Hypersexualisation: les nouvelles technologies s’en mêlent

Chaque époque a vécu son hypersexualisation. Dans les années 20, c’était les robes qui commençaient à raccourcir. En 1960, il y avait l’amour libre.

Aujourd’hui, l’hypersexualisation a pris une nouvelle forme grâce à l’arrivée de nouvelles technologies comme Internet, le cellulaire muni d’un appareil photo et la webcam.

«Tout est plus accessible avec Internet et ça inclut la porno, lance le sexologue Pierre Soucis. Mais est-ce que les nouvelles technologies ont amené l’hypersexualisation moderne? Je ne peux pas dire.»

De nombreux experts et psychologues rejettent la faute sur le marché de la mode, de la musique et des magazines qui fournissent leur lot de modèles fortement sexualisés.

La sexualisation précoce des filles pourrait notamment accroître leur vulnérabilité, surtout dans le contexte où les adolescentes sont en quête de leur identité tout en voulant rester dans la norme.

Des poupées

Le phénomène est également basé sur le jugement porté sur la société actuelle par les générations précédentes, croit M. Soucis. La sexualité s’est libérée à un moment, mais beaucoup en ont profité pour abuser de la situation, confiait-il lors d’un précédent entretien.

«Il y a un problème d’hypersexualisation en ce sens qu’il n’y a pas toujours de limites. Par exemple, ces concours de beauté destinés aux petites filles aux États-Unis. Elles sont pomponnées comme des poupées, comme si on sexualisait les enfants avant le temps. Ça c’est grave! Imaginons-les à 20 ans…» note M. Soucis.

«Mais il peut y avoir une pression sociale sur les jeunes. Il y a peut-être un effet d’entraînement, un peu comme on voit avec Facebook, les cellulaires, les iPhones, etc. Le besoin se crée en fonction des mouvements de masse», ajoute-t-il.

Amour, érotisme et respect

«La distinction entre le sexe et l’amour n’est pas faite. La société québécoise est très matricentriste comme les pays scandinaves. La différence, c’est que là-bas, il y a des cours d’éducation sexuelle et d’érotisme. Le Québec a été très religieux pendant plusieurs années et c’est la culpabilité qui nous menait. On a fait du chemin depuis 50 ans, mais il en reste encore beaucoup à faire», affirme le sexologue.

La bonne nouvelle, c’est que le gouvernement du Québec a annoncé le retour des cours d’éducation sexuelle dans les écoles secondaires. Le cours avait disparu depuis la venue de la réforme. La formation sera donnée par des intervenants formés en la matière et sera intégrée à certains cours déjà existants.

«C’est une bonne affaire que ça revienne. Par contre, ce n’est pas aux écoles d’assumer à 100% l’éducation sexuelle. Les parents ont aussi un rôle à jouer. Souvent les parents pensent que ce qu’ils disent à leur enfant n’a pas d’impact. Je peux dire que ça a un grand impact! On en entend parler régulièrement», commentait François Gaudet, coordonnateur de la maison des jeunes Alternative Jeunesse, le jour de l’annonce.

«Maintenant, il va falloir revenir à des valeurs d’éthique sexuelle et familiale, revenir aux sources collectivement. Il faudrait des valeurs liées à la sexualité et l’érotisme, mais touchant l’amour et le respect afin de contrer la pornographie», croit Pierre Soucis.