Gilles Guertin: un gars de cœur

«On va tu être bien ici tous les deux à notre pension. On va pouvoir enfin profiter de la vie!» Ces mots de Gilles Guertin prononcés tant de fois à son camp à Windigo résonnent encore aux oreilles de Claude Désaulniers.

L’entrepreneur en excavation a plus que perdu un ami mercredi dernier. «C’était un frère. On nous appelait les frères siamois. La vie ne sera plus jamais la même maintenant», confie-t-il, complètement démoli par cette disparition.

Claude et Gilles se connaissaient depuis la maternelle et leur indestructible amitié depuis 40 ans était connue de tout l’entourage de l’entrepreneur en construction. «Il n’avait pas besoin de me parler, je savais ce qu’il pensait et c’était la même chose pour lui avec moi. Lorsqu’il appelait à la maison, il commençait par Allo Ding, c’est Dong

Gilles Guertin était un leader dès son tout jeune âge mentionne Claude. «À l’école un jour, il avait décidé qu’on devait avoir une journée sportive et il avait mis tous les élèves de son côté pour obliger la direction à en tenir une. Il était comme ça. Tout le monde l’écoutait. Il était respecté parce qu’il était respectueux avec les autres. Les professeurs le savaient et lorsqu’ils voulaient rétablir le calme dans une classe, ils faisaient appel à Gilles.»

Claude Désaulniers devait faire partie du groupe d’amis qui a accompagné Gilles Guertin à son camp en Haute-Mauricie. Son travail de déneigeur à Shawinigan l’a empêché d’y participer pour cette fois-ci. Tiraillé par la peine de ne pas avoir été au côté de son frère de cœur dans ces circonstances tragiques et l’angoisse de penser qu’il aurait pu être lui-même à bord de l’hélicoptère, car les deux étaient inséparables, Claude se souvient d’un grave accident en VTT il y a quelques années, où il était venu près d’y laisser sa peau. Très affecté, Gilles n’en avait pas dormi tant que son ami ne s’était pas rétabli. «J’avais une grave blessure à la tête et il me disait: Je ne te laisserai jamais tomber en organisant les secours pour qu’on me vienne en aide

Car il était connu que les amis de Gilles Guertin constituaient sa seconde famille. «Tout ce qu’ils construisaient ou achetaient, il le faisait en pensant à ceux qui en profiteraient avec lui. Il ne le faisait jamais pour lui. C’était un gars généreux qui était très sensible au malheur ou au bonheur des gens qu’il voyait», témoigne tout aussi bouleversée Michèle Caissy, conjointe de Claude Désaulniers.

Dans ces moments, l’entrepreneur en construction qui a bâti lui-même son propre succès devenait très impulsif rappelle-t-elle. «Il venait en aide instantanément à la personne ou au groupe dans le besoin.» Ces nombreux gestes de générosité dans la communauté shawiniganaise sont nombreux, mais pas tous connus.

De l’avis de tous, Shawinigan perd un gros morceau…