Se reprendre en main est chose possible

La vie est parfois dure, parfois parsemée d’embûches. Vous connaissez des gens qui sont tombés et se sont relevés? Car oui, c’est possible de le faire, comme ce fut le cas pour Évelyne Prince.

On ne vient pas tous du même milieu et on ne reçoit pas tous la même éducation. Évelyne Prince s’est fait cadeau à 40 ans en prenant la décision de penser à elle dorénavant. «Je suis maman monoparentale depuis longtemps. J’ai eu mes deux premières filles en 2000 et 2002. J’ai donc été sur l’aide sociale pendant longtemps pour élever mes filles, et je faisais beaucoup de bénévolat. Je ne voulais pas rien faire et je me sentais utile», témoigne-t-elle.

«Ça fait 15 ans que je fréquente le Centre d’organisation mauricien de services et d’éducation populaire (COMSEP), surtout parce que je fais partie de la chorale. Depuis deux ans, je fais maintenant partie du conseil d’administration sur le comité Arts et culture. J’ai décidé de faire le programme de Formation adaptée préparatoire à l’emploi (F.A.P.E.), pour mes 40 ans, dans le but d’avoir un bon emploi. Ma première fille est rendue à 19 ans, ma deuxième est âgée de 17 ans et ma petite dernière a eu 6 ans, alors je voudrais qu’elles aient des avantages.»

La F.A.P.E. a ensuite conduit Évelyne vers un stage à la Résidence Manon Trépanier. Excellent choix, car ils l’ont embauchée.

«La F.A.P.E. m’a formée pour le service à la clientèle, alors j’avais une multitude de choix. Je travaille auprès des gens et je me sens très utile, alors je suis heureuse. Ils m’ont formée pour toutes les fonctions, donc je peux remplacer qui je veux. Ils sont conscients de ma situation et du fait que je veux travailler, mais aussi du fait que je suis monoparentale et que je veux aussi être présente pour mes filles», explique-t-elle.

C’est avec la tête remplie de projets qu’elle entend continuer de regarder vers l’avant.

«C’était vraiment mon but: 40 ans, le changement. Je prévois aussi aller chercher mon permis de conduire, car je perds un temps fou dans les autobus. Je vais recevoir mon dentier très bientôt. J’ai grincé des dents étant jeune et elles n’étaient plus réparables, alors je me les étais fait arracher.»

«C’est une grosse démarche d’apprendre à s’aimer soi-même et ç’a été difficile. Je n’avais pas réalisé à quel point c’était important. Ce n’est pas encore accompli à 100%, mais je m’aime beaucoup plus qu’avant. Il faut être bien entouré aussi. On est pauvre et on trouve la vie plate. On survit, alors on ne vit pas.»

La fierté qu’éprouve Évelyne est palpable. Elle sait qu’elle a choisi de délaisser quelques nuages gris pour faire place aux rayons de soleil.

«J’ai toujours été très bien entourée et très bien accompagnée par COMSEP. Même qu’avant, j’étais une fille vraiment timide et renfermée. Les gens à la F.A.P.E. ont vraiment cru en moins. Je n’aurais jamais pu faire tous ses changements sinon», souligne-t-elle. «C’est aussi valorisant d’avoir un emploi et c’est une belle fierté pour moi de débarquer de l’aide sociale. Ça m’a pris beaucoup de courage, mais je suis fière de l’avoir fait. Je n’ai pas toujours eu le bon moral, mais je n’ai jamais lâché.»

«Je n’aurais jamais pensé me rendre-là, non. Un moment donné, tu stagnes et ta priorité est tellement ta famille que tu t’oublies. La plupart des mamans monoparentales s’oublient. On perd une partie de notre vie, mais en même temps, 40 ans, c’est encore jeune et j’ai amplement de temps pour réaliser mes projets et pour avoir d’autres rêves. Ça se peut que vous me voyiez sur ma moto, à 60 ans. Si on n’a pas de projet, on ne va pas loin dans la vie», conclut-elle.