Briser les barrières de la langue avec des images

IMMIGRATION. Sans une bonne maîtrise de la langue officielle, de nombreux immigrants se butent aux barrières linguistiques. L’arrivée imminente de réfugiés syriens au Canada pressent les organisations à trouver une solution. À Trois-Rivières, des pictogrammes utilisés par un centre de la petite enfance pourraient bien faciliter la communication avec les nouveaux arrivants.

Pour remédier à cette situation, les éducatrices du CPE trifluvien Les Petits Collégiens se servent de pictogrammes afin de communiquer avec leur clientèle en grande majorité composée d’immigrants.

Dans certains groupes, le français côtoie l’espagnol et l’arabe. D’ailleurs, cela permet également de faciliter les relations avec les parents de ces derniers.

«Les images sont une langue universelle», a indiqué l’auteure et illustratrice de ces pictogrammes, Anne-Marie Le Gouill.

La Sherbrookoise diplômée de l’Université du Québec à Trois-Rivières avait initialement conçu ses pictogrammes pour son fils Antoine, diagnostiqués d’un trouble du spectre autistique.

«Cela m’a permis de communiquer plus facilement avec lui. Quand j’ai vu que cela fonctionnait très bien, j’ai décidé d’en faire profiter les autres élèves de sa classe. Depuis, 75 % de ma clientèle se constitue de CPE et d’écoles primaires composés d’enfants qui ne représentent aucune problématique», a renchéri la créatrice.

En effet, des enfants allophones de partout au Canada, en France, en Allemagne et même d’Afrique utilisent ses deux ouvrages parus jusqu’à maintenant.

En plus de stimuler l’apprentissage de diverses routines qui doivent être intégrées en bas âge, les images permettent aux nouveaux immigrants qui ne connaissent ni le français ni l’anglais de communiquer.

Est-ce que cela pourrait fonctionner avec les immigrants de tous âges ?

«Je n’ai jamais eu de demande visant principalement les réfugiés syriens, mais c’est certain qu’eux ou des organismes pourraient s’en servir pour communiquer au départ», assure Anne-Marie Le Gouill.

À ce jour, sa collection entamée en 2009 comporte plus de 1400 images ainsi que deux livres en vente dans les librairies et sur le site internet www.lespictogrammes.com.

Une banque d’interprètes

La barrière de la langue est un problème majeur pour les immigrants qui souhaite avoir accès à des services au Québec, mais qui ne maîtrisent pas le français.

En 2009, une majorité d’immigrants installés au Canada possédaient des connaissances en français. Il n’en demeure pas moins que plus de 35 % d’entre eux, toutes catégories confondues, n’en avaient pas, a noté le bulletin statistique du Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles.

La Ville de Trois-Rivières reçoit environ 85 réfugiés par année. À ce nombre s’ajouteront 70 Syriens en 2016. Lorsque vient l’heure d’avoir recours à des soins de santé ou tout simplement inscrire leurs enfants à l’école, ces derniers se retrouvent donc confrontés à des difficultés.

Au Centre intégré universitaire de santé et des services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS-MCQ), les services de santé aux immigrants sont d’abord assurés par des employés qui maîtrisent leur langue.

Ces derniers peuvent également faire appel à un interprète du Service d’aide aux Néo-Canadiens à Sherbrooke.

Pour l’année 2013-2014, 1 000 entrevues ont été effectuées auprès du service pour la région de la Mauricie-Centre-du-Québec.

Un service pour les personnes d’expression anglaise

Par ailleurs, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS-MCQ) a mis sur pied un nouveau service d’information et de liaison afin de faciliter l’accès aux soins de santé et de services sociaux en anglais.

Ce programme, nommé «Adaptation des services de santé et des services sociaux pour les personnes d’expression anglaise», est en collaboration avec la Corporation de développement de la communauté d’expression anglaise de Mégantic (MCDC).

Embauchée récemment par la corporation, l’agente d’information et de liaison Shannon Keenan a pour mission d’aider ceux qui ne sont pas familiers avec la langue française à trouver leur chemin dans les différentes branches du système de santé.

«Dans la région, la communauté anglophone n’est pas très grande, soit près de 5 000 personnes. Cette population est cependant vieillissante et a beaucoup de difficulté à obtenir les services en anglais. Mon rôle est de les guider», a déclaré Shannon Keenan.

Le bureau de Mme Keenan est situé au 1045, rue Chabanel, à Drummondville. Elle est disponible du lundi au jeudi, de 9 h à 16 h. Elle peut être rejointe durant ces heures au numéro 1-855-609-9009.