Une nomination qui fait chaud au cœur 

L’Office des personnes handicapées du Québec a récemment dévoilé ses finalistes des Prix À part entière 2023. Dans la catégorie « Individus », pas moins de deux Mauriciens se sont distingués, soit Julie Normandin et Paul Gaudet.

Paul Gaudet est enseignant à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Depuis près de 20 ans, il est connu pour offrir une occasion spéciale aux aspirants bacheliers des départements des sciences de l’éducation, des arts, des sciences de l’activité physique et de la santé. Il leur propose d’enseigner avec des élèves ayant une déficience intellectuelle avec ou sans trouble du spectre de l’autisme, son objectif étant de sensibiliser les étudiants universitaires aux difficultés d’apprentissage que vivent ces élèves.

« On fait notre travail avec le même but ultime, soit l’inclusion sociale, l’inclusion professionnelle et l’inclusion scolaire. C’est ça que je vise depuis 25 ans. J’ai eu des bâtons dans les roues au début. J’étais habitué avec les plateaux de travail et j’ai décidé de les intégrer ici dans les autres pavillons de l’université. C’était correct du côté de la Psychologie, mais pas vraiment dans le secteur ici. C’est là qu’on a fait tomber des barrières. Depuis, on permet aux personnes atypiques d’avoir une vie  »normale » et que les autres autour les acceptent », lance-t-il.

« On leur a trouvé des emplois et des tâches. Dans ma philosophie d’enseignant, ç’a toujours été que si tu veux travailler avec quelqu’un pour le faire avancer, tu ne dois pas travailler ses faiblesses, mais bien ses forces. Puis un jour, un jeune m’a dit: Paul, je veux aller dans vos cours comme les autres, dans une classe. J’ai parlé avec Marc Ayotte, avec qui j’ai travaillé pendant 25 ans, et on a réussi même si ce fut difficile au départ. »

Ce projet novateur permet un jumelage gagnant-gagnant. Il permet aux étudiants bacheliers d’avoir un premier contact avec la déficience intellectuelle, tout en permettant également aux élèves ayant des besoins particuliers de bénéficier d’un enseignant privé leur accordant toute l’attention nécessaire pour réussir leurs apprentissages. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu sa nomination au Prix À part entière 2023. « C’est le fun comme reconnaissance. Je suis agréablement surpris et on est fier », ajoute M. Gaudet.

Soccer adapté unifié

Pour sa part, Julie Normandin, elle est l’instigatrice du projet les « AS » Typiques, à Trois-Rivières. Depuis deux ans maintenant, elle a mis sur pied un club de soccer inclusif qui est destiné aux enfants de moins de 12 ans vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. 

« Lorsque j’ai eu ma première fille, il a fallu trois ans avant qu’une équipe de généticiens du Centre hospitalier Sainte-Justine trouvent la maladie orpheline dont elle souffrait. Elle a le syndrome Kabuki, qui est extrêmement rare. Elle est plus âgée maintenant et elle voyait mes jumelles jouer au soccer. Elle voulait jouer elle aussi, avec un uniforme, dans une ligue. Dans différentes régions, il y a des parents dépourvus qui disent que rien n’existe pour leur enfant. J’ai donc pris les devants et j’ai foncé avec mon idée de partir une ligue », lance celle qui vient de troquer une carrière de 20 ans en Marketing pour un poste de techniciennes en éducation spécialisée (TES) en milieu scolaire.

« J’ai d’abord texté des mamans qui ont un enfant différent et qui sont dans la même classe que ma fille. Je leur ai dit qu’on pourrait se réunir un soir pour jouer et que mon chum pourrait coacher. Je l’ai aussi écrit sur Facebook et ç’a explosé. On a vu qu’on a créé un besoin. On n’avait pas loin de 50 personnes sur le terrain à chaque match l’été passé. Il y avait des parents, des frères et sœurs, des professeurs et des éducateurs de l’école. Les parents aussi en ont besoin, ne serait-ce que pour échanger entre eux, entre parents qui vivent les mêmes réalités. »

Les « AS » Typiques, qui en sont maintenant à leur deuxième année d’existence, ont d’ailleurs remporté l’hommage « Coup de cœur » au plus récent Gala Sport-hommage de la Mauricie. Elle aussi se dit touchée par sa nomination au Prix À part entière 2023. « C’est flatteur! On fait de l’inclusion et c’est ça mon mentorat. On le fait pour la cause. Mon projet, je l’ai fait par amour. C’est gratifiant et lorsque tu vois la différence et l’impact qu’on a sur les autres, wow! », ajoute-t-elle. 

Soulignons que le Prix À part entière vise à rendre hommage aux personnes et aux organisations qui contribuent à accroître la participation sociale des personnes handicapées. Il est remis tous les deux ans par l’Office des personnes handicapées du Québec et son porte-parole est l’auteur et producteur Stéphane Laporte. Dans la catégorie « Individus », on retrouve cinq finalistes. Les gagnants devraient être dévoilés le 3 décembre prochain lors de la Journée internationale des personnes en situation de handicap.