Démystifier le VIH

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est encore présent. Bien qu’il soit impossible de l’enrayer complètement du système, les personnes atteintes ont recours à la trithérapie, une combinaison de trois antirétroviraux qui leur permettre de vivre une vie toute à fait normale et qui a relégué le VIH aux maladies chroniques.

«Il y a eu une crise de VIH au milieu des années 1990 et les gens en mourraient rapidement. Maintenant, environ 22 000 personnes au Québec sont atteintes, mais la médication est tellement efficace que les gens ne meurent plus», confie Anick Beneke, formatrice et intervenante en prévention à Sidaction.

«Au milieu des années 1990, la personne se faisait dire qu’elle allait mourir. La médication est ensuite arrivée, mais les effets secondaires étaient trop forts jusqu’en 2007. À l’époque, ça pouvait être 5 à 7 pilules par jour, en plus des pilules pour contrer les effets secondaires. Aujourd’hui, une pilule par jour est nécessaire.»

La médication est tellement efficace qu’elle peut réduire le VIH en une charge virale indétectable. D’ailleurs, 90% des personnes qui prennent leurs médicaments ont une charge virale indétectable. Ils font tout de même face, encore aujourd’hui, à plusieurs préjugés et mythes reliés à ce virus.

«Le virus descend tellement bas dans le corps qu’il devient indétectable. Le virus n’attaque presque plus le corps, alors le système immunitaire revient à la normale. Ça fait en sorte qu’on ne transmet plus VIH lors de rapports sexuels. Une femme peut tomber enceinte sans transmettre le VIH à son bébé», explique Mme Beneke.

«Une personne qui prend sa médication méticuleusement va se rendre là (charge virale indétectable) en deux et trois mois seulement. Au niveau biologique, ça fait qu’on peut contrôler la maladie de plus en plus.»

Mais ne vous détrompez pas: le VIH est encore tabou de nos jours.

«On est encore aux prises avec des problèmes de discriminations et de la stigmatisation. Les années 1990 ne sont pas loin, alors on a encore les images de publicité que le VIH mène au cercueil. Les gens ne sont pas informés sur le VIH, alors ils ont encore beaucoup de craintes et de peurs. Au niveau des emplois, on voit encore des cas de discrimination à l’embauche ou de renvoi à cause du VIH, alors qu’une personne atteinte pourrait même être médecin chirurgien cardiaque», explique-t-elle.

«Souvent les gens ont peur en cuisine ou en boucherie, mais le virus meurt à l’air libre. Même lors d’un contact sang contre sang, ce serait très compliqué d’avoir une transmission. Même lors d’une relation sexuelle non protégée, disons la plus risquée, les chances seraient de 1,4% de probabilité de transmission, comparativement à 0,03% pour une pénétration vaginale.»

Et qui dit VIH dit encore rejet, dans certains cas.

«Effectivement, certains vont vivre le rejet familial et amical. L’homme et la femme hétérosexuels sont un peu pris en pitié, tandis que chez autochtones, les immigrants réfugiés, ainsi que les hommes qui ont des relations avec d’autres hommes, c’est plus mal vu. Et ce n’est pas évident de trouver un partenaire qui veut être en couple», confie Mme Beneke.

«Le côté émotionnel est encore assez fort dans nos croyances. La personne elle-même a de la misère a accepté que ça va rester en elle toute sa vie et c’est une des rares maladies qu’on va te dire que c’est de ta faute, donc encore plus difficile. Il faudrait que la science rattrape nos croyances, mais ça va prendre du temps. Et il ne faut pas oublier que même si le VIH se contrôle mieux, il se transmet encore quand même», conclut-elle.

Principales missions de Sidaction?

«Sidaction est là depuis 28 ans et au départ, c’était un organisme en prévention du VIH/SIDA. Avec les années, c’est devenu un organisme qui fait aussi la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). La prévention et l’accompagnement sont les plus gros volets de notre mission. Sidaction couvre maintenant toute la Mauricie. On fait aussi du travail de proximité en offrant des services aux personnes les plus vulnérables.»

«On accompagne la personne cas par cas, et selon ses besoins. Ça peut même aller jusqu’à de l’accompagnement juridique. Nous avons un centre de documentations également. Nous recevons une cinquantaine de personnes différentes atteintes du VIH par année. En Mauricie, on parle d’environ 120 personnes atteintes.»