Ils ne parlent pas français, mais veulent aller à l’école

Une famille arrive tout juste de l’Irak et s’installe à Trois-Rivières. Ils sont quatre. Deux adultes, un enfant d’âge primaire et un enfant d’âge secondaire. Aucun des quatre ne parle français, mais les parents souhaitent que leurs enfants poursuivent leur éducation.

Cette histoire n’est pas étrangère à Danielle Lemieux, directrice adjointe à la Commission scolaire du Chemin-du-Roy, surtout qu’elle remarque que plusieurs familles d’origine arabe se sont installées à Trois-Rivières au cours des dernières années.

«Pour ces familles, c’est de réapprendre une langue à partir de zéro puisque le français et l’arabe n’ont pas les mêmes racines», rappelle-t-elle.

15 nationalités

Une fois que ses capacités langagières sont évaluées et suffisantes, l’enfant d’âge primaire est référé à l’école Sainte-Thérèse. Là, il rejoint l’une des deux classes de francisation de l’établissement. Près de 15 nationalités se côtoient dans ces classes.

«C’est important de sécuriser l’enfant dès la première journée d’école. On fait appel à un interprète qui parle la même langue que l’enfant pour lui expliquer qui est qui dans l’école et comment ça fonctionne», explique Sandra Blais, directrice de l’école Sainte-Thérèse.

Culture d’ici

«Durant leur passage, on ne fait pas que leur apprendre le français. On les sensibilise aussi à la culture du Québec. Par exemple, plusieurs d’entre eux découvrent la neige cette semaine. On leur explique aussi les habitudes de vie ici et le type d’alimentation. On les amène à la cabane à sucre, patiner, etc. On fait aussi affaires avec des organismes pour que les jeunes puissent avoir des manteaux d’hiver. Les parents aussi sont suivis», précise Mme Blais.

«Les jeunes ont une belle complicité entre eux. Quand un nouveau arrive, ils sont très empathiques. Après tout, eux aussi ont vécu la même situation», note-t-elle.

Les maths langue universelle

Durant les périodes de cours, les enseignants ne parlent qu’en français. Il va de soi que le langage signé est très utile auprès d’un nouvel élève en classe de francisation. Mais tous les élèves des classes de francisation parlent une langue commune: celle des mathématiques.

«C’est grâce aux mathématiques qu’on voit si l’enfant est à jour dans ses apprentissages par rapport au programme québécois. C’est une belle façon de les évaluer», souligne Sandra Blais.

Soccer

L’école mise aussi beaucoup sur l’éducation physique, les jeunes ayant une période d’activité physique réservée chaque jour.

«Ça leur permet d’évacuer le stress. Par ailleurs, ça permet aussi au professeur d’inculquer certaines règles de base afin que les élèves comprennent comment réagir dans différentes situations», ajoute Danielle Lemieux.

«Les élèves en francisation s’intègrent bien avec les jeunes des autres classes de l’école. Même s’ils ne parlent pas français, ils savent jouer au soccer», mentionne Mme Blais.

Le secondaire aux Pionniers

Il sera plutôt conseillé à l’adolescent irakien d’aller en classe de francisation à l’école des Pionniers.

À son arrivée, il sera accueilli par un élève parlant la même langue que lui. L’élève lui fera faire le tour de l’école et deviendra une référence pour le nouvel arrivant.

«On a remarqué que c’était plus sécurisant pour les nouveaux arrivants de cette façon et que ça leur permettait de s’intégrer plus rapidement. On voit qu’ils s’intègrent facilement à l’école», assure Mme Lemieux

L’apprentissage du français se fait rapidement, malgré la complexité de la langue, notamment parce que les jeunes sont en immersion totale.

Il arrive que les élèves parlant espagnol puissent être envoyés en classe régulière après six mois d’apprentissage du français.

Lorsqu’il s’agit d’un élève d’origine arabe ou dont la langue maternelle diffère beaucoup du français, cela peut prendre un an ou un peu plus, selon le rythme de chaque enfant.

Enfants interprètes

La Commission scolaire se dit à l’affût des parents qui souhaiteraient utiliser leurs enfants comme interprètes.

«On informe les parents des services de francisation disponibles. On fait également appel à des interprètes pour communiquer avec eux en début d’année, pendant les remises de bulletin et durant les différentes rencontres durant l’année scolaire», affirme la directrice adjointe de la Commission scolaire du Chemin-du-Roy.

Ils seront alors référés au Centre d’éducation aux adultes du Pavillon de la Salle ou encore au Cégep de Trois-Rivières qui offre un programme de francisation pour adultes.

La Commission scolaire ne s’attend pas à une hausse marquée de l’arrivée des immigrants allophones à Trois-Rivières au cours des prochaines années, considérant que le nombre de nouveaux arrivants est stable depuis plusieurs années.