Cuisiner deux repas avec 18,50$

COMMUNAUTÉ. L’organisme COMSEP récidive avec son événement Prends ma place…pour une journée, qui se déroulera le 25 avril dès 17h. Le concept: cuisiner en équipe deux repas pour quatre personnes avec un montant de 18,50$.

Cette compétition culinaire a pour objectif de faire comprendre la réalité que vit une famille de quatre personnes, dont les parents sont en situation de pauvreté et analphabètes, et qui doit confectionner des repas quotidiennement.

Ce montant est le montant moyen dont dispose une famille en situation de pauvreté pour se nourrir chaque jour.

Les participants auront quatre heures pour élaborer un plan de travail, réaliser les achats et cuisiner les deux repas. C’est un jury composé majoritairement de personnes à faible revenu qui déterminera l’équipe gagnante de chaque activité.

Des obstacles viendront ponctuer le déroulement de la compétition. Par exemple, l’an dernier, pour reproduire une condition d’analphabétisme fonctionnel, des consignes étaient données en espagnol.

«Je ne savais pas à quoi m’attendre. On s’est préparé avec différents plans de match à l’avance. On surveillait les spéciaux dans les différentes épiceries. J’ai même apporté ma balance à l’épicerie. Le jour de la compétition, à la caisse, ça s’est joué sur quatre fèves vertes. On a pu en retirer quatre pour atteindre les 18,50$ très exactement», raconte Philippe Gabias, avocat chez Jolicoeur-Lacasse, dont l’équipe avait atteint la finale l’année passée.

«C’était aliénant, mais ce n’était qu’une journée. Je ne faisais plus ce sacrifice le lendemain et j’étais content de me dire que je n’avais plus à amener ma balance à l’épicerie ou à épier le moindre spécial. Ça a été stimulant pour une journée, mais ça devient excessivement complexe au quotidien. Quand je répondais à mes collègues qu’on n’avait pas assez d’argent pour des épices à tacos, ce n’était pas la même chose que de dire à mes enfants qu’ils n’ont pas d’oranges parce qu’elles n’étaient pas en spécial cette semaine», poursuit-il.

À 25¢ du désastre

Professeure en travail social, Lise St-Germain est sensibilisée à la situation des personnes vivant dans la précarité, mais cela n’a pas empêché l’expérience de la marquer.

«Ça met à l’épreuve la débrouillardise au maximum! C’est éprouvant quand tu le vis une journée. Je me souviens d’avoir échappé une pièce de 25 sous à la caisse, mais on en avait besoin pour arriver au final. Ça mettait le repas en péril. Je me suis mise à quatre pattes pour la ramasser. Dans ce genre de situation, le regard de l’autre peut être éprouvant», confie-t-elle, admettant faire des achats plus réfléchis aujourd’hui et éviter davantage de gaspiller.

À la fin de l’épreuve, du temps est réservé pour permettre l’échange entre les personnes qui cuisinent et les personnes analphabètes et en situation de pauvreté qui assistent à la compétition.

Sylvie Tardif, coordonnatrice de COMSEP, entourée des anciens participants Lise St-Germain, professeure en travail social, et Philippe Gabias, avocat chez Jolicoeur Lacasse.

«On veut déconstruire les préjugés dont sont victimes les personnes analphabètes et en situation de pauvreté. Nous espérons que les personnes qui auront participé à nos activités Prends ma place…pour une journée  deviendront des agents multiplicateurs dans leur milieu pour réduire les préjugés dont sont victimes les personnes à faible revenu», souligne Sylvie Tardif, coordonnatrice générale de COMSEP.

Sept compétitions amicales seront organisées d’ici novembre prochain.

Info et inscription: 819 378-6963

 

Des élèves sensibilisés

Par ailleurs, des élèves provenant de différentes écoles du territoire tenteront l’expérience à leur tour. Aujourd’hui, 25 étudiants en éducation spécialisée du Collège Ellis de Drummondville ont vécu cette expérience.

Les étudiants d’un peu partout pourront aussi être sensibilisés à cette réalité, puisqu’un documentaire est en cours de tournage. Réalisé par Pierre St-Yves, ce documentaire présentera la démarche entourant l’activité Prends ma place…pour une journée et suit les participants dans l’expérience.

«Ce documentaire pourra servir aux professeurs du primaire, du secondaire tout comme du collégial et de l’université pour aborder ce sujet. Ça va permettre de faire du chemin», affirme Sylvie Tardif.

Ce projet a bénéficié d’une subvention du ministère de l’Éducation.