Les 50 ans et plus doivent s’informer

Personne n’est à l’abri de la chlamydia, la gonorrhée, le VIH, l’herpès génital et toutes les infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS). Pas même les personnes âgées.

Les campagnes publicitaires pour conscientiser la population aux risques des ITSS et des maladies transmises sexuellement (MTS) ciblent les jeunes.

Les personnes de 50 ans et plus ne sont pas interpellées dans ces campagnes. Pourtant, plusieurs quinquagénaires vivent une deuxième vie sexuelle.

«Les personnes âgées ne connaissent pas les modes de transmissions des ITSS et elles ne savent pas exactement ce que c’est. Elles ne se sentent pas interpellées par ces sujets. Pourtant, elles sont à risque», affirme Stéphanie Vermette, sexologue éducatrice.

Les hommes et les femmes de 55 ans et plus demandent rarement un test de dépistage des ITSS. Au Centre de santé et de services sociaux de Trois-Rivières, on indique que, par année, une dizaine de personnes de 55 ans et plus vont au CLSC pour un dépistage.

«Les personnes âgées ne sont pas notre clientèle principale pour ce type de problème. Elles ne sont pas à risque pour toutes les maladies. Par exemple, la chlamydia touche en majorité les 25 ans et plus. Par contre, plus on vieillit plus on est à risque de contracter l’herpès génital si on a plusieurs partenaires», soutient France Bergeron, infirmière à la clinique de santé sexuelle du CLSC.

Tabou

Pourquoi les personnes âgées ne passent-elles pas de test de dépistage? Parce que la sexualité a toujours été un sujet tabou. De plus, les gens dans la cinquantaine ne sont pas toujours au courant des risques et des symptômes de ces maladies.

«Si un médecin se mettait à dépister systématiquement toutes les personnes âgées, y aurait-il plus de cas d’ITSS? Je ne sais pas et je ne pense pas», questionne Mme Bergeron.

Éducation sexuelle

L’ignorance et le manque d’information n’aident en rien.

«Les personnes du troisième âge sont rarement au courant des modes de transmission. Elles ne reconnaissent pas les symptômes», indique Louise Provost, directrice de Sidaction.

Il en est ainsi parce que ces personnes n’ont pas eu d’éducation sexuelle comparativement aux jeunes d’aujourd’hui.

«On essaie de faire de la prévention en amont. Ces gens ne se sentent pas concernés parce que c’est nouveau pour eux d’en parler. C’est probablement pour cela qu’ils ne se protègent pas. Je peux vous dire que les hommes de 45 ans et plus ont de la difficulté avec l’idée de mettre un condom», ajoute Mme Provost.

Pourtant, les cas d’infection sont présents chez les personnes de 50 ans et plus.

Au 30 juin 2003, 18 929 cas de sida pour lesquels les informations sur l’âge étaient disponibles ont été signalés au Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses. De ce nombre, 11,7% étaient survenus chez des personnes de 50 ans ou plus.

«Comme notre société vieillit et que les personnes atteintes de l’infection du VIH ou du sida vivent plus longtemps en raison de l’amélioration des traitements médicaux, il est probable que le problème du VIH/sida chez les personnes âgées prendra de l’importance. Les données présentées devraient aider à réfuter l’hypothèse «âgiste» selon laquelle les personnes de 50 ans et plus ne risquent pas d’être infectées par le VIH», lit-on sur le site Internet de l’Agence de la santé publique du Canada.

Pour prévenir les cas d’ITSS et de MTS chez les personnes âgées il importe de faire de la prévention, mais aussi de sensibiliser les gens à cette réalité.

«L’important c’est de poser des questions peu importe notre âge» souligne Mme Vermette.