Un pied en moins, mais un cœur gros comme la terre

Les enfants de 8 ans se lèvent et déjeunent devant Passe-Partout. Ils filent à l’école et rentrent à la maison. Ils s’empressent d’aller jouer dehors jusqu’aux «les enfants, venez souper!». L’hiver, ils jouent au hockey dans la rue et l’été, ils se baignent à la piscine du quartier. Ils s’amusent. Pour Malyk Sévigny, ce fut une tout autre histoire.

Malyk s’est fait happer par une voiture le 29 juillet 2004 alors qu’il n’était âgé que de 8 ans.

«J’ai fait un traumatisme cranio-cérébral (TCC) sévère, mais j’ai continué à aller à l’école régulière. Au secondaire, je n’étais plus suivi, mais j’ai continué pareil. Ensuite, j’ai essayé de faire un diplôme d’études professionnelles (DEP) en Mécanique automobile, car la vie ne s’arrêtait pas là. Entre temps, j’avais été repris en charge par un centre de réadaptation qui m’a aidé à réaliser des choses que j’avais de la misère à réaliser et à prendre conscience de mes difficultés», lance-t-il d’emblée.

«Mon pied gauche était très endommagé. Durant toutes ces années, il me servait pas mal juste d’appui. Encore une fois, la vie ne s’arrêtait pas là et je continuais même à faire du sport. On m’avait dit qu’il redeviendrait normal un jour. Ce jour n’est jamais venu, jusqu’à ce qu’on me conseille l’amputation à 22 ans.»

Malyk a fait la paix avec les évènements survenus le 29 juillet 2004, tellement qu’il s’est fait tatouer la date sur son bras gauche.

«Je ne regrette rien de ma vie. Toutes les personnes à mobilité réduite m’attirent et je sais que lorsque je leur apporte mon aide, ils l’apprécient. Je sais que j’ai failli rester là et j’ai travaillé fort pour m’en sortir. J’ai dû réapprendre à marcher, à parler et à manger seul. Je suis fier d’où je suis rendu», témoigne le Trifluvien d’adoption.

«Les médecins disaient que j’aurais de la misère à m’en sortir et à me remettre sur pied. Au contraire, j’étais tanné d’être à l’hôpital et j’ai fait tous les efforts pour me réapproprier une vie normale.»

Tel que mentionné plus haut, Malyk a eu une décision à prendre, soit celle de se faire amputer à partir du genou gauche.

«Je suis arrivé au bout de sa capacité. L’option devant moi, c’était de l’essai erreur et je n’avais pas envie de ça. Je sais comment ça fonctionne les hôpitaux pour l’avoir vécu pendant longtemps, alors ça ne me tentait pas de recommencer. J’avais envie de vivre», confie-t-il.

«J’ai 23 ans et je ne regrette aucunement. Je suis vraiment content de ma décision. On m’a amputé le 22 janvier 2018 et cette décision m’a amené où je le voulais. Aujourd’hui, j’ai une copine avec qui je suis très heureux, en plus de nos deux chats (rires).»

Une mission hors du commun

Le 24 décembre 2017, Sabryna Mongeon a heurté un poteau d’Hydro-Québec alors qu’elle prenait place au volant de sa voiture, dans la région de Gatineau. Les médecins ont dû lui amputer ses quatre membres suite à l’électrocution qui s’en est suivi.

«Aussitôt que j’ai lu ça dans le journal, j’ai fait les démarches pour aller la rencontrer. Je voulais lui redonner espoir. J’ai contacté sa sœur et je me suis trouvé un lift pour me rendre à son hôpital. Quand je l’ai vu, j’aurais voulu tout y donner. Je lui ai remis une carte d’encouragement et nous avons discuté longuement», se souvient-il.

«Je me disais que j’avais décidé de me faire amputer à 21 ans et j’accrochais sur le fait qu’elle n’avait que 18 ans seulement. Je me disais qu’elle n’avait pas choisi ça. J’avais une mission à faire et j’ai réussi. On est demeuré ami depuis et cet été, j’ai même assisté à son shower de bébé. On va être ami pour la vie et on va avoir de beaux projets à faire ensemble.»

Maintenant déclaré invalide au travail, Malyk n’entend pas rester inactif pour autant. Bien au contraire…

«La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), ma travailleuse sociale et mon ergothérapeute en sont venus à la conclusion que je ne pourrais plus travailler. Lorsqu’on m’a appris ça, je me suis vraiment demandé ce que j’allais faire de ma vie et je ne me voyais pas assis seul à la maison toute la journée. Je voulais m’impliquer dans le bénévolat parce que j’aime ça redonner aux gens et offrir mon aide à des organismes dans le besoin.»

«J’essaye d’occuper mon temps de la bonne façon. Je n’ai pas de limite! Je m’implique aussi auprès des personnes épileptiques. Je vais me trouver d’autres organismes où m’impliquer. Je serais le plus heureux du monde si d’autres organismes venaient me chercher», conclut-il.

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Chantal Brisson et Malyk Sévigny. Photo Hebdo Journal – Jonathan Cossette

Malyk Sévigny conférencier

Tel-Écoute Trois-Rivières et Tel-Écoute Louiseville ont décidé de s’associer dans le cadre la «Journée de l’écoute» au Québec. En effet, c’est ce jeudi 24 octobre qu’aura lieu la deuxième édition. L’organisme trifluvien a décidé d’offrir une conférence de Malyk Sévigny à toute la population.

La conférence «Une décision pour la vie» s’amorcera à 19h à la Salle Maurice-Pître, située au 6455 de la rue Notre-Dame Ouest, à Trois-Rivières.

«Je vais expliquer mon cheminement depuis le 29 juillet 2004, soit cette date qui a changé ma vie. Je vais résumer les échecs auxquels j’ai fait face et les décisions que j’ai dû prendre. Je veux expliquer comment je m’en suis sorti, comment je veux m’impliquer dans le bénévolat et créer des évènements avec des personnes à mobilité réduite», a résumé le jeune homme de 23 ans.

Chantal Brisson, responsable de Tel-Écoute Trois-Rivières, l’a choisi parce que son vécu est très inspirant.

«Malyk est impliqué à la Popotte roulante avec nous (au Centre d’action bénévole (CAB) Laviolette). L’important, si on veut donner, c’est aussi de s’écouter. Malyk a dû s’écouter lorsqu’est venu le temps de prendre la décision de se faire amputer le pied», lance-t-elle.

«Il répète toujours que la vie ne s’arrête pas là et c’est vrai. C’est un exemple de résilience et de persévérance alors c’est là que ça fait un lien avec Tel-Écoute. On a beaucoup de défis à relever dans la vie et Malyk a cette joie de vivre. Il donne l’espoir de ne pas s’arrêter et de voir qu’au-delà de nos difficultés, il y a du beau et du bon. Il a beaucoup à partager de son vécu et de sa sagesse par rapport à l’événement qu’il a vécu. C’est un lien important avec Tel écoute.»

Le clown humanitaire, Guillaume Vermette, est également impliqué, lui qui occupe le rôle de porte-parole de Tel-Écoute Trois-Rivières depuis maintenant cinq ans. D’ailleurs, Tel-Écoute Trois-Rivières célèbre actuellement ses 45 ans de création.

Les 21 autres centres d’écoute de l’Association des centres d’écoute téléphonique du Québec (ACETDQ) organiseront aussi des activités dans les autres régions du Québec avec Florence K à titre de porte-parole.