Travail et vie personnelle ne font plus qu’un!

S’il y a un endroit où l’impact des nouvelles technologies est palpable, c’est le monde du travail. Ordinateur, Internet, cellulaire, téléphone intelligent.

De plus en plus de travailleurs utilisent un téléphone intelligent comme le iPhone ou le Blackberry pour faciliter leurs tâches.

«La distinction classique entre le lieu de travail et la vie personnelle n’est plus claire avec ces outils. Les frontières ont disparu. C’est comme s’il y avait une continuité entre le personnel et le professionnel. Avant l’arrivée de ces technologies, les sphères étaient distinctes, maintenant elles sont interconnectées. Je peux être à mon travail, le faire convenablement, mais rien ne m’empêche de parler sur Internet avec une amie. Ce mode de vie en parallèle est fascinant. À quel point ces applications rendent-elles service à l’usager? Jusqu’où peut-on aller dans cette façon de jongler avec les sphères? Il faut responsabiliser l’usager. C’est le choix de la personne connectée d’utiliser les applications de cette façon», indique Synda Ben Affana, professeure en communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

Conciliation travail-famille

Dans une société où tout va vite et où l’on parle de plus en plus de conciliation travail-famille ou travail-étude, les nouvelles technologies sont parfois perçues comme une solution.

En juin 2009, Kelly Services mettait en ligne une étude internationale portant sur les milieux de travail. Selon eux, 80% des répondants canadiens ont indiqué que les technologies de communication mobile, comme les téléphones intelligents et les ordinateurs portables, ont accru leur productivité individuelle et, pour plusieurs, ont favorisé un équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle.

«Plusieurs employés ont maintenant la possibilité de travailler de la maison ou à l’extérieur du bureau, à n’importe quelle heure du jour. L’expérience s’avère positive au chapitre de la productivité et de l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Même si certains travaillent un plus grand nombre d’heures, cette réalité est grandement compensée par la plus grande liberté et flexibilité du lieu de travail virtuel», explique Karin French, vice-présidente et directrice générale de Kelly Canada.

Accro au travail

Mme Ben Affana pense qu’il importe de se demander si ces outils sont des moyens pour arriver à une forme de conciliation travail-famille ou travail-étude.

«On peut le voir de cette façon. On entend presque toujours parler d’affaiblissement du lien social à force d’être connecté. Je ne suis pas certaine que ce soit exactement ça», ajoute-t-elle.

La professeure souligne que même si ces applications peuvent être vues comme une façon de travailler encore plus, les personnes accros au travail trouveraient simplement d’autres outils pour donner toujours plus de leur temps à leur vie professionnelle.

«Ceux qui ont des traits de personnalités d’accro au travail vont utiliser d’autres outils de la même façon. C’est comme l’étudiant dans une salle de classe qui ne veut pas écouter. Le jour où on va lui donner un ordinateur, il ne va pas changer. Il va simplement prolonger ce comportement. Je pense qu’on accorde trop de pouvoir aux objets. L’individu élabore son propre modèle d’usage. Les objets restent des objets», croit Mme Ben Affana.

Elle ajoute: «Il faut responsabiliser l’usager, lui faire confiance. Chacun définit son usage. Je suppose que chacun utilise ces applications pour bonifier son quotidien, que ce soit en termes de travail ou dans sa vie personnelle. Je refuse catégoriquement les discours disant que nous sommes victimes ou dépendants de ces outils. Est-ce que quelqu’un qui se connecte quatre heures par jour est plus dépendant qu’une personne qui se connecte juste une heure? J’ai confiance en l’usager et en ces choix», affirme Mme Ben Affana.

«Il y a une forme de continuité entre ce qui est personnel et professionnel maintenant. Je peux passer d’une sphère à l’autre sans être limité par des frontières. L’objectif de ces technologies c’est de dépasser les frontières», souligne la professeure de l’UQTR.

Espace public et privé

Mme Ben Affana cite comme exemple les gens utilisant leur cellulaire comme téléphone résidentiel: «On voit fréquemment des personnes dans l’autobus parler de leurs problèmes au téléphone même si elles sont dans un espace public. Pour ces personnes, ce comportement est normal parce qu’il est fréquent d’avoir ce type de conversation au téléphone.»

Sur les quelque 1,6 milliard de téléphones mobiles vendus en 2010, 19% sont des téléphones intelligents.

Les iPhones d’Apple ont 15,7% de ces parts de marché. Un outil qui permet de passer des appels téléphoniques, surfer sur Internet et même gérer ses courriels.

En quelque sorte, les téléphones intelligents et le monde des applications contribuent à une révolution mobile puisque notre téléphone cellulaire peut être utilisé pour rapprocher notre vie familiale à notre milieu de travail.