Pourquoi la porno sur Internet?

«Je connais des gens qui pourraient passer une nuit sur Facebook ou à écouter de la porno sur Internet. Qu’est-ce qu’il y a derrière ça? De la souffrance peut-être?»

C’est la question à laquelle tente de répondre la sexologue Anik Ferron grâce à un vaste sondage en ligne dans le cadre de son doctorat en psychologie.

Elle souhaite relever les différents facteurs qui motivent les individus à utiliser ces sites, mais également examiner leur impact sur la stabilité du couple.

«Pour certains couples, la porno est comme une barrière à leur intimité, c’est-à-dire que c’est moins menaçant de regarder un film porno. Ça crée une distance entre eux», note Mme Ferron.

C’est un sujet qui revenait souvent lors de consultations en clinique, précise-t-elle, et généralement, ce sont des aspects négatifs qui en ressortent.

«Plusieurs facteurs peuvent inciter à visiter des sites pornographiques ou des réseaux sociaux comme la personnalité, l’attachement, le passé sexuel et l’éducation. Les impacts peuvent être également nombreux sur le couple et la dimension sexuelle. Cela peut entraîner de la jalousie, de la pression ou à l’inverse, de la stimulation», ajoute Mme Ferron.

Si le préjugé veut que ce soient les hommes qui consomment surtout de la pornographie, cela n’empêche pas de nombreuses femmes de parcourir les sites pornos, quoique leurs motivations diffèrent de celles des hommes.

«Les hommes sont plus attirés par le côté voyeur, le visuel et l’intensité, tandis que les femmes se tiennent davantage sur les "chat rooms" et recherchent l’érotisme et la séduction», précise Anik Ferron.

Est-ce qu’il existe un lien entre l’utilisation d’Internet et la fidélité? Mme Ferron espère que ses résultats seront suffisamment corrélés pour en avoir une idée claire.

Quelle intimité?

L’une des principales conséquences de l’utilisation fréquente de ces sites serait la banalisation de l’intimité, ce qui préoccupe la sexologue.

«Là, la génération de jeunes est tout le temps sur Facebook: ils vont voir les photos de leurs amis. (…) Les jeunes ne savent pas ce qu’est l’intimité et c’est le cas de nombreux adultes également. Internet a pu mener à cette banalisation de l’intimité, tout comme le modèle familial éclaté. Mais ce qui me préoccupe, c’est pourquoi on en vient à se dévoiler à ce point sur Internet.»

Plusieurs études réalisées par le passé ont aussi établi un lien entre Internet, la dépression et la solitude.

Participants recherchés

Pour établir une corrélation assez solide entre les différents facteurs qui seront étudiés, Mme Ferron a besoin d’un grand nombre de participants, idéalement 500.

Elle recherche des personnes âgées de 18 à 65 ans en couple qui seraient prêtes à répondre à un questionnaire confidentiel disponible en ligne. Les questions portent entre autres sur l’intimité, les réseaux sociaux, la consommation de porno, les croyances sexuelles et plus.

Les résultats seront compilés à la fin de l’été.

Pour participer à l’étude et répondre au sondage: https://www.surveymonkey.com/s/doctorat