Ensemble contre l’homophobie

L’homosexualité fait partie entière de la société depuis des lustres, cependant, encore aujourd’hui en 2013 les lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres (LGBT) sont victimes de discrimination.

«C’est seulement à l’âge de 40 ans que j’ai annoncé à mes proches mon homosexualité. J’ai arrêté de voir ma famille le jour où seulement quatre personnes sur vingt venait discuter avec moi lors des rencontres familiales», raconte le président de Gris Mauricie Centre-du-Québec, Richard Senneville.

Une professeure au Département de sexologie de l’Université de Québec à Montréal, Line Chamberland, a effectué une étude auprès de 1844 étudiants issus de 26 cégeps en 2008 et 2 747 élèves de 3e et 5e secondaire de 30 écoles à travers la province. Les chercheurs ont également rencontré 73 jeunes LGBT âgés entre 14 et 24 ans.

Tout ça dans le but comprendre, notamment, comment la violence homophobe se traduit au secondaire et au cégep et quelles sont les conséquences sur la persévérance et la réussite scolaire des jeunes qui vivent cette situation.

Mme Chamberland a tiré des conclusions plutôt surprenantes par rapport à la démotivation scolaire des personnes LGBT.

Une de ces causes, les propos homophobes tels que «c’est fif, c’est gai» sont fréquemment utilisés. 87 % des jeunes du secondaire affirment entendre régulièrement ces propos et 67 % d’entre eux disent avoir entendu un élève insulter un autre qui est homosexuel.

«Ce sont des mots qui n’ont pas d’importance pour la plupart des gens, mais que pour une personne LGBT consiste à écraser l’estime de soi», souligne M. Senneville

«C’est considérable, surtout si l’on tient compte du fait que 8 % des jeunes s’identifient homosexuels ou affirment être en questionnement», ajoute Mme Chamberland.

Pression sociale

Au collégial la proportion est moindre du fait que l’incidence de l’homophobie est moins importante.

Cependant, comme l’école est le principal milieu de vie et de socialisation des adolescents, les élèves qui sont victimes de cette intimidation sont plus enclins à développer des troubles anxieux, d’avoir une faible estime d’eux-mêmes ou même de songer au suicide.

«Parfois la pression sociale est tellement forte que ces personnes ne peuvent s’empêcher de penser au suicide», affirme Richard Senneville.

Souvent elles envisagent l’abandon de leurs études ou ne pas poursuivre leurs scolarités au-delà du diplôme d’études secondaires.

«Je ne comprends pas qu’en 2013 il y ait autant d’homophobie. Les gens vivent encore avec la vieille mentalité religieuse», ajoute l’agente d’information et intervenant à Sidaction Mauricie, Christine Boisvert.

Tout commence par l’éducation

Ces trois intervenants sont tous d’accord pour dire que l’acceptation de l’homosexualité commence par l’éducation de cet aspect de la vie.

Dans l’étude de Line Chamberland, elle suggère qu’il est impératif que la violence homophobe soit condamnée dans les établissements d’enseignement, au même titre que toute autre forme de violence.

Ils conseillent tous que les cours d’éducation sexuelle soient réintégrés dans le parcours académique des élèves du secondaire.

Dans son étude, Mme Chamberland parle qu’une des lacunes importantes relevées pas les répondants est la très faible place accordée à l’homosexualité dans leur environnement scolaire.

«Le travail commence à la maison avec les parents, ils devraient parler de cet aspect avec leurs enfants», explique Christine Boisvert.

Elle ajoute également qu’il y a beaucoup d’adultes homophobes et qu’il faut arrêter de stéréotyper.

«Si c’était normal, il n’y aurait pas d’intimidation», affirme-t-elle.

Une marche contre l’homophobie

En partenariat avec Gris Mauricie Centre-du-Québec, Sidaction organise pour la deuxième année consécutive une marche de solidarité le 17 mai à 11h45 au parc Champlain de Trois-Rivières.

Cette activité vient en même temps que la Journée internationale contre l’homophobie.

La marche a pour but de sensibiliser la population au fait que l’homosexualité existe.

«Il est important de combattre ça, car on prive ces personnes d’amener quelque chose de bon à la société, des personnes qui ont quelque chose à véhiculer. Ce sont des personnes comme les autres», affirme Christine Boisvert.

Le Réseau des alliées

Sidaction et trois infirmières scolaires du CSSS de Trois-Rivières suivront une formation en juin au Réseau des alliées. Sidaction et Gris Mauricie-Centre-du-Québec désirent amener dans la région l’initiative de Gris Chaudière-Appalaches.

Le but est de former des gens afin de parler aux personnes homosexuelles victimes de discrimination ou d’aider une personne en processus d’acceptation.