Un havre pour les marins de passage

COMMUNAUTÉ. C’était une journée froide et venteuse au port de Trois-Rivières. Exceptionnellement, le Foyer des marins était ouvert, au grand bonheur d’un marin ukrainien. À voir son visage empreint de tendresse, on pouvait deviner qu’il était en train de parler avec sa famille à partir de sa tablette électronique. Le bateau devait repartir vers l’Europe ce soir-là.

«Tous les ports d’importance au monde ont leur Foyer des marins. Au Québec, il y en a aussi à Sept-Îles, au Saguenay, à Québec. Ici, c’est un lieu où tous les marins sont bienvenus. C’est un lieu pour eux. Il y a encore place à de l’amélioration, mais c’est beaucoup mieux que dans les débuts, il y a 19 ans», raconte Paul Racette, directeur général du Foyer des marins Stella Maris, situé au port de Trois-Rivières.

À l’époque, le Foyer était dans une vieille cabane sans eau courante, avec des bécosses extérieures. Ce sont les bénévoles qui apportaient de l’eau chaude de chez eux pour faire du café. D’ailleurs, une bénévole de la première heure, aujourd’hui âgée de 84 ans, œuvre encore au sein de l’organisme.

Aujourd’hui, le Foyer des marins regroupe un espace de détente avec une table de billard et une télévision, un espace avec des ordinateurs et une petite boutique de souvenirs.

«Ça change continuellement, entre autres à cause des moyens technologiques qui évoluent. Quand je suis arrivé il y a quelques années, on avait quelques ordinateurs dans un coin. Ils étaient toujours occupés. Là, les marins ont tous leur iPhone ou leur tablette et viennent au chaud pour parler avec leur famille», explique M. Racette.

«On a encore plus de pertinence qu’avant, de par ce besoin de contacter leur famille. C’est ici qu’ils viennent combler ce besoin, car on offre le wi-fi gratuitement», ajoute-t-il.

Les bénévoles transportent aussi les marins vers différents magasins lorsqu’ils ont des achats à faire. Les marins peuvent aussi se procurer de nouveaux vêtements directement au Foyer des marins qui a une friperie en ses murs. Les vêtements sont tous des dons de citoyens.

«Ça nous arrive encore de voir des marins débarquer avec de petits souliers et une veste mince en plein hiver. Ils sont frigorifiés, alors ils se lancent dans les manteaux d’hiver que nous avons, ainsi que le linge chaud, mais aussi les vêtements ordinaires. Ces gars-là sont partis de quatre à huit mois en mer. Le ligne se brise, se tache. Ils ne font pas de gros salaires, alors on vend les vêtements à prix ridicule. Après leur passage ici, ils peuvent repartir vers le Brésil ou l’Afrique, en pleine chaleur. Ils doivent s’équipe et ils ne savent pas tellement à l’avance quelle sera leur prochaine destination», précise Paul Racette.

Un véritable tour du monde

On peut vivre un vrai tour du monde à l’intérieur du Foyer des marins. Depuis le début de 2017, l’organisme a accueilli de nombreux marins philippins, qui représenteraient entre 30% et 35% des marins du monde d’après Paul Racette.

On a aussi vu des marins de l’Inde, d’Ukraine, de Pologne, d’Allemagne, de Chine, des Pays-Bas, de Slovaquie, de la Grève, de l’Estonie, du Viêtnam, du Pérou, du Honduras, du Chili, du Portugal, de Croatie, de la Norvège, de l’Indonésie, du Myanmar et du Pakistan.

Pour pallier à la barrière de la langue avec les marins chinois,  les bénévoles peuvent compter sur de petits cartons avec des phrases traduites en mandarin et en anglais pour communiquer.

Une famille tissée serrée

Au-delà des services offerts au quotidien, le Foyer des marins est aussi là pour offrir du soutien moral.

«On a eu deux décès cette année au port. C’est une famille tissée serrée sur les bateaux. Quand ils perdent un membre d’équipage, c’est comme s’ils perdaient un frère. Lors du décès d’un marin en mai, tout le monde a été sous le choc. On est allé célébrer les funérailles sur le bateau et bénir le navire. Ça leur a pris trois jours pour sortir du bateau, par après, et venir au Foyer pour se changer les idées», relate M. Racette.

Les Foyers des marins veillent aussi au respect des conditions de travail des marins. Par exemple, le Foyer de Philadelphie a déjà contacté l’organisme trifluvien pour prévenir qu’un bateau à bord duquel les marins n’avaient pas été payés depuis quatre mois, arriverait à Trois-Rivières. Le maître de port a été mis au courant de cette information et les marins ont pu être payés.

«On est là pour toutes formes de soutien, même humanitaire et spirituel. Ils se sentent en famille ici», conclut M. Racette.

Bénévoles recherchés

Le Foyer des marins Stella Maris manque de bénévoles pour assurer les heures d’ouverture de l’endroit. Une vingtaine de bénévoles sont déjà impliqués au sein du Foyer, mais entre cinq et six autres sont nécessaires. Les gens intéressés peuvent contacter Paul Racette au 819 373-7187 ou par courriel à foyerdesmarins@gmail.com.

300

À l’occasion du temps des Fêtes, 300 sacs cadeaux ont été préparés pour les marins qui sont de passage au port de Trois-Rivières. Grâce à l’implication d’organismes de la région, on y retrouve des produits de beauté, des tricots, une tuque, des bonbons et plus.

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Un premier souper-bénéfice fructueux

Alexandra Côté, Alain Arseneault, Paul Racette, Luc Forcier, Régine Boutin, Maurice Blanchette et Daphné Provost-Dupuis.

Le Foyer des marins a tenu un premier souper-bénéfice, en novembre, lors duquel 2765$ ont été remis à l’organisme.

Ce sont deux étudiantes en Techniques d’intervention de loisir du Collège Laflèche, Alexandra Côté et Daphné Provost-Dupuis, qui ont organisé l’activité. Ce sont également les élèves du programme de Gestion hôtelière et Restauration qui ont concocté et servi le souper.

Pour le Foyer, il s’agissait d’une toute première activité bénéfice. Deux autres activités devraient être tenues au cours de la prochaine année, puisque l’organisme n’est pas subventionné.

 

Le Foyer des marins souhaite procéder à certains réaménagements pour rendre le lieu plus convivial et plus efficace.