Destination voyage: le forfait réel du tout inclus des pauvres

SAINT-NARCISSE. Une cinquantaine de personnes bénéficiaires de l’aide sociale, de l’assurance-emploi, intervenants sociaux et politiciens se sont réunies à Saint-Narcisse à l’occasion de la «Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté». Le but visé était de réfléchir sur la pauvreté et émettre leur opinion sur les mesures d’austérité envisagées par le gouvernement Libéral.

«Les seuls voyages que je me permets dans l’année, c’est pour aller à la banque alimentaire», s’exclame Luc, qui vit avec un maigre chèque d’aide sociale depuis quelques années.

«Ils me font ben rire avec leur économie de 2 millions qu’ils pensent aller chercher, en voulant contrôler le nombre de prestataires qui partent en vacances dans le Sud au lieu de se chercher une job.»

À vrai dire, on rit plutôt jaune pour la plupart des bénéficiaires de l’aide sociale, que ce soit des coupures envisagées, ou des préjugés persistants à leur propos.

Voici quelques-uns de leurs commentaires:

«Au lieu de dire qu’il n’y a pas plus fraudeur qu’un  »BS », il serait plus juste de dire qu’il n’y a pas plus pauvre qu’une personne à l’aide sociale!»

«Depuis 17 ans, je suis dans un cycle travail-chômage-BS. On ne coupe pas au bon endroit, on devrait couper dans les abris fiscaux.»

«En appauvrissant les gens, on engraisse le portefeuille de l’état à court terme, pour ensuite redonner plus tard aux démunis parce qu’il y a plus de malnutrition, maladie psychologique et j’en passe…»

«Quand tu ne couvres même pas la moitié de tes besoins essentiels, comment tu peux t’en mettre de côté pour voyager dans le sud!»

Investir au lieu de «sévir»

Couper pour épargner, est-ce vraiment la solution?

«Il s’agit d’une vision politique à très court terme encore une fois, malheureusement», selon Geneviève Paré, directrice au Fonds Communautaire des Chenaux.

«A-t-on pensé qu’en diminuant les revenus des personnes les plus vulnérables dans notre société, on va augmenter entre autres considérablement à moyen terme, les coûts reliés à la santé et le taux de criminalité. Pour que les personnes puissent rebondir après un moment difficile, il faut minimalement que les besoins de base soient comblés : bien manger, se vêtir, se loger et la possibilité de se déplacer pour trouver un emploi, par exemple.»

«Il faut aussi avoir un peu d’argent pour se sortir de son isolement et surtout combattre les préjugés, qui affectent grandement les personnes vulnérables. La honte et le sentiment d’infériorité n’aident vraiment pas une personne à s’en sortir dans la vie. En connaissez-vous tant que cela des gens qui aspirent à rester dans la misère!»

De son côté, Pierre Blanchet, du Mouvement d’Action Solidaire des Sans-Emploi, affirme:

«Dans un contexte où le gouvernement souhaite faire des économies, nous souhaitons qu’il comprenne vraiment que de mettre en place des mesures qui élimineraient la pauvreté permettrait aux personnes qui la vivent de retrouver leur dignité, d’être plus instruits et en santé, et au gouvernement de faire de grandes économies. Nous appuyons en ce sens Alain Dumas, économiste de la région, et le Conseil de Santé et de bien-être social du Canada qui confirment cela.»

En effet, selon eux, le coût annuel des conséquences de la pauvreté est de 25 milliards de dollars et le coût annuel d’investissement pour éliminer la pauvreté serait deux fois moindre, c’est-à-dire de 12,3 milliards de dollars. Il apparaît maintenant plus clair qu’en éliminant la pauvreté, tout le monde y gagnerait. (Source: Geneviève Paré)