Dans l’antre d’Ali Baba
ANTIQUITÉS. À l’ère de la consommation rapide où les objets trouvent le chemin de la poubelle dès la sortie d’un nouveau modèle, les boutiques d’antiquités gagnent en popularité. Comment explique-t-on ce phénomène? L’Hebdo Journal est allé à la rencontre d’antiquaires du coin qui ont accepté de nous ouvrir les portes de leurs cavernes d’Ali Baba.
Copropriétaire de la boutique Reflet du passé dans le secteur Pointe-du-Lac, Joëlle Hénaire remarque que ce retour aux sources se manifeste davantage chez les jeunes en quête de pièces uniques et originales.
«Il y a un retour au rustique. Il y a une tendance mode chez les jeunes de ce côté-là pour avoir des pièces rustiques et vieillies qui témoignent d’un passé. Le bois de grange a la cote. Ils n’aiment pas créer des décors juste avec ça, mais ils aiment avoir des pièces uniques qui ont du vécu et de l’âge. Souvent, c’est un contraste avec un décor contemporain.»
La popularité des antiquités a traversé les années, mais ce que recherchent désormais les clients est bien différent. «C’est complètement à l’opposé d’il y a 10 ans, soutient Mme Hénaire. Avant, les gens voulaient avoir un meuble victorien avec un fini impeccable et aucun défaut. Maintenant, c’est l’inverse. Les gens aiment les traces d’usure du temps.»
Une réalité que constate également Andréane Tiffeault-Dessureault, propriétaire chez A.T.D Boutique Atelier au centre-ville.
«Les essences de vieux bois sont revenues à la mode et les gens veulent des meubles qui ont une âme, qui ont du vécu. Quand ils achètent, c’est parce qu’ils ont un coup de cœur. Ils ne viennent pas ici s’ils veulent juste avoir un meuble pour avoir un meuble et que n’importe lequel ferait l’affaire.»
Utilités multiples
Accessoires déco, les antiquités prisées par les acheteurs ont une utilité bien différente de ce pourquoi ils ont été construits autrefois.
«Par exemple, d’anciens bidons de lait peuvent servir de pots à fleurs et un porte-ustensiles se retrouve maintenant dans l’entrée de la maison pour mettre des clés», suggère Joëlle Hénaire.
Cette dernière ajoute que l’intérêt pour les antiquités est différent selon les groupes d’âge et les types de clients.
«Les collectionneurs vont rechercher des articles de la marque Coke ou d’une bière spécifique. Les jeunes, eux, vont aimer les meubles usés et uniques comme les vieilles tables et ils vont mettre des chaises contemporaines avec ça. Ils aiment aussi les objets du quotidien comme les ustensiles en bois. Quant à elles, les personnes plus âgées vont surtout acheter des coups de cœur ou ils vont vouloir ajouter une pièce à leur collection.»
Des passionnés à l’œuvre
Contrairement à des magasins faisant affaire avec des fournisseurs, tenir une boutique d’antiquités nécessite de nombreuses heures de recherche pour trouver des articles uniques.
«Une fois qu’on a trouvé l’objet, il faut faire des recherches sur l’âge, l’histoire et l’utilité de l’article en question», indique Mme Hénaire. S’ajoute à cela le temps de restauration de certaines pièces.
«Contrairement à il y a 10-15 ans, les gens aiment avoir les choses clé en main, alors ça demande beaucoup de temps de restauration. Avant, les gens aimaient mieux acheter des pièces pour les décaper et les restaurer à leur goût. C’est maintenant très rare», mentionne la copropriétaire de la boutique Reflet du passé.
Elle aussi artiste à ses heures, Andréane Tiffeault-Dessureault remet à neuf non seulement des meubles, mais aussi des vêtements. Ces morceaux uniques et originaux ont la cote chez les jeunes femmes qui aiment se démarquer.