Le notaire qui cousait des robes

Prochainement diplômé en droit-profil notariat, Israël Gélinas est un jeune homme comme les autres. À l’exception près que son amour de la couture lui a fait vivre un hiver mouvementé, lui qui a eu le mandat de concevoir sept robes en sept semaines pour le défilé de mode de la Faculté de Droit de Sherbrooke qui se tiendra le 13 mars prochain au Théâtre Granada.

Âgé de 26 ans, Israël Gélinas a toujours eu l’amour des arts en lui. S’il partage ce côté artistique avec un côté plus terre-à-terre, le futur notaire indique que son attirance envers les beaux vêtements remonte à sa tendre enfance.

«J’écoutais des téléromans comme Top Modèles avec ma mère et mon moment favori était sans conteste les deux ou trois fois dans l’année où l’émission montrait les défilés de mode», raconte-t-il.

Les chats du Trifluvien ont aussi eu droit à un traitement privilégié, alors que le jeune apprenti couturier se faisait la main en leur fabriquant des vêtements. «Je sais, ça semble un peu fou, mais j’avais ça en moi! J’ai aussi été le seul étudiant du secondaire en Arts plastiques à demander de dépoussiérer la vieille machine à coudre du local pour concevoir mes vêtements!», ajoute-t-il.

Plonger dans le rêve

«C’est toujours un monde un peu effrayant et irréel que la couture. Pendant environ 10 ans, j’ai mis mes études de Droit en avant-plan. C’est l’été dernier qu’une idée a germé dans mon esprit», relate le jeune homme.

Griffonnant toujours des croquis à temps perdu, Israël décide de se fixer un défi en proposant ses services de créateur au profit du défilé de mode de sa Faculté à Sherbrooke. «Ma proposition a été bien reçue et j’ai eu le mandat de réaliser sept robes, donc une de taille plus, pour le défilé d’hiver».

S’enclenche alors une production où le mouvement, le délicat et l’aspect thématique ressortent. «J’aime la création au féminin, car je trouve les femmes plus libres et audacieuses, côté vestimentaire», souligne l’étudiant.

Fonctionnant sous pression, le jeune créateur a vite réalisé que le défi était de taille, devant concilier à ce engagement ses travaux scolaires et projets personnels. «À un moment oui, j’ai pensé tout lâcher. Par contre, j’ai réalisé que d’abandonner le projet du défilé revenait à m’abandonner moi-même, C’était hors de question et j’ai poursuivi!»

Pourquoi choisir quand on peut avoir les deux

Fier de son travail? Le mot est faible puisque le jeune designer n’a pu échapper quelques larmes en voyant sa toute dernière robe, enfin«prendre vie» sous ses yeux.

«Plus j’avançais dans la confection des morceaux et plus je me permettais d’oser. Au départ, j’étais censé confectionner les robes en sept mois, puis finalement ça ressemble plus à sept robes en sept semaines!», raconte le jeune homme en riant.

Dans un monde idéal, Israël Gélinas se voit œuvrer en notariat, mais en conservant du temps pour la création. «J’aimerais être le penseur, celui qui a les idées pour les vêtements et travailler avec des stagiaires qui accompliraient l’aspect technique. Je ne me cache pas que je suis meilleur pour imaginer que pour exécuter.»

Pour assister au défilé de mode et admirer les créations du jeune designer, le rendez-vous est donné le 13 mars sur le coup de 20h au Théâtre Granada de Sherbrooke.