que les gens entretiennent vis-à-vis la maladie. Les gens sont encore peu ou mal informés» dit-il.
Sa famille sait que si une telle nouvelle se propage, Jean-Simon en sera la victime.
«Les gens pourraient éviter Jean-Simon. Par conséquent, il pourrait passer à côté de merveilleux moments ou de grandes occasions », nous confie un membre de sa famille.
Seules la famille de Jean-Simon et une amie d’enfance sont au courant.
«À mon amie d’enfance, je ne lui ai jamais dit directement. Elle m’a posé la question un jour. J’ai répondu avec peu de mots. On s’est très bien compris. Notre relation n’a pas changé. Encore aujourd’hui nous sommes très proches l’un de l’autre. Je savais que je pouvais lui faire pleinement confiance. J’ai bien l’intention de garder le secret toute ma vie.»
4800$ par mois
Puisqu’il est né avec le VIH, Jean-Simon ne suit pas de trithérapie mais il absorbe un tas de médicaments. La facture : 4800$ chaque mois. Les assurances paient tout.
« Tant et aussi longtemps que la médication fera effet, Jean-Simon s’y soumettra. Le jour où il n’y aura plus de progrès, on explorera d’autres avenues » explique une infirmière.
Vie normale
« Malgré la maladie, je me sens comme les autres, dit Jean-Simon. Je ne pense pas à ça. Je vis et j’espère réaliser mes rêves. Je ne m’arrête jamais pour y penser. Pour moi il n’y a rien d’anormal là-dedans. Je prends mes médicaments chaque jour. C’est tout ce qui est différent par rapport aux autres gens. »
Jean-Simon n’a jamais eu de vie amoureuse. Il est dans la vingtaine aujourd’hui. Comme tout le monde, il espère rencontrer l’âme sœur. Il est très conscient de la maladie qui le guette et des répercussions qu’elle pourrait entraîner dans une relation.
Jean-Simon poursuit ses études et possède un emploi très intéressant avec un excellent salaire. Il rêve à une grosse maison avec garage. Et il rêve à plusieurs enfants avec la femme qu’il aimera.
« Je veux bâtir ma maison moi-même et j’espère avoir plusieurs enfants», dit-il.
Aujourd’hui, une personne atteinte du VIH peut très bien avoir des enfants normaux et en pleine santé à condition que les patients suivent les recommandations du médecin. Les mères accouchent par césarienne en général.
Combat
Plusieurs personnes sont très mal informées de la maladie. Elles ont encore de très grandes réticences face au VIH. Certains sites internet réclament la mort de tous ceux qui sont atteints de la maladie.
Une infirmière de la maison RE-NÉ nous a raconté que même les infirmières étaient mal perçues par certaines personnes juste parce qu’elles travaillaient avec des gens atteint du VIH.