«J’ai une maladie de vieux» -Ariane 10 ans

Ariane a 10 ans. Elle est pleine de vie et d’énergie comme les autres jeunes de son âge. Et elle a de la jasette! Avez-vous pensé que, derrière ce sourire, Ariane puisse avoir les articulations d’une personne de 83 ans?

Pourtant, Ariane Picard souffre d’arthrite juvénile, une «maladie de vieux» comme elle le dit lorsqu’elle l’explique à ses camarades, qui affecte un enfant de moins de 16 ans sur 1000.

Le diagnostic est tombé alors qu’elle n’était âgée que de sept ans. Pourquoi?

«On ne connaît pas nécessairement la cause de l’arthrite juvénile. Selon les informations qu’on nous a données, c’est que c’est dû à un gros stress. Lorsqu’Ariane avait sept ans, son grand-père est décédé et elle s’était foulé la cheville. Ça a engendré un stress émotif et physique. On voyait qu’elle avait de la difficulté à marcher, mais on pensait que c’était à cause de sa cheville. Ça a donc pris plus de temps avant qu’on réalise que quelque chose clochait», raconte le père d’Ariane, Jacques Picard.

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Les parents avaient remarqué que leur fille devenait rapidement fatiguée, après 10 minutes de marche seulement. Comme si elle avait une grippe musculaire. Un ami de la famille a recommandé d’aller à l’hôpital de Sainte-Justine.

Les moulins d’Ariane

Le verdict tombe: arthrite juvénile.

«L’arthrite, c’est comme Don Quichotte qui se bat contre les moulins à vent. Normalement, quand tu te blesses, le corps crée une inflammation pour se protéger. Là, pour Ariane, c’est comme si son corps disait qu’il est continuellement blessé à toutes les articulations. Le corps attaque donc partout pour se protéger», explique Jacques Picard.

«Alors ça fait mal quand tu pèses sur les articulations ou quand tu marches», précise Ariane.

Ariane peut «presque» tout faire

Il a fallu adapter son quotidien. Maintenant, elle prend une pilule pour éviter les maux de ventre et protéger son estomac tous les matins. Après le déjeuner, elle prend un anti-inflammatoire. Et tous les mercredis, elle doit s’injecter «la potion magique», le médicament Enbrel. C’est déjà mieux puisqu’auparavant, elle devait prendre entre cinq et six médicaments différents, quotidiennement, et recevoir deux injections par semaine. «Vu que son corps se bat contre un ennemi imaginaire, l’objectif est d’endormir la maladie. On espère qu’avec les médicaments, le corps se dise qu’il n’y a plus d’ennemi. Mais Ariane va peut-être prendre médicaments toute sa vie…peut-être pas», soutient Jacques. L’arthrite juvénile ne l’empêche pas de faire presque tout. Comme ses amis. Mais elle doit limiter les sports causant des impacts sur les articulations (soccer, basketball, football, etc.). «J’ai fait du karaté et là, j’aime beaucoup la natation. L’eau chaude m’aide parce qu’il n’y a pas d’impact», souligne Ariane.

Du soutien à l’école

Elle a également pu expliquer sa maladie à toute sa classe.

«Je leur dis: «Tsé, les vieux qui ont mal partout, eh bien moi aussi j’ai mal partout comme eux. Mais je peux faire plus de choses parce que j’ai plus d’énergie qu’eux. Il faut que je fasse attention, mais on ne m’empêche pas de faire plein de trucs.» C’est le fun parce que je ne me fais pas achaler, même pas par les garçons», affirme Ariane.

À l’école, au Collège Marie-de-l’Incarnation, elle doit parfois utiliser une prothèse pour écrire quand elle doit écrire longtemps. Ça a été le cas durant son examen écrit du ministère de l’Éducation.

Connaissant tous sa maladie, les professeurs la laissent prendre l’ascenseur pour éviter qu’elle ne monte toutes les marches de l’établissement.

«Mon arthrite ne partira pas, mais ça peut s’endormir. C’est chronique. En fait, je vois ça comme un enfant qui ne veut pas se coucher et qui reste réveillé. On est en train de l’endormir. Quand ça va être endormi comme il faut, ça peut dormir un bout de temps», conclut Ariane.

L’arthrite c’est…

…«une centaine d’affections différentes qui se caractérisent par des douleurs à des articulations, des ligaments, des tendons, des os ou d’autres éléments du système musculosquelettique.» Il existe plusieurs formes d’arthrite. La plus fréquente est l’arthrose, qui se forme à l’usure. Elle apparaît rarement avant la quarantaine. (Source: Passeport Santé)