Rage au volant: la courtoisie gagne du terrain
Selon un sondage mené par Léger Marketing en 2010 pour la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), la courtoisie sur les routes préoccupe les Québécois. La majorité d’entre eux (85%) s’accordent pour dire que le manque de courtoisie est un problème important (très ou assez).
Qu’on parle de rage ou d’agressivité au volant, les usagers de la route ont de fortes chances de se retrouver impliqués dans une telle situation, d’où l’importance de bien réagir.
«Tout le monde est confronté à l’agressivité au volant au moins une fois dans sa vie. C’est surtout une question de perception. Ça ne sert à rien de porter son attention sur la conduite des autres. Il faut accorder de l’importance à ce qu’on fait pour être courtois. C’est une question de savoir être et de savoir faire», constate Éloïse Cossette, porte-parole de la Sûreté du Québec.
Problème de personnalité
Qu’est-ce qui distingue la frustration et la rage au volant?
«La frustration c’est un mouvement d’impatience. Ça peut toucher un peu tout le monde. La voiture est un terrain propice pour déplacer notre frustration sur les autres de façon anonyme puisque dans la voiture on se croit anonyme», remarque Suzanne Léveillée, professeure en psychologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
«La rage c’est comme une frustration qui se transforme en rage, mais ce n’est pas tout le monde qui est affecté. La rage c’est une impulsion brute. Les gens ayant des troubles de personnalité y sont plus enclins. Les gens impulsifs vont avoir de la difficulté à se contenir par exemple. C’est ce qui fait que la colère se transforme en rage», ajoute Mme Léveillée.
Ce n’est pas seulement parce qu’un individu a un trouble personnalité qu’il sera nécessairement enragé au volant. Ça prend aussi une situation où un autre automobiliste sera récalcitrant pour alors alimenter la rage.
«Le trouble de personnalité crée un terrain propice à la rage au volant si la situation se présente», indique Mme Léveillée.
La professeure est d’avis que les cas où une personne sort de son véhicule pour aller s’attaquer physiquement à l’autre sont des cas extrêmes et rares.
Le problème c’est l’autre
D’après le sondage de Léger Marketing, 72% des Québécois estiment que le manque de courtoisie affecte leur sentiment de sécurité sur la route.
«Quand on parle de manque de courtoisie, c’est comme n’importe quelle autre situation. Le problème c’est l’autre. On a de la difficulté à faire un travail d’introspection. C’est souvent un problème de perception et c’est rarement intentionnel», explique Pierre-Olivier Sénéchal, porte-parole de la SAAQ.
Afin de pallier aux cas de rage et d’agressivité au volant, la Sûreté du Québec avait lancé dans les années 2000 une campagne de prévention incitant les automobilistes à dénoncer le manque de courtoisie.
«Ce programme n’existe plus. Maintenant, tous les corps policiers font la promotion de la courtoisie au volant», indique Mme Cossette.
Les automobilistes peuvent encore contacter la police lorsqu’ils sont témoins de la rage au volant ou de l’agressivité, mais la SQ n’a pas de statistiques, même chose du côté de la Sécurité publique de Trois-Rivières.
Miser sur la courtoisie
L’agressivité au volant peut être vécue de différentes façons. D’après les répondants au sondage, les comportements des conducteurs les plus irritants sont ceux impliquant un rapprochement de véhicules outrepassant les limites jugées sécuritaires (conducteurs qui coupent la voie et qui suivent de trop près). Les gestes vulgaires, invectives ou manifestations d’impatience, ceux qui klaxonnent pour rien ainsi que la vitesse excessive sont également des irritants importants.
Face à un comportement irritant, sept personnes sur dix (69%), disent n’avoir aucune réaction. Plus précisément, 48% ne réagissent pas et 21% ne répliquent pas malgré leur impatience. Notons que 10% des conducteurs disent klaxonner lorsqu’un comportement d’un usager de la route les irrite.
Afin d’encourager les automobilistes à adopter une conduite courtoise, il est conseillé de prévoir plus de temps pour ses déplacements, d’être calme, patient et faire attention au stress.
«Il faut penser au partage de la route. C’est important de garder son sang froid pour éviter que la situation ne déborde», souligne Mme Cossette.
Maintenant, les campagnes publicitaires sont plus axées sur la courtoisie au volant plutôt que sur la rage et l’agressivité afin de suggérer la courtoisie.
La courtoisie fait son bout de chemin. Selon le sondage, 69% des Québécois disent n’avoir aucune réaction face à un comportement qui les irrite.
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