Le Lampsilis: une maison flottante

Pour connaître le fleuve et ce qui le compose, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) s’est dotée en 2005 d’un bateau-recherche: le Lampsilis. La plate-forme de recherche la plus moderne pouvant travailler des Grands Lacs à Tadoussac.

«C’est une maison flottante. Ça nous permet d’aller échantillonner dans tous les écosystèmes du fleuve, y compris le chenal de navigation. Le Lampsilis nous permet d’aller partout sur le fleuve et le gros avantage c’est qu’il vient avec un équipement à la fine pointe», explique Pierre Magnan, directeur du Centre de Recherche sur les Interactions bassins Versants – Écosystèmes aquatiques (RIVE) à l’UQTR.

Les particularités du bateau-recherche: il a un tirant d’eau de 0,90 mètre ce qui lui permet de naviguer dans des zones peu profondes. Il fait 25 mètres de long et 6,7 m de large. À l’avant du navire se trouve une pièce multifonctionnelle servant de salle à manger et de réunion, mais aussi de dortoir le soir venu. On y compte aussi une cuisine, une salle de bain et des chambres à coucher.

Il est équipé d’un laboratoire humide et sec où il est possible de mesurer les propriétés physiques, chimiques et optiques de l’eau. Les échantillonneurs peuvent fournir des spécimens d’eau, de sédiments, de plancton, d’invertébrés et de poissons.

«Avant d’avoir le Lampsilis, on devait amener les poissons au laboratoire pour les échantillonner, ce qui nous obligeait à les sacrifier. On était limité au niveau du nombre de poissons. Maintenant, on peut aller chercher une vingtaine d’espèces de poissons différents avec un coup de chalut. Puisque le laboratoire est sur place, on peut faire notre échantillonnage et remettre directement le poisson à l’eau», indique M. Magnan.

Un nouveau poisson

Le Lampsilis navigue sur les eaux du Saint-Laurent depuis 2005. Il a coûté 3,7 millions $, payé conjointement par l’UQTR, la Fondation canadienne de l’innovation, le gouvernement du Québec, la Fondation de l’UQTR et la Ville de Trois-Rivières.

«En terme de découverte, le Lampsilis nous a permis de constater l’arrivée d’une nouvelle espèce de poisson: le gobie à taches noires. C’est une espèce envahissante qui s’est introduite par les ballasts des grands bateaux. On s’est rendu compte qu’il y en avait en quantité industrielle le long du chenal dans le lac St-Pierre. Sans le Lampsilis, on n’aurait pas pu découvrir ça. On regarde présentement les conséquences de l’introduction de cette espèce. Parce que chaque fois qu’une espèce s’introduit, elle va sans doute prendre la place d’une autre», souligne M. Magnan.

Rencontre avec les riverains

Étant donné son tirant d’eau peu élevé, le Lampsilis peut naviguer tout près des berges.

«Je me souviens une fois on était vraiment proche de la berge. On pouvait parler avec les gens sur la galerie de leur chalet. Le rivage s’animait en nous voyant parce qu’on est près d’eux», affirme François Harvey, un capitaine du Lampsilis.

Il est aussi capitaine du bateau de croisière M/V Le Draveur qui a un tirant d’eau de 0,8 mètre. Ce qui faisait de lui un capitaine tout désigné pour le Lampsilis puisqu’il a souvent navigué dans des eaux peu profondes.

«C’est un avantage pour moi. Je naviguais déjà proche des rives et en dehors du chenal. C’est un atout pour l’Université et un beau défi pour moi quand je prends part aux missions», souligne M. Harvey.

Il pouvait donc conseiller les chercheurs lorsqu’ils voulaient emprunter un chemin en particulier.

«80% du temps, on navigue en dehors du chenal, dans des endroits où les bateaux ne vont pas normalement. On est capable d’aller dans les rivières et très proche du rivage. C’est trippant prendre part à ces missions!», ajoute le capitaine.