La peine de mort au banc des accusés

Plusieurs étudiants du Cégep de Trois-Rivières ont assisté ce matin à une conférence donnée par Amnistie internationale portant sur les mythes et réalités du couloir de la mort.

Le conférencier Charles Perroud, également coordonnateur pour l’abolition de la peine de mort à Amnistie internationale, a eu l’occasion de faire allusion aux récentes déclarations du sénateur Pierre-Hugues Boisvenu.

M. Boisvenu a affirmé la semaine dernière qu’«il faudrait que chaque assassin (ait) le droit à sa corde dans sa cellule. Il décidera de sa vie». La déclaration a rapidement déclenché une controverse à travers la province.

«Certains sondages donnent une majorité de Québécois en accord avec les propos de M. Boisvenu, tandis que d’autres sondages révèlent le contraire. Les prisonniers n’ont pas besoin de cordes. S’ils veulent mettre fin à leurs jours, ils trouvent déjà le moyen. Les suicides sont choses courantes en prison», souligne Charles Perroud.

Question politique

Le Canada a officiellement aboli la peine de mort en 1976. Aujourd’hui, elle est encore pratiquée aux États-Unis, en Chine, au Japon, en Biélorussie et dans les états du Moyen-Orient.

«L’argument que l’on entend le plus souvent en faveur de la peine de mort est qu’elle permet à l’État d’économiser. C’est complètement faux. On estime que le coût du processus menant à l’exécution finale (procès, demandes d’appel, etc.) est estimé à environ trois millions $ par cas. La prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle coûte en moyenne le tiers de ce montant», explique M. Perroud.

La peine de mort –et son abolition– est surtout une question politique, précise-t-il: «Un candidat à la présidence qui se dit contre la peine de mort risque de ne pas se faire élire.»

Justice faillible

Chez nos voisins du Sud, les états du Texas et de la Floride seraient les plus prolifiques en matière d’exécutions et l’histoire de certains prisonniers ne tient pas la route, assure Charles Perroud.

«La justice est faillible, soutient-il. Par exemple, Claude Jones a été exécuté il y a quelques années. Il a été arrêté et accusé en 1989 pour le meurtre d’un marchand de boissons. Le seul élément qui le reliait au crime était un cheveu trouvé par terre près de la victime. Dans les années 2000, des scientifiques ont voulu procédé à un test ADN sur le cheveu retrouvé à l’époque… qui s’est avéré être celui de la victime. Ils sont plusieurs dans le couloir de la mort à avoir été condamnés à la peine capitale sans que ce soit hors de tout doute raisonnable.»

Depuis 1976, ils ont été 140 à avoir finalement été innocentés après un long séjour dans le couloir de la mort à la suite d’une autre enquête. Vingt-trois d’entre eux avaient été jugés en Floride.

«Avec la prison à vie, si tu commets une erreur de jugement, tu peux la corriger. On peut redonner la liberté à une personne, mais on ne peut pas ramener quelqu’un de sa tombe», conclut Charles Perroud.