Parce que la vie continue
Le combat est terminé. La réhabilitation s’annonce bien. Après avoir survécu à un cancer, la vie doit reprendre son cours. Cependant, fatigue et anxiété font parfois surface et tendent à prendre le dessus sur les activités quotidiennes. Marie-Claude Blais, professeure en psychologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières, s’intéresse à la vie après cette maladie. Comme plusieurs se sentent déprimés une fois replongé dans leur train-train quotidien, elle a mis sur pied une recherche pour aider à surmonter cette étape.
L’étude s’adresse aux personnes ayant reçu un diagnostic de cancer du sein, de la prostate ou colorectal non métastatique. «Subventionnée par l’Institut National du Cancer, cette étude pilote vise à documenter l’efficacité d’une intervention psychologique pour diminuer les sentiments dépressifs chez les personnes qui ont terminé leurs traitements pour le cancer», explique Marie-Claude Blais.
En fait, comme le constate la professeure, plusieurs personnes se limitent dans leurs activités en raison des conséquences des traitements: perte de cheveux, prothèses mammaires, etc. «Quand on est déprimé ou fatigué, on a tendance à limiter nos actions. On ne va plus prendre un café avec nos amis parce qu’on se dit qu’ils doivent être tannés d’entendre parler de la maladie. On ne va plus à la piscine avec les enfants à cause de la prothèse. On se limite. Et le fait de limiter nos actions, à court terme cela fonctionne; on n’a plus l’anxiété. Sauf qu’à plus long terme, c’est un piège. Ça limite les sources de plaisir et les sources de renforcement», fait-elle remarquer.
L’étude, qui s’effectue en collaboration avec Valérie Gentes, une étudiante au doctorat en psychologie, est débutée depuis le mois de janvier dernier. Une rencontre hebdomadaire a lieu pendant neuf semaines avec les participants. Madame Blais, cette psychologue de profession, tente de les aider à atteindre de nouveaux objectifs et à éliminer de leur vie certains comportements qui nuisent à leur bien-être.
Après avoir recensé toutes les données sur les participants, la professeure publiera ses recherches dans des revues scientifiques. Elle documentera les bienfaits et l’utilité de ce genre d’interventions pour éventuellement atteindre les deux objectifs espérés. Ces deux objectifs «ultimes», comme elle les qualifie, sont premièrement d’effectuer une étude du même genre, mais de plus grande envergure (une cinquantaine de participants au lieu des six minimums nécessaires au premier programme). «Un autre objectif serait d’avoir quelques éléments de ce type d’intervention dans nos traitements. On pourrait les insérer de façon systématique dans nos soins», ajoute madame Blais.
Comme peu de recherches ont été effectuées jusqu’à présent sur ce genre d’interventions psychologiques, Marie-Claude Blais qualifie sa recherche de très pertinente et de très novatrice. «C’est assez récent le fait de s’intéresser aux survivants du cancer sur le plan psychologique en raison entre autres de l’émergence des gens qui s’en sortent dû à l’avancement de la médecine. Il y a des bonnes raisons de croire que cette intervention peut être bénéfique pour les gens qui doivent reprendre leur vie en mains après un cancer», conclut-elle.