Budget: les maisons des jeunes invitent Québec à choisir les adolescents

En prévision du dépôt du budget du gouvernement du Québec, les maisons des jeunes lancent un cri du cœur dans l’espoir que leur financement puisse être rehaussé pour leur permettre de poursuivre leur mission.

À Trois-Rivières, la maison des jeunes Alternative jeunesse bénéficie déjà d’un budget de 154 000$ provenant du Programme de soutien aux organismes communautaires. L’an dernier, l’organisme a dégagé 180 926$ en revenus, mais la maison des jeunes aurait besoin de 154 000$ de plus.

« Avec le double du budget, on pourrait réinvestir dans des salaires et, par exemple, avoir quatre animateurs à temps plein et à temps partiel. Les jeunes ont besoin d’animateurs à temps plein auprès d’eux. On pourrait aussi ouvrir la maison des jeunes à raison de six soirs par semaine et on monterait aussi le budget des activités des jeunes », explique François Gaudet, coordonnateur de la maison des jeunes Alternative jeunesse

En ce moment, les subventions que reçoivent les maisons des jeunes correspondent environ au tiers du budget nécessaire à leur bon fonctionnement, affirme le Regroupement des maisons des jeunes du Québec. Par ailleurs, 45% d’entre elles ont dû fermer leurs portes ou réduire leurs heures d’ouverture au cours de la dernière année par manque de personnel.

C’est d’ailleurs avec un gros pincement au cœur que le coordonnateur de l’Alternative jeunesse, à Trois-Rivières, a pris la décision de fermer les portes de la maison des jeunes un soir de plus dans la semaine, l’organisme passant de cinq à quatre soirs d’ouverture par semaine.

Celui qui œuvre au sein des maisons des jeunes depuis 27 ans se souvient de ce temps pas si lointain où il avait constamment deux animateurs à temps plein avec lui.

François Gaudet, coordonnateur de la Maison des jeunes Alternative Jeunesse.

« Le financement a été revu, mais avec la pénurie de main-d’oeuvre et avec le CIUSSS et les écoles qui cherchent aussi du personnel, c’est difficile de recruter dans les groupes communautaires. Je vais bientôt afficher un poste à combler. En même temps, la maison des jeunes au Cap-de-la-Madeleine est à la recherche d’une personne à temps plein depuis plus d’un an », raconte François Gaudet qui accueille entre 200 et 300 jeunes par année à la maison des jeunes.

Deux années difficiles pour les adolescents

La pandémie a également été difficile pour de nombreux adolescents. « On a inventé un modèle pour tenir des maisons de jeunes en virtuel parce qu’on ressentait qu’il y avait beaucoup de besoins, indique M. Gaudet. Quand tu es adolescent, tu veux être avec tes amis, prendre une distance avec tes parents. Là, ils ne pouvaient pas faire ça. On en attendait beaucoup parler et on a observé que pour beaucoup, la motivation scolaire n’était plus là. »

« Quand on leur demandait c’était comment l’école en ligne, certains disaient que c’était mieux pour eux en présentiel, mais qu’ils préféraient le mode virtuel parce qu’ils pouvaient fermer leur caméra et faire autre chose. Les notes ont chuté. Et c’est sans compter les problèmes à la maison. Certains voyaient leurs parents en processus de séparation. On a aussi senti l’anxiété monter, mais ils ne pouvaient voir personne », ajoute-t-il.

D’ailleurs, la maison des jeunes a particulièrement manqué à Jade, une adolescente de Trois-Rivières qui fréquente la maison des jeunes Alternative Jeunesse depuis octobre 2019.

« Ça s’est quand même bien passé pour moi durant la pandémie, mais la maison des jeunes me manquait. Il n’y avait pas les animateurs, ni les jeunes… Il n’y avait rien à faire. Il me manquait un besoin d’appartenance à un groupe, en quelque sorte, raconte-t-elle. Ça a fait du bien quand ça a rouvert. Je n’ai jamais été aussi contente! Devant l’écran, même si on se voyait, c’était plus difficile de ressentir de l’émotion. »

Lorsqu’elle a commencé à fréquenter le lieu, elle ressentait le besoin de rencontrer de nouvelles personnes. On lui avait dit que les gens de la maison des jeunes étaient des gens de confiance.

« Les gens sont gentils et accueillants ici. J’aime les animateurs et les autres jeunes et tout ce qu’on fait. On peut être qui on veut. On n’est pas jugé et on est accepté pour la personne que l’on est. C’est cool!  Je viens tous les jours de la semaine. C’est ma deuxième maison. Je peux m’impliquer dans le conseil des jeunes et monter des activités », poursuit-elle.

« Ça nous apporte beaucoup plus que ce que les autres pensent. Les gens ont des préjugés envers les maisons des jeunes, mais c’est tout le contraire. On jase, on se change les idées, on parle à des amis. Et la porte des animateurs est toujours ouverte pour que l’on puisse jaser ou se confier », souligne Jade.

Choisir les adolescents

À l’approche du budget du Québec, François Gaudet aimerait voir le gouvernement penser aux adolescents et les choisir.

« Il faudrait peut-être choisir la clientèle adolescente dans le financement. Il n’y a pas d’autre organisme à Trois-Rivières strictement réservé aux jeunes de 12 à 18 ans. La Ville a donné un financement intéressant cette année et c’est très apprécié, souligne M. Gaudet. C’est une bonne tape dans le dos. Mais en ce moment, sur les cinq maisons des jeunes en Mauricie, il n’en reste qu’une qui compte une animatrice à temps plein. Avant, j’avais deux employés animateurs à temps plein avec moi. Ça permettait de développer des projets et des partenariats avec d’autres organismes d’ici, entre autres. »

En ce sens, le Regroupement des maisons des jeunes du Québec invite les citoyens à signer une déclaration d’engagement d’ici le 13 mars pour manifester leur appui à la mission des maisons des jeunes et leur besoin de financement. Cette déclaration sera ensuite remise au gouvernement du Québec.

Pour signer la déclaration: https://rmjq.org/mobilisation/plus-pour-nos-ados/