Des tracteurs à gazon aux voitures de course
La plupart des garçons de 10 ans en 1982 jouait au tonka, s’amusait en «bigwheel», écoutait religieusement l’émission Goldorak, mais la passion de Stéphane Duplessis était légèrement différente. Son plaisir à lui, c’était de modifier les moteurs de tracteur à gazon.
«Du plus loin que je me souvienne, j’avais sept ans lorsque j’ai dit à mon oncle qu’un jour je travaillerais dans les moteurs de course. »
Trente-trois ans plus tard, il a tenu promesse et il est aujourd’hui l’un des meilleurs concepteurs de moteur de la série CTCC. Difficile de contester ces faits: son écurie a remporté les deux courses auxquelles l’équipe prenait place lors du Grand prix de Montréal.
Il n’a jamais réellement su pourquoi il était si passionné par les moteurs, mais il se souvient qu’il aimait démonter tout ce qu’il voyait étant jeune.
«Je voulais voir comment les choses étaient faites, par la suite je les remontais. Lorsque j’ai vu le tracteur à pelouse, j’ai vu un plus grand défi et un meilleur potentiel», affirme Stéphane.
La passion des voitures
À 17 ans, un défi plus grand se présente à lui. Il achète sa première voiture, une Renault Alliance.
Instantanément il se met à modifier le moteur. Un moteur à un injecteur, il décide d’en mettre quatre. Tranquillement, il s’équipe d’outils afin de pouvoir poursuivre sa passion.
Lorsqu’il lui manque les outils nécessaire pour faire ses modifications, il s’arrange pour faire faire l’ouvrage par un autre mais à sa façon.
C’est à ce moment que sa réelle passion pour les moteurs de course prenne forme.
Pour perfectionner ses connaissances il suit un cours de mécanique.
«Après ma formation j’ai travaillé une semaine dans un garage. Je savais que ce n’était pas fait pour moi. J’ai lâché ça et je me suis mis à travailler à mon compte ».
«À mes débuts je modifiais les voitures de mes amis. Je leur donnais un peu plus de force de moteur et de fil en aiguille, j’ai commencé à me développer une clientèle.»
«Lorsque j’avais 21 ans, j’ai modifié de A à Z une Golf GTI 92 avec un ami. Nous avons remporté la première place à des concours de Toronto et Montréal. Cette voiture a fait la couverture de deux grosses revues américaines», raconte Stéphane.
Il ouvre son garage et de 1993 à 1998, il suit la tendance.
«Dans ce temps-là la mode était de mettre de plus gros moteurs dans les Civic. Après je modifiais la mécanique pour leur donner plus de puissance. J’en ai beaucoup fait et grâce aux économies que j’ai faites, j’ai investi en 2005 dans un dynamomètre et c’est là que mon aventure dans la course automobile a vraiment pris son envol.»
Un dynamomètre est un dispositif pour mesurer la couple, la force ou puissance disponible du moteur.
Un investissement majeur, risqué, mais qu’il n’a jamais regretté.
Le Rabbit l’emporte
«Mon premier client a été Louis Charles Cadieux. Il avait un Rabbit de Volkswagen avec un petit moteur 2L. Cette année-là, il a remporté le Grand Prix de Trois-Rivières avec mon moteur», se souvient Stéphane.
Motivé par cette expérience, il retourne travailler à Montréal pour une compagnie de voiture de course afin de perfectionner ses connaissances. Tout en gardant son garage ouvert. Il fait la connaissance d’Eric Côté qui changera sa vie pour de bon.
«Eric Côté préparait des moteurs de course chez GT Racing depuis plusieurs années et il se cherchait un gars pour faire des moteurs. Je suis donc revenu à mon garage et Eric m’envoyait de la sous-traitance. On en a eu énormément des moteurs de BMW, Hyundai, Honda.»
Record canadien
Plusieurs de ses moteurs performent et terminent en première position.
En 2006, il conçoit un moteur de Drag qui éclipse un nouveau record canadien. Il produisait des moteurs de formules 1600 mais sa spécialité restait dans la série CTCC où il enchaînait les premières positions les unes après les autres.
À une époque, il produit presque la moitié des moteurs de la série CTCC.
Depuis 2007, il perfectionne ses moteurs pour les rendre toujours plus performants. Il a même acheté la machinerie nécessaire pour produire lui-même les composantes du moteur.
«C’est une question de développement. Depuis 2007 nous travaillons sur le même moteur, mais nous l’améliorons d’année en année. On peut toujours tout améliorer. Encore là, c’est une question de budget», constate Stéphane.
Une autre victoire à Trois-Rivières?
Pour promouvoir sa compagnie, il achète une voiture de la série CTCC. Conduite par Marc-Antoine Camirand, son équipe termine deux fois sur la plus haute marche du podium. Il prend la tête de la série. Malheureusement, Stéphane n’a ni le budget ni le temps nécessaire pour faire la série au complet.
«Nous allons faire seulement les courses les plus importantes: le NAPA à Montréal, Mont-Tremblant et bien sûr, le Grand Prix de Trois-Rivières», confirme Stéphane.
«La course automobile pour moi et mon équipe c’est une passion. C’est énormément d’heures de travail bénévole pour toujours essayer de trouver des moyens de s’améliorer. Nous sommes quatre et nous avons passé près de 100 heures chacun pour être prêts à temps pour le Grand Prix de Montréal», conclut-il.