Il pesait près de 500 livres à 30 ans

«D’une voiture, un jeune garçon m’a pointé du doigt avec le sourire en coin et je l’ai vu prononcer à sa mère le mot gros. C’est la goutte qui a fait déborder le vase et je savais que je devais me prendre en main.»

Martin Verville a vécu le calvaire de l’obésité. À 30 ans, il n’en pouvait plus. Il a décidé de passer aux actes. Il a opté pour la chirurgie bariatrique.

La descente commence

À 20 ans, il pesait 200 livres. Dix ans plus tard, il en pesait 480 livres. Son rythme de vie et son emploi en sonorisation ne l’ont certes pas aidé. De coin de table en coin de table, Martin mangeait souvent du fast-food pour assouvir sa faim.

«Au début j’ai vu que j’avais engraissé un peu, près de 30 livres en une année. Mais 30 livres en une année ne me semblait pas si pire jusqu’au jour où j’ai atteint les 480 livres.»

Plusieurs situations vécues ont poussé Martin à prendre les grands moyens.

«Je n’étais même plus capable d’attacher mes souliers seul. Lorsque je me rendais chez Canadian Tire, c’était un vrai cauchemar! Je ne passais même pas dans le tourniquet. Une fois, je me suis rendu chez Stratos. J’ai eu toute les misères du monde à m’asseoir sur la banquette. Je suis resté coincé. Je ne pouvais plus me dégager. J’ai même demandé l’aide au cuisinier. Finalement, j’ai réussi. C’est très humiliant. Je riais jaune.»

Problèmes de sommeil

Février 2003 : un rendez-vous avec son médecin le fait sérieusement réfléchir.

«Plus j’engraissais plus ma santé se dégradait. Je me voyais dépérir. Je souffrais d’apnée du sommeil sévère. Je pouvais arrêter de respirer plusieurs fois en une minute. Mon médecin m’a dit que si je continuais comme ça, je ne me rendrais pas à 40 ans. Cela donne un coup!»

C’est alors qu’il a commencé à envisager les différentes options qui s’offraient à lui.

Au Québec, trois options sont disponibles pour les gens souffrant d’obésité morbide : se faire brocher l’estomac à l’hôpital de Québec, l’anneau gastrique et la chirurgie bariatrique à Montréal.

Martin se place sur la liste d’attente des hôpitaux de Québec et de Montréal. Son rendez-vous est remis à 5 reprises avant d’être admis à l’hôpital Royal Victoria en février 2004 pour une chirurgie bariatrique.

La chirurgie bariatrique consiste en une réduction de la taille de l’estomac avec un dispositif médical implanté (cerclage gastrique) ou par le retrait d’une partie de l’estomac (sleeve gastrectomie ou biliopancréatique détournement avec commutateur duodénal) ou par la résection et réacheminement de l’intestin grêle à une poche de petit estomac (pontage gastrique).

Un minigo suffit

L’opération de Martin est un succès. Il perd seulement 4 ou 5 livres après opération. Il en perdra 140 livres durant la première année.

«L’opération permet de ne plus ressentir la faim. Après mon opération je mangeais un mini go et j’étais plein. Je n’aurais jamais été capable de manger une grosse poutine comme avant. Même aujourd’hui, après plusieurs années, je ne suis plus capable de manger autant et j’en suis très content.»

Toute une différence avec les repas d’autrefois alors que Martin avait englouti près de 25 hot dog lors d’un repas chez Valentine. Chez McDonald, il pouvait manger deux trios de Big Mac. Et il avait encore faim.

Confiance accrue

En trois ans, son poids est revenu à environ 160 livres.

«C’est incroyable ce que ça peut faire du bien de revenir normal ! Ne serait-ce qu’au niveau de l’habillement. Lorsque j’étais gros ca me coûtait une fortune m’habiller. Un pantalon me coûtait facilement 100$ et un t-shirt à la mode pouvait me coûter 125$. Si c’était aussi cher, c’est que ce sont des vêtements sur mesure. Dans le temps j’avais seulement un endroit où je pouvais m’habiller .C’était au Roi Mauricien.

«Du point de vue de la confiance, c’est fou ! Avant je devais parfois supplier les gens pour obtenir un emploi. Maintenant, je dis ce que je vaux et je n’ai pas peur de me faire valoir. Je n’aurais jamais pu faire ça avant.»

Vie sentimentale

«Lorsque je suis revenu maigre j’aurais bien aimé avoir un soutien psychologique. J’avais un nouveau corps. J’étais redevenu attrayant. Je me suis engagé dans plusieurs relations qui ne tenaient pas la route. J’ai été en couple avec des femmes que, normalement, je n’aurais pas fréquentées. Je prenais cela à la légère. C’est la seule chose que je déplore. Je n’aurais certainement pas agi de la sorte si j’avais eu un soutien psychologique à ce moment.»

Après l’opération, Martin s’est informé sur la vie de couple après les changements draconiens au niveau du poids. Selon ses recherches, près de 70% des couples ne passent pas à travers.

La peau

Martin a subi une chirurgie pour la peau du ventre : 5200$. Il lui reste les seins et les jambes. Facture à prévoir : 7000$.

Martin ne regrette rien.

Il est devenu un homme actif et prend garde à ce qu’il mange.