Vie en résidence: après le deuil la «libération»

Le départ d’un proche vers une résidence pour personnes âgées ne rime pas nécessairement avec des scénarios cauchemardesques.

«D’habitude, l’adaptation en résidence se fait bien parce que ça allège le fardeau d’entretenir la maison, faire le ménage, etc. Ça peut même être perçu comme une libération. Par ailleurs, le temps que la personne prenait pour s’occuper de la maison, elle peut alors le passer avec sa famille ou à se reposer», explique Lyson Marcoux, psychologue et professeure de gérontologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Dans plusieurs cas, ce n’est pas la famille qui incite leur proche à s’établir en résidence pour personnes âgées. Ils prennent la décision par eux-mêmes, mais pas nécessairement pour les mêmes motifs.

Lyson Marcoux mentionne que les femmes, généralement, quittent leur domicile parce qu’une maison représente beaucoup d’entretien (ménage, réparation, etc.), tandis que les hommes partiraient surtout pour briser l’isolement. En résidence, il pourra croiser d’autres personnes.

Le droit d’être triste

«En voulant bien faire, on fait souvent l’erreur de trop miser sur le positif. Tous les "Tu vas tellement être bien, tu vas voir" ne laissent pas de place pour vivre le deuil de partir de sa maison. Car c’est un deuil. Souvent, les personnes ont vécu longtemps dans leur maison et certains l’ont même construite. Pour faciliter l’adaptation en résidence, il faut prendre le temps de vivre son deuil», souligne Mme Marcoux.

Elle précise que la personne âgée qui déménage a le droit d’être triste et qu’il faut le respecter et ne pas la forcer outre mesure.

«Vivre en résidence peut être vu positivement aussi. Tu sais qu’il y aura une activité tous les jours, les heures de repas sont bien établies et tu es sûr de rencontrer quelqu’un en sortant de ta chambre ou ton appartement. Le truc pour s’adapter plus facilement, c’est d’oser sortir de son cocon et choisir des activités qui nous plaisent. Il faut vivre son deuil, mais ne pas s’apitoyer sur son sort non plus», note la professeure.

La transition se fait généralement mieux vers une résidence pour personnes autonomes.

Le cauchemar de la perte d’autonomie

C’est surtout en situation de perte d’autonomie que le départ de la résidence familiale peut être déchirant.

Différentes catégories de résidences sont disponibles en fonction du nombre d’heures de soin que nécessite le résident. Ça passe de la résidence de type familiale aux résidences intermédiaires et finalement, aux CHSLD.

«Les personnes redirigées vers les CHSLD sont des cas plus lourds d’Alzheimer ou de pertes cognitives par exemple. Dans ces cas, il est important d’amener des éléments de la maison vers la résidence pour que le résident puisse avoir des repères. Il peut s’agir d’une commode, de photos souvenirs, d’une douillette, etc. Ça facilite l’adaptation et ils se sentent plus chez eux», indique Mme Marcoux.

Choisir LA bonne

L’important est avant tout de choisir la résidence qui nous convient.

Plusieurs détails sont à considérer comme la localisation, le coût par rapport aux services offerts, le système d’urgence, les activités, si les animaux sont permis, la présence ou non d’un agent de sécurité, le stationnement, la durée du bail, etc.

«Il ne faut pas avoir peur d’aller sur place à différentes heures du jour. Il y a même des agences d’hébergement qui peuvent magasiner pour vous. Par contre, il faut demander à voir le certificat de conformité qui permet de s’assurer que la résidence privée est conforme aux normes gouvernementales. Il est aussi important que questionner sur ce qu’il advient en cas de perte d’autonomie», insiste Lyson Marcoux.

La Table de concertation «Abus auprès des aînés» de la Mauricie a réédité en 2010 son guide «Comment choisir une résidence pour personnes âgées». Il est disponible à la Table de concertation ou en téléphonant au 819-697-3146.