Facteur: un métier stimulant et parfois dangereux

Malgré les lettres transmises par courriel depuis l’arrivé d’Internet dans nos foyers, les envois postaux sont là pour rester selon les facteurs de Postes Canada. Mais à quoi ressemble le métier de ces gens qui livrent chèques, factures et lettres, beau temps mauvais temps?

À mon arrivée au bureau de poste de Trois-Rivières à 7h45, une centaine de facteurs s’affairaient à trier le courrier avant de partir sur la route. Ils ont environ 90 minutes pour préparer leur tournée, s’assurer que les lettres seront déposées à la bonne adresse et remplir leurs sacs de petites, moyennes et grandes enveloppes sans oublier les colis et les publicités.

«Pour les remplaçants, le tri est la partie la plus stressante du travail. Parce que si tu fais des erreurs et que tu classes mal tes lettres, tu risques d’avoir tes ennuis sur ta route», explique Guy Ébacher, facteur depuis 12 ans.

C’est près de 35 livres qu’un facteur transporte sur ses épaules chaque jour sur des distances variant de 10 à 15 km. Le circuit de Guy compte 653 portes sur son chemin, ce qui représente entre 1 000 et 1 200 lettres par jour.

Proche des gens

9h10. Nous sommes sur la rue Chenevert fin prêt à livrer le courrier. Guy prend le temps d’appliquer de la crème solaire «Ça en prend de la crème avec tout ce qu’on dit sur le soleil».

Tout est calculé pour rentabiliser le temps du facteur. Les marches à monter, la distance entre la rue et la boîte aux lettres et le parcours.

Côté sécurité, le facteur fait toujours face à la circulation. Son parcours est tracé en conséquence.

En distribuant les lettres, Guy me fait remarquer des situations pouvant être dangereuses pour un facteur. Des marches branlantes, des escaliers de cinq marches et plus sans rampes ou des entrées de maisons cahoteuses et pleines de trous. «On tente de sensibiliser les gens à ça. Ils ne voient pas spontanément les problématiques parce qu’ils ne regardent pas comme un facteur. On ne veut pas se mettre en conflit avec eux, mais il y a des situations où on n’a pas le choix de leur demander de changer certaines choses».

En rencontrant ses clients comme il les appelle, il se fait souvent dire «Donne moi les chèques et mets les comptes chez le voisin!». Effectivement, le courrier se compose souvent de factures, de chèques ou de publicités. Les lettres de particulier à particulier se font de plus en plus rares.

Attaqué par des chiens!

Depuis 12 ans à parcourir les rues de Trois-Rivières, Guy en a vu des gens et a vécu plusieurs situations, parfois drôles et d’autres fois touchantes. Les chiens sont encore nombreux à réserver un accueil «mordant» au facteur osant s’aventurer sur leur terrain. Depuis le début de sa carrière, l’homme de 44 ans s’est fait attaquer deux fois par des chiens.

«La première fois, j’ai juste eu le temps de remettre ma main dans mon sac et l’animal a mordu le sac. Au moins, ce n’est pas ma main qui a été déchirée. La deuxième fois, je me suis sauvé et le chien a déchiré le bas de mon pantalon. J’ai été chanceux.»

Près de 44 accidents avec des chiens sont survenus l’an dernier au Québec selon Postes Canada. Les propriétaires de ces bêtes sont sensibilisés à garder l’animal à l’intérieur ou s’il est attaché à l’extérieur s’assurer qu’il soit loin de la boîte aux lettres.

La victoire du Canadien

Guy me l’a dit à plusieurs reprises: «Les gens s’attachent à leur facteur et aiment que ce soit le même, parce qu’ils savent que leur courrier va être distribué correctement».

Effectivement, plusieurs personnes l’ont remercié au cours de la matinée. D’autres en ont profité pour parler avec lui de la victoire…

…des Canadiens de la veille.

« Une année quelques jours avant Noël, j’ai eu droit à une douzaine de bouteilles de vin. J’en avais tellement que j’avais de la difficulté à les transporter. Comme si tout le monde s’était donné le mot», se souvient-il.

Une tape dans le dos bien apprécié par ce père de famille. Surtout que l’hiver avec la neige, la glace et le froid, le métier de facteur n’est pas des plus évident. Outre les bouteilles de vin, des bouteilles d’eau lui sont offertes l’été lorsqu’il fait chaud.

12h15. Nous sommes de retour sur la rue Chenevert. L’avant-midi est terminé et toutes les lettres ont été livrées. Le trajet a été un peu plus long qu’à l’habitude pour Guy qui a pris le temps de m’expliquer l’envers de son métier.

Une dernière anecdote au moment où il voit une gomme sur le trottoir «Depuis que je suis facteur je ne mâche plus de gommes. J’en ai eu trop souvent de collé sous mon soulier!»