Régine Simard ou le parcours d’une combattante
Il est souvent nécessaire d’entreprendre pour espérer et de persévérer pour réussir, a dit un jour l’écrivain français, Gilbert Cesbron. Incommodée par une déficience visuelle depuis l’enfance, Régine Simard prouve que la persévérance et la confiance en soi peuvent mener à bien tous les projets malgré les embûches. Récit d’une carrière et d’un parcours personnel admirable et inspirant.
Régine Simard a un curriculum vitae qui peut faire saliver plus d’un employeur: solide formation académique, bénévolat multiple, implication au sein de différentes associations, etc.
Retraitée du domaine de l’enseignement depuis 2007, elle apprend maintenant le braille aux adultes du centre de réadaptation InterVal de Trois-Rivières en plus d’être secrétaire au sein de l’Association éducative et récréative des aveugles (AERA).
Malgré son parcours qui pourrait en intimider plus d’un, cette femme d’expérience s’estime très chanceuse d’avoir trouvé un emploi stable malgré son handicap.
«Lorsqu’on est enfant, la différence ne se perçoit pas. Nous allons à l’école et la vie se déroule normalement. C’est lorsqu’il est temps d’entrer sur le marché du travail que les choses deviennent moins évidentes. Il faut de la persévérance, car les possibilités d’embauche sont beaucoup plus restreintes avec un handicap», affirme Régine Simard.
Transcrit en braille
Afin de favoriser son développement, ses parents l’ont envoyée à l’institut Nazareth, une école spécialisée en déficience visuelle.
« De nos jours, les enfants qui ont un handicap sont éduqués et traités chez eux. Lorsque j’étais jeune, pour recevoir les soins nécessaires, il fallait aller à Montréal. J’y ai fait mon primaire et mon secondaire, c’est d’ailleurs là-bas que j’ai appris le braille. On y enseignait tout, les mathématiques, le français et même l’histoire. Tout était retranscrit en braille», assure-t-elle.
Régine Simard choisit de poursuivre des études supérieures dans sa région, en Mauricie.
«Ceux qui croient que les aveugles ne peuvent pas s’instruire se trompent! Je suis au CÉGEP de Shawinigan et j’ai fait mon baccalauréat à l’Université du Québec à Trois-Rivières en adaptation scolaire. Je ne me suis jamais vraiment posé de question sur mon futur. J’ai toujours eu de la facilité pour vulgariser et enseigner les choses, je voulais transmettre mes connaissances», dit-elle.
Dès la première année de son BAC, elle obtient un poste comme professeur de braille à l’école Marie le Neuf à Trois-Rivières. Elle y travaillera jusqu’à la fin de ses études.
«J’ai longtemps combiné travail et études. Le jour, j’enseignais et le soir j’allais à mes cours», se rappelle-t-elle.
Plus facile aujourd’hui
Même si elle bénéficie d’une retraite bien méritée, Régine Simard ne reste pas inactive. Elle occupe présentement le poste de secrétaire au sein de l’AERA. Elle y côtoie même certains de ses anciens étudiants.
«C’est drôle de voir que j’ai enseigné à certaines personnes qui siègent maintenant sur les mêmes comités que moi. Nous gardons contacte et c’est agréable», se réjouit-elle.
«La société a tellement évolué technologiquement et mentalement. Je me rappelle du temps où je transcrivais moi-même les notes de cours des élèves à la machine dactylos braille, car les cahiers mettaient trop de temps à arriver. De nos jours, tout est tellement plus adapté pour les personnes avec des déficiences de la vue. Il y a beaucoup plus de ressources disponibles, les livres sont plus accessibles et moins coûteux», conclut-elle.