Moins de stress pour les abeilles en ville

«L’agriculture ça ne doit pas se faire uniquement en campagne. Il y a des opportunités un peu partout. Au centre-ville la majorité des toits sont plats. C’est donc possible de mettre quelque chose dessus qui n’est pas trop lourd.»

L’apiculteur Raphaël Fort a installé en juillet dernier une ruche urbaine sur le toit de l’édifice Ameau et il compte poursuivre dans cette lancée.

Selon lui, l’agriculture urbaine prendra de plus en plus d’importance au fil des ans étant donné le potentiel architectural. Les toits plats sont des superficies qui ne sont pas exploitées présentement.

Animaux stressants

M. Fort a commencé le métier d’apiculteur il y a deux ans. Depuis, il s’occupe de 45 ruches dont 20 sont en production de miel dans son rucher situé dans le secteur Saint-Louis-de-France. Il est donc en mesure de constater les différences entre les ruches urbaines et celles en milieu agricole.

«En ville il y a moins de stress pour les abeilles. Le point majeur ce sont les écarts de température. Il y a beaucoup de béton, donc la température demeure stable entre le jour et la nuit. En campagne, la température descend beaucoup la nuit parce qu’il n’y a rien pour récupérer la chaleur», explique-t-il.

En milieu agricole, les animaux occasionnent du stress aux abeilles et peuvent nuire à la production de miel. Par exemple, les ours peuvent saccager un rucher, les moufettes vont manger les abeilles la nuit et les ratons laveurs vont voler le miel. En ville ces stress et ces prédateurs sont évités.

Pas de panique

L’apiculteur aimerait mettre en place un partenariat avec la Ville afin d’implanter une vingtaine de ruches au centre-ville. Il souhaiterait en installer sur les édifices municipaux et faire profiter la Ville de son expérience.

«Il y a des tas de projets qui pourraient se développer. Le miel produit pourrait être vendu à l’Office de tourisme ou dans les cafés du centre-ville. Il serait intéressant d’installer des panneaux d’interprétations sur le fonctionnement d’une ruche et de semer des fleurs mellifères afin d’aider à la production de miel», souligne M. Fort.

Une ruche à pleine capacité compte en moyenne 60 000 abeilles. Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter si le décor urbain voit apparaître une vingtaine de ruches.

«Les 60 000 abeilles ne sont pas toutes à l’extérieur en même temps. Il y en a environ 20 000 qui vont dehors pour polliniser. Elles n’iront pas vers les humains, ce qu’elles cherchent ce sont les fleurs. De plus, les ruches sont en hauteur, donc les abeilles commencent leur vol en étant loin des gens. On ne mettra pas une ruche à hauteur d’homme parce que les abeilles risquent beaucoup plus de passer devant nous», explique l’apiculteur.

Les abeilles butinent dans un rayon de 12 km. M. Fort se veut rassurant: «Si tu calcules le nombre d’abeilles au mètre carré c’est minime.»

Les caprices de Dame nature

La production de miel varie d’une année à l’autre et la météo est un facteur important.

Une année pluvieuse, les ruches peuvent produire au maximum entre 60 et 70 livres de miel. Une bonne année la production peut monter à 125 et130 livres.

«Si l’été est trop sec et qu’il ne pleut pas, les fleurs vont garder leur nectar. Lorsqu’il pleut trop, les abeilles ne sortent pas. L’apiculture est vraiment influencée par la météo», affirme M. Fort.

Ce ne sont pas les abeilles qui attaquent généralement les humains, ce sont plus souvent les guêpes. Ce n’est pas parce qu’une vingtaine de ruches s’implantent près de nous que les piqûres vont augmenter.

«La guêpe est opportuniste et plus agressive. Elle a tendance à piquer plus surtout parce qu’elle ne meurt pas une fois qu’elle a piqué. À l’opposé, l’abeille ne piquera pas pour rien. Elle le fait pour la survie de la colonie parce qu’elle meurt après avoir piqué», informe M. Fort.

Visionnez les photos prises par Éric Guertin.