Sortir les filles de la rue
COMMUNAUTÉ. Le Groupe EVA (Écoute-Vie-Accueil) vient en aide aux prostituées de Trois-Rivières et des environs depuis quelques années déjà. Pour se faire connaître davantage, l’organisme souhaite commencer à faire des témoignages dans les polyvalentes et organismes du territoire pour sensibiliser les jeunes à cette problématique.
«Il y en a à Trois-Rivières, entre autres durant les grands événements. On a commencé à approcher des hôtels pour les sensibiliser. Le Groupe EVA donne plusieurs outils aux femmes et filles de la rue pour les aider à s’en sortir. Par exemple, l’organisme paie des formations sur l’estime de soi et d’autres formations au centre des femmes. Les filles ont accès à un psychologue. Quand tu as vécu ça, c’est ton passé et toute ta vie qui en découle. C’est une blessure tellement profonde que tu ne peux pas t’en sortir sans travailler sur ton estime de soi», souligne Julie.
Elle en sait quelque chose: elle-même a passé à travers ce processus.
«Ça m’est arrivé dans la région. J’avais 15 ans. Un ami m’a dit qu’une famille cherchait une gardienne d’enfants. J’ai rencontré le père. J’étais avec une amie. Il était gentil, mais il a vite vu que nous étions influençables. Il en a profité. Ça a été une expérience catastrophique. Ça a duré un an. Il y a ensuite eu un processus judiciaire où j’ai témoigné contre lui», raconte-t-elle.
«Il était devenu violent. Il m’avait fait me prostituer dans ma ville. J’avais l’impression que c’était écrit dans mon front. En vieillissant, j’ai eu peur qu’il revienne après sa sortie de prison, qu’il me fasse chanter. Durant l’année que ça a duré, il m’a toujours dit que si j’en parlais à qui que ce soit, il tuerait mes parents. Ça a joué sur ma vie de couple et sur ma confiance en moi», confie-t-elle.
Pendant 20 ans
Jocelyne a une histoire différente. C’est quand elle a parcouru les petites annonces d’un journal montréalais pour rencontrer un homme. «J’étais déprimée, raconte-t-elle. J’ai commencé à fréquenter un homme qui m’a fait rencontrer d’autres hommes. Il disait: «Pourquoi ne pas le faire pour de l’argent?». J’ai eu un manque d’amour dans ma vie. C’est à ce moment que j’ai commencé à me prostituer.»
«J’ai commencé à faire de l’argent. C’est moi qui passais des petites annonces dans plusieurs journaux pour recruter des filles. J’avais un enfant. L’homme que je fréquentais s’est bien occupé de mon fils jusqu’à l’adolescence. Mais cet homme se laissait vivre. Je n’ai jamais vu un sou de l’agent que j’avais amassé. À un moment, j’étais criblée de dettes.»
«On a été victime de harcèlement financier. J’avais tellement de dettes, il fallait que je continue pour amasser de l’argent. J’ai aussi été dans une maison de débauche. Tout ça a duré 20 ans», confie-t-elle.
Si elle s’en est sortie, c’est grâce à son fils. «Je voyais qu’il n’était pas heureux. Ça le détruisait. Je voulais le voir heureux.»
Julie souhaite envoyer ce message aux filles de la rue: «On ne peut pas s’en sortir seule. Ça prend de l’aide. Il ne faut pas rester seule. L’organisme Écoute-Vie-Accueil est là pour ça».
Fonds
Le Groupe EVA cherche actuellement des fonds pour poursuivre sa mission, puisque l’organisme ne bénéficie pas de financement récurrent. L’organisme souhaiterait aussi établir des partenariats avec des organismes.
Pour contacter l’organisme: 819-690-4133