Un boulevard urbain plutôt que l’autoroute

Si la ville était une pâte à modeler, qu’en feriez-vous? Est-ce que vous la changeriez du tout au tout ou certains secteurs seulement? L’Hebdo Journal a posé la question à trois architectes de Trois-Rivières. Ils ont parlé d’architecture, mais aussi d’aménagement urbain.

Jonathan Boucher, architecte originaire de Québec et professeur d’architecture au Cégep de Trois-Rivières.

«Je replacerais l’autoroute où elle était prévue à l’origine», lance tout de go l’architecte. «Elle a été détournée pour des raisons politiques, notamment pour amener le flot de circulation vers le centre-ville. J’ai l’impression que ça crée une cicatrice dans la ville.»

Sa vision: transformer cette partie d’autoroute en boulevard urbain aménagé sur lequel on retrouverait une piste cyclable, des bancs, etc.

«Je pense que ça permettrait de réunir des quartiers divisés. Je pense entre autres à St-Sacrement qui est enclavé. Je verrais ça comme le boulevard Champlain à Québec. Avant, c’était un boulevard impersonnel. Tout a été revégétalisé et on y roule moins vite qu’avant. Un projet semblable a aussi été réalisé à Boston: l’autoroute passe sous la ville et des parcs ont été aménagés», explique-t-il.

«Ça serait agréable à Trois-Rivières… et je ne pense pas que ça nuirait au centre-ville», ajoute M. Boucher.

«Trois-Rivières phobie»

«En Europe, on n’hésite pas à faire des insertions modernes, même dans de plus vieux quartiers. Peut-être veut-on, ici, recréer du vieux parce qu’on en a moins. Au centre-ville, quelques insertions modernes seraient intéressantes», lance M. Boucher.

Malgré tout, il aime bien le centre-ville qui se veut très semblable à ce qu’il était à l’époque.

«J’aime la densité. Ici, j’ai le sentiment qu’il y a de la vie au centre-ville, comme c’est le cas à Québec ou Montréal. Ça a beaucoup changé avec les années. Je me souviens que, plus jeune, j’avais peur de Trois-Rivières. Ce n’est pas beau quand tu arrives par l’autoroute 40, mais la ville gagne à être connue de l’intérieur», soutient M. Boucher.

Ô fleuve

Difficile de parler de Trois-Rivières sans évoquer le fleuve qui longe la cité de Laviolette. D’ailleurs, l’Île St-Quentin pourrait aussi être mieux exploitée, affirme l’architecte.

«Il y a un potentiel énorme qui dort là-bas. Peut-être qu’en y intégrant des restaurants, un lien se ferait plus facilement avec le centre-ville. Rêvons un peu: pourquoi pas un pont piétonnier suspendu!»

«Trois-Rivières sur St-Laurent est aussi un site unique. C’est une très belle opportunité de développement. À Québec, ils font des quartiers dans des quartiers. Je pense que ça pourrait commencer avec Trois-Rivières sur St-Laurent. Je l’imagine avec un mélange d’habitations et de commerces, le tout dans un espace bien exploité. Il faut évidemment donner accès au fleuve et à la rivière. C’est bien que la Ville investisse dans ce lieu», commente-t-il.

Bel exemple d’architecture

«J’aime bien le style plus moderne de l’hôtel de ville et de la Maison de la culture aux alentours du parc Champlain au centre-ville. Ça devrait bien vieillir. »

À ne pas répéter

«Je trouve que la rue Fusey a mal vieilli. Elle vit un déclin industriel. Il ne faut pas s’attendre à un investissement je pense, mais c’est dommage. La rue a un beau potentiel. Sinon, en général, des constructions de huit étages dans des secteurs de constructions à deux étages, ça ne fonctionne pas.» À lire également: La tour de verre et le boulevard Parent à lhebdojournal.com section société.

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