Créer un lien privilégié et durable avec les jeunes

Marie-France Pouliot, finaliste au Prix de la relève Karyne O’Cain à l’Événement Chamberland, a elle aussi été surprise par le défi qui s’est présenté à elle de devenir directrice générale de son organisme, la Maison des jeunes Action jeunesse de Trois-Rivières.

« J’ai eu l’opportunité de faire de la cogestion avec mon ancien directeur, d’apprendre ce que c’était. Il était un directeur exceptionnel. Je ne croyais pas qu’il allait quitter, mais il a eu une très belle opportunité sur un plateau d’argent. L’occasion est arrivée pour moi. Finalement j’aime vraiment beaucoup ça. On dirait que j’ai plus la vision 360 de ce qu’on fait. Parce que là, je travaille encore plus au niveau du financement. Je comprends encore mieux ce que c’est une maison de jeunes sans jamais perdre de vue que le service au final est pour les ados. »

Les maisons des jeunes sont des lieux de rencontre pour les adolescents de 12 à 17 ans animés par des intervenants qui ont le mandat de créer des liens significatifs avec les ados.

« L’objectif est qu’ils deviennent des citoyens critiques, actifs et responsables. Ça se fait par tout plein d’activités. Des fois on a un peu le préjugé que les maisons de jeunes, c’est un endroit où on va jouer au ping-pong, au billard, que c’est tout ce qui se passe. Il y a évidemment des consoles de jeu, mais c’est un prétexte de loisir pour intervenir auprès des ados. On fait de la prévention, ils font du bénévolat, de l’implication. Tout est un prétexte pour atteindre des objectifs avec eux. L’idée c’est de devenir un adulte significatif pour l’ado, un autre adulte bienveillant qui gravite autour de lui. »

Ce qui la motive au quotidien, c’est de constater l’évolution des jeunes qui fréquentent l’organisme sur une base régulière.

« La mission, je l’ai très à cœur. Ce qu’on fait avec les ados, les amener vers l’âge adulte, je trouve ça excessivement valorisant. Je trouve ça très beau de les voir se découvrir, apprendre à se connaître, prendre conscience de leurs valeurs, se poser des questions, découvrir des nouvelles choses, s’affirmer. On est là dans le quotidien avec eux. C’est un milieu de vie ici comparativement aux autres emplois que j’ai pu occuper dans le communautaire. Les discussions qu’on a en faisant la vaisselle, pendant que je me fais battre au ping-pong, dans l’informel, c’est super riche. »

Le communautaire et le bénévolat ont toujours fait partie de la vie de Marie-France.

« Je suis native de Rimouski. J’ai été bénévole dans un organisme en persévérance scolaire. J’ai fait mes stages au communautaire dans un organisme en réinsertion socio-professionnelle. En arrivant en Mauricie j’ai travaillé à la Maison des jeunes l’Éveil jeunesse de Louiseville. J’ai aussi travaillé au CAVAC pendant deux ans durant mes études. »

Elle insiste cependant pour faire la différence entre l’implication et ce qu’on désigne comme étant une vocation.

« Il ne faut pas dire que les gens qui travaillent au communautaire, c’est une vocation, parce que c’est important de reconnaître que c’est un travail. En disant que c’est une vocation, on vient un peu prendre pour acquis le travail des gens au communautaire, « je vais en donner des heures à l’infini ». Il y en a beaucoup d’entre nous qui faisons ça un peu par dédication. »

L’Événement Chamberland met en lumière les organismes et leurs projets qui ont amené de beaux résultats. « Je trouve ça le fun qu’ils reconnaissent cette implication-là puis les belles réalisations. On n’a pas le choix d’être créatif, d’être dynamique, d’avoir une capacité d’adaptation. Ça fait en sorte qu’on peut compter les uns sur les autres. On ne manque pas d’idées. Le réseau peut compter sur les organismes communautaires. On a cette flexibilité et cette réactivité. C’est un milieu qui est riche et très humain. Ça s’accorde bien avec mes valeurs. »

Les jeunes de la Maison Action jeunesse sont véritablement au cœur des prises de décisions.

« Ce qui est exceptionnel dans le communautaire, c’est que c’est pour et par les membres. Ici c’est particulièrement le cas. Toutes les décisions qui sont prises ici qui concernent les jeunes sont prises par les jeunes en Conseil jeunes, une instance démocratique. Ça part d’eux. Après ça l’équipe va se mobiliser et voir comment on peut mettre ça en place. Les services qui sont donnés sont à leur couleur. Ils ne peuvent pas faire plus partie de la réponse à leurs besoins que ça. »

Ces ados conserveront sans doute longtemps le souvenir de leur passage à la Maison.

 » Je suis reconnaissante de l’opportunité que j’ai de travailler ici. Les jeunes ont vraiment un sentiment d’appartenance. On a un jeune qui a 21 ans qui vient nous donner des nouvelles régulièrement. Il fait six pieds trois maintenant, il a son appartement. Il vivait dans le quartier et dès qu’il passe dans le coin il vient nous saluer. Pour moi, c’est vraiment ça ma paie. »