Du nouveau pour Point de rue

L’organisme Point de rue diversifie depuis quelques années son approche pour aider les personnes de la rue à Trois-Rivières: coopération internationale, projets d’arts et mise sur pied d’une maison d’édition.

«Pour lutter contre l’exclusion sociale, on privilégie une approche communautaire. Il faut être capable de créer des lieux de rencontre entre les personnes de la rue et le reste de la population pour communiquer. La majorité des gens ne laisserait pas entrer une personne de la rue chez eux. Par contre, le journal La Galère, lui, entre chez les gens. C’est l’opinion de quelqu’un de la rue chez vous. La Galère est un outil très efficace», explique Philippe Malchelosse, directeur général de Point de rue.

L’organisme Point de rue travaille présentement sur une version améliorée de son journal de rue La Galère. L’organisme a d’ailleurs reçu, en octobre, une subvention de 20 000$ de la Ville de Trois-Rivières pour mener à bien ce projet.

Pour la nouvelle mouture de La Galère, Point de rue pourrait s’associer à l’organisme Centretien de Nicolet.

«On a des liens avec les travailleurs de rue de Nicolet. Dans le contenu, on est en train de voir quel partenariat on pourrait établir. Ce serait intéressant qu’au Centretien, ils s’en servent aussi comme droit de parole. Par exemple, on pourrait leur laisser une page dans La Galère. Il y a une volonté de travailler ensemble», affirme Philippe Malchelosse.

«On veut être capable de présenter prochainement une Galère remodelée autant dans le contenu que dans le contenant. Il y a une mouvance dans la rue tout comme dans la société et c’est important que La Galère soit représentative de la réalité d’aujourd’hui des personnes de la rue», précise-t-il.

«La rue est le reflet de ce que nous sommes»

M. Malchelosse constate une évolution parmi les gens de la rue semblable à celle que l’on voit dans le reste de la société, c’est-à-dire «beaucoup d’individualisme et de compétition, la recherche d’un statut et la recherche de pouvoir».

«La rue est le reflet de ce que nous sommes. Oui, on voit une augmentation des problématiques de santé mentale, mais ce n’est pas différent de l’ensemble de la communauté. Dans la rue comme partout ailleurs, on surconsomme et la détresse psychologique est plus présente qu’auparavant», souligne-t-il.

Quête de sens

Point de rue tient plusieurs projets pour aider les personnes de la rue de Trois-Rivières. L’organisme a notamment mis sur pied une maison d’édition qui publie des ouvrages écrits par des collaborateurs du journal La Galère.

L’organisme organise aussi des projets de coopération internationale. Quelques jeunes fréquentant Point de rue se sont envolés vers le Pérou, en 2012, dans le cadre d’un tel projet.

«On travaille beaucoup avec la quête de sens. Personne ne trouve ça le fun de se geler dans la rue. On préfère lui dire qu’il a du potentiel. On a des projets musicaux, il y a eu la création de vitraux. Ces mois-ci, on s’oriente plus vers la musique et la photo. Nos jeunes ont notamment été engagés pour décorer le centre Roland-Leclerc avec des photographies. Le projet a été très bien reçu. Ils se servent de la photographie pour parler de ce qu’ils voient dans la société. En regardant certaines photos, on aurait l’impression que c’est le travail de professionnels. Des projets du genre leur permettent d’augmenter leur estime», conclut M. Malchelosse.

Lutte à l’itinérance: les priorités pourraient changer

Le programme fédéral de lutte à l’itinérance, dont Point de rue reçoit des subventions, vient à échéance le 31 mars 2014. Des rumeurs laissent entendre que les priorités du programme pourraient être réalignées vers l’aide à trouver un logement. «Au Canada anglais, on remarque l’approche «logement d’abord» qui mise davantage sur les logements sociaux pour les personnes vivant dans l’itinérance. Si c’est le plan qui est retenu pour le Québec, ça ne veut pas dire que l’argent sera seulement investi dans la brique, car pour que ça fonctionne, il faut aussi s’occuper de l’aspect psychosocial. Il faut de l’encadrement, leur montrer comment se faire à manger, s’assurer de la prise de rendez-vous chez le médecin, par exemple. On voit aussi des problématiques de santé mentale. On aurait notre place dans une telle approche», commente Philippe Malchelosse, précisant qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer à ce sujet.